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Terre Autochtone

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Le blog des aborigènes d'Europe, par Antonin Campana


Le Grand Rassemblement : une problématique pour Minorités ?

Publié par Antonin Campana sur 11 Mars 2018, 09:10am

Catégories : #Perspectives Autochtones

Le Grand Rassemblement : une problématique pour Minorités ?

Un argument que l’on oppose souvent à l’idée d’un « Grand Rassemblement » autochtone est que ce Grand Rassemblement ne serait pas faisable en raison de la situation majoritaire des Autochtones. Ceux-ci seraient encore trop nombreux pour avoir besoin de se rassembler. Leur condition démographique serait encore trop favorable pour qu’ils sortent de leur passivité et adoptent des mesures assurant leur survie en tant que peuple. Bref, le Grand Rassemblement devra être différé jusqu’au moment où les Autochtones deviendront une population minoritaire !

Le point de vue est aussi faux que dangereux.

D’une part, le fait pour un groupe d’être minoritaire ne le pousse pas automatiquement à se rassembler et à s’organiser. L’Histoire est pleine de minorités disparues en raison de leur passivité et de leur incapacité à réagir. Le caractère minoritaire n’a nullement bousculé leur indolence.

 Le peuple pied-noir en est un bon exemple. Jusqu’à la fin, dans une situation pourtant dramatique, le peuple pied-noir est resté amorphe. Qu’a-t-il fait pour prendre en charge son propre destin ?  Combien y-a-t-il de Pieds-noirs qui ont rejoint l’OAS, une organisation, notons-le, que d’autres qu’eux avaient créée ? Très peu. L’OAS n’a jamais compté plus de 1500 à 2000 membres actifs, dont seulement 2/3 de civils qui n’étaient pas tous des Pieds-noirs, loin s’en faut.

On pourra rétorquer que le contexte était trop violent pour que la minorité puisse s’organiser. Soit. Alors prenons l’exemple des Croates du Molise, une région italienne au-dessus de la Campanie. Une minorité croate s’y est installée à partir du XVe siècle. Il n’en reste quasiment plus rien aujourd’hui, si ce n’est  dans trois villages où quelques dizaines de personnes âgées parlent encore la langue. Celle-ci est enseignée en primaire, à titre expérimental, dans un seul de ces villages (San Felice). Il n’y a plus aucune production culturelle en langue croate, aucun journal en langue croate, aucune radio où l’on parle Croate. La minorité croate a été assimilée et a subi de plein fouet l’immigration italienne et l’émigration de ses membres vers d’autres pays. De fait, elle n’existe plus.

Les Hawaïens de souche ont subi eux-aussi des vagues successives d’immigration. En 1810 les Hawaïens de souche constituaient 100% de la population de l’archipel. En 1878 la proportion d’Hawaïens de souche était passée de 100% à 81%. Les Hawaïens de souche n’ont pas réagi. En 1890, la proportion d’Hawaïens de souche n’était plus que de 45 %. Les Hawaïens de souche n’ont pas réagi. En 1896, la proportion d’Hawaïens de souche était de 36%. Les Hawaïens de souche n’ont pas réagi. En 1900, elle était de 24%. Ils n’ont pas réagi. En 1910, elle était de 20%. Ils n’ont réagi. En 1930, elle était de 13%. Ils n’ont pas réagi. Aujourd’hui elle est de 5.91%, y compris de nombreux métis, et seulement 1.5% des Hawaïens de souche parlent encore leur langue ancestrale. Les Hawaïens de souche ne réagissent toujours pas. Qui veut parier sur un sursaut de la minorité hawaïenne de souche ?

L’Histoire est un cimetière de minorités mortes avant d’avoir eu l’idée de se mettre en résilience. On ne compte plus les langues n’ayant plus que 10 ou 20 locuteurs, tous âgés. Le caractère minoritaire du groupe n’implique donc pas qu’il va se rassembler et s’organiser pour résister. La notion de « minorité résiliente » est trompeuse car elle laisse à penser que la résilience est automatiquement le résultat du caractère minoritaire alors qu’elle est le produit d’une volonté que même une « majorité » peut manifester, avec des résultats sensiblement équivalents.

Nous avons parlé de la minorité Pied-noir. C’est qu’il y avait face à elle une majorité maghrébine (algérienne) qui a cessé d’être passive et qui, après la seconde guerre mondiale, a commencé à se rassembler et à s’organiser de la manière que nous préconisons : appel à l’unité des forces nationalistes (1954) ; Congrès de la  Soummam et mise en place d’un Etat parallèle : Gouvernement provisoire, Assemblées du peuple, ALN (1956) ; indépendance (1962). On objectera que les Maghrébins de souche étaient dénués de droits (ce qui est faux) et dans une situation de domination. Mais la république ne place-t-elle pas les Français de souche, dont même l’existence est niée, dans une situation similaire ? Quels sont leur droits collectifs en tant que peuple autochtone ? Ils n’en n’ont aucun !

D’une manière générale, la décolonisation est un processus d’auto-émancipation de peuples qui sont largement majoritaires sur leurs territoires : peuple vietnamien, peuples africains, peuples d’Afrique du Nord, etc. La révolution américaine et la guerre d’indépendance des Etats-Unis illustrent parfaitement ce processus : organisation de « Congrès » qui scellent l’unité des « Patriotes » (Premier Congrès continental en 1774) ; déclaration des droits ;  formation d’un exécutif ; formation de milices ; indépendance.

Une situation minoritaire ne pousse donc pas au Grand Rassemblement et une situation majoritaire ne l’empêche pas forcément. Ce qui compte en fait, ce n’est pas tant le caractère minoritaire ou majoritaire du groupe que l’existence d’une relation de domination associée à la conscience de cette domination. Ainsi, les autorités britanniques entretenaient depuis l’origine une relation de domination avec leurs colonies américaines. Mais les Américains n’en  prennent pleinement conscience qu’à partir de 1763, quand la métropole leur impose de nouvelles taxes sans les consulter. C’est ce qui a déclenché la révolution américaine. La République « française » entretenait avec la population algérienne une relation de domination. Mais cette dernière n’en prend pleinement conscience qu’après que la domination fut devenue illégitime en raison des défaites de 1940 et de la guerre d’Indochine. C’est ce qui a déclenché le soulèvement algérien. A contrario, les Croates d’Italie subissaient une relation de domination (culturelle et politique notamment) mais n’en n’avaient pas vraiment conscience. Ils se sont laissés passivement absorber. De la même manière, le peuple autochtone hawaïen a subi une relation progressive de domination (politique, culturelle, démographique, économique…) sans jamais en prendre la pleine mesure. Ce peuple n’existe plus  aujourd’hui qu’à travers de vagues manifestations folkloriques destinées aux touristes étrangers.

Le cas Pied-noir est plus instructif pour nous. Le peuple pied-noir était politiquement, administrativement et juridiquement dominé par les autorités républicaines. Cette domination, toutefois, lui paraissait naturelle, indissoluble et nécessaire. Il ne la percevait pas comme telle, autrement dit il n’en avait pas clairement conscience. Ce n’est que lorsque les autorités républicaines ont décidé, par les accords d’Evian, de mettre un terme au destin du peuple pied-noir que le peuple pied-noir a réellement compris le rapport de domination.  Mais il était trop tard.

De ce qui précède, nous pouvons dégager l’énoncé suivant : le Grand Rassemblement autochtone ne dépendra pas de rapports de force démographique défavorables mais de la conscience de subir un rapport destructeur de domination. La mission des Réfractaires est de faire prendre conscience à la population autochtone son état de sujétion. Attendre que les Autochtones soient minoritaires en nombre, alors qu’ils sont déjà minoritaire moralement et juridiquement, serait un suicide. Il faut travailler maintenant, avant qu’il ne soit trop tard, au Grand Rassemblement. N’hésitons pas à utiliser cette notion comme un mythe mobilisateur, avant de lui donner, à travers notamment la mise en place d’un Etat parallèle et la création de communautés autochtones, un caractère plus concret.

Nous avons cité quelques chiffres sur l’évolution de la proportion des Hawaïens de souche à Hawaï. Nous pourrions citer des chiffres très similaires sur l’évolution de la proportion des Autochtones européens dans la population de France : 99 % en 1960, 94% en 1975, 85% en 1999 (J.P. Gourévitch, La France africaine, Le Pré aux Clercs, 2000), 80% en 2005 (Tréguier, Ségati : Les nouveaux marketings, Dunod, 2004),  75% en 2016 (selon les études de marketing ethnique). Aymeric Chauprade estime que la proportion des Autochtones de France dans la population totale passera au-dessous du seuil de 50% vers 2040, soit dans une vingtaine d’années (Aymeric Chauprade, Chronique du choc des civilisations, Dargaud, 2009). Ajoutons, pour faire bonne mesure, que la population autochtone sera alors principalement composée de vieux.

Le peuple autochtone hawaïen est devenu minoritaire en l’espace de 80 ans (entre 1810 et 1890). Le peuple autochtone de France sera lui aussi minoritaire en l’espace de 80 ans (entre 1960 et 2040). Nous subissons le même choc migratoire. Doit-on attendre 2040 pour commencer à faire notre Grand Rassemblement ? Que ceux qui répondraient par l’affirmative interrogent les derniers Hawaïens pure souche et non métissés. Il en reste peut-être encore quelques uns. Pas pour longtemps.

 Antonin Campana

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R
1- Mon propos a sans doute manqué de nuance. J’ai indiqué à tort que le peuple DEVAIT être minoritaire pour que cette notion de « grand rassemblement » puisse prendre corps dans la population. Dans mon esprit, ce n’était pas une obligation mais un impératif pour le peuple puisse prendre vraiment conscience que sa terre peut devenir une terre étrangère pour lui-même et sa descendance. <br /> <br /> 2- En l’occurrence, cette possibilité de devenir minoritaire à échéance de deux ou trois générations commence à bien s’installer dans les esprits. Mais, pour un grand nombre, cela reste du domaine de l’hypothèse ; beaucoup refusent encore d’y croire. Hélas, pour que la mobilisation puisse être forte, il faut que le danger soit proche. <br /> <br /> 3- Les multiples exemples que vous donnez ne sont pas forcément transposables à la situation française. Des paramètres comme l’Histoire, l’environnement géopolitique, la situation économique peuvent influer. <br /> <br /> 4- Pour l’instant, ils sont de plus en plus nombreux à s’apercevoir que le « grand remplacement «  dénoncé par Renaud Camus devient une réalité dans leur vie quotidienne. Pour l’instant aussi, l’idée que leur ethnie devienne minoritaire est encore considérée comme irréaliste voire saugrenue. Mais cette idée fait son chemin. Un jour, elle s’imposera et alors le »grand rassemblement » sera vraiment d’actualité ; mais, c’est exact, sans doute trop tardivement.
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A
Je souhaite que vous vous trompiez (et je pense que vous vous trompez. A mon sens le réveil de notre peuple est inéluctable). Merci en tous cas de me faire part de votre point de vue !

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