Toutes les nations non-occidentales se pensent selon un axe d’identité qui leur est propre et qui fonde leur unicité !
Ainsi, les Constitutions de pays comme l’Algérie, la Tunisie ou le Maroc sont écrites en conformité avec la Charia. Ainsi, le Sénégal intègre dans sa Constitution l’idée de « personnalité africaine ». Ainsi Israël se veut « Etat juif »…
La France se pense également selon un axe d’identité… à ceci près que l’identité en question est universelle !
Ce qui est universel étant par définition…universel, l’identité universelle de la France doit être partagée par toutes les autres nations. Notons, cependant, que les autres nations enrichissent leur identité universelle de si nombreuses valeurs particulières que cette universalité n’apparaît plus franchement, à tel point d’ailleurs que l’axe d’identité ainsi produit rend quasiment impossible l’intégration de populations étrangères !
On dira que la France est une nation unidimentionnelle (seul l’universel est sensé la structurer), alors que les autres nations sont multidimentionnelles (elles contiennent de l’universel, mais se structurent autour du spécifique).
Ainsi, pour les républicains tout au moins, la France est aux nations ce que l’Homme est aux hommes : une essence métaphysique, une vue de l’esprit, une parcelle de néant identitaire, une pure abstraction qui exclut l’acte d’exister de manière singulière et concrète.
Etre purement universel donne certes des privilèges au régime français. La prétention de pouvoir convenir à tous les hommes « sans distinction d’origine, de race ou de religion » a justifié autrefois une politique de colonisation. Elle justifie aujourd’hui une politique d’immigration. La réduction de la francité à ce qui est commun à tous les hommes fait du régime une « machine à fabriquer des citoyens » (Mélenchon).
La République peut ainsi énoncer avec suffisance sa « supériorité ». Elle seule, parce qu’elle a enlevé au spécifique son caractère structurant, le renvoyant dans la sphère privée pour en faire du folklore avant d’en faire un souvenir puis un domaine de recherche pour thésard, peut intégrer tous les hommes « sans distinction », et les faire vivre tous ensemble de manière harmonieuse et mutuellement enrichissante !
Mais quid du peuple français autochtone ?
Et quid de la France ? L’axe d’identité de la France, ou plutôt l’axe de non-identité de la France, n’exprime pas la singularité de la France mais l’absence de France. Si la France relève de l’universel, alors la spécificité de la France est de ne pas exister spécifiquement. Donc de ne pas exister tout court !
Pourtant, autrefois, personne ne voyait la France comme une simple abstraction philosophique !
Et personne ne considérait son peuple comme un vulgaire agrégat multiethnique dysfonctionnel et remplaciste !
Notre nation a été sacrifiée sur l’autel des idéaux abstraits et notre peuple a été dispersé dans l’agrégat. Qui veut tuer une nation et un peuple leur impose le néant identitaire. L’espace culturellement vide peut alors être facilement colonisé, soit par des cultures étrangères, soit par une mythologie qui installe la société ouverte, soit par les deux.
Toutes les nations se pensent selon un axe d’identité qui exprime et pose leur différence identitaire. La nation singulière est donc la seule réalité universelle qui soit. Une nation cesse d’être une nation dès lors qu’elle abandonne sa singularité pour l’universel. Inexorablement, elle s’efface et disparaît.
C’est ce que nous sommes en train de découvrir.
Antonin Campana