Le philosophe grec Zénon comparait ceux qui parlent bien mais vivent mal à la monnaie d’Alexandrie qui était belle mais composée de faux métal. Quelques siècles plus tard, l’Evangile de Matthieu épinglera les scribes et les Pharisiens. Ces gens, pourtant guides intellectuels de la nation, sont des « hypocrites » qui jurent par l’or, dira Jésus, qui paraissent beaux à l’extérieur mais sont « pleins d’ossements de morts à l’intérieur ». Ce sont des « serpents » qui « disent mais ne font pas » qui « lient de lourdes charges et les mettent sur les épaules des hommes, mais eux-mêmes se refusent à les remuer du doigt » (Matt. 23).
« Faites ce que je dis, mais ne faites pas ce que je fais » est le précepte de tous les manipulateurs et de tous les escrocs qui usent de leur pouvoir pour mettre de lourdes charges sur les épaules des hommes. Pour ne pas les porter eux-mêmes. Parce que ceux qui les écoutent sont des esclaves. Parce qu’il est dans la nature du « Serpent » de dire pour faire faire et de subjuguer pour faire déchoir. Afin de dominer sous prétexte de libérer. Machiavel n’enseigne-t-il pas au Prince que pour dominer il faut simuler ce qu’on dit… et dissimuler ce qu’on fait ? Au nom du Bien, toujours.
Prenez le dire sur la « société ouverte » (open society). Il renvoie essentiellement à la volonté d’abattre les frontières nationales, culturelles, religieuses, sexuelles, raciales… L’objectif proclamé est de rendre la société suffisamment ouverte et tolérante afin que chaque homme, enfin libre d’être ce qu’il est, puisse naturellement s’y installer et s’y sentir bien, quels que soient son origine, ses valeurs, son identité, sa sexualité, son « genre », sa religion, sa nationalité….
Le concept de société ouverte est notamment défendu par l’ensemble des Pharisiens et des scribes de notre époque, ainsi que par l’oligarchie qui possèdent les chaines de télévisons, les journaux, les agences de publicité, les maisons d’édition, l’industrie des loisirs, les multinationales, les banques et la finance… Tous ces gens fréquentent, selon leur « poids », le groupe de Bilderberg, le Siècle, l’Open Society, la Trilatérale, le forum de Davos, les couloirs du FMI et de la Banque mondiale, la French American Foundation, la haute administration, le Grand Orient, ou les salons parisiens… Ils séjournent en des lieux qui leur sont réservés. Ils se retrouvent dans des réceptions, des dîners, des Conseils d’administration, des réunions, des sommets dont le prestige social est la carte d’entrée. Ils fréquentent des réseaux inconnus des simples mortels, dont la discrétion est la règle. Ils assument un entre-soi exclusif et méprisant. Ils se marient entre eux et forment une caste étanche dotée de nombreux relais qui assurent son pouvoir et la promotion de ses intérêts.
Autrement dit, ces gens qui prônent la « société ouverte » (pour les autres) construisent (pour eux-mêmes) des sociétés hyper fermées. Essayez donc d’intégrer l’Open Society, le Siècle, le CFR ou le groupe de Bilderberg ! Essayez donc de vous hisser aux degrés maçonniques qui comptent. Essayer donc simplement d’habiter les quartiers qui leur sont réservés, d’envoyer vos enfants dans les écoles où vont leurs enfants, ou même de les croiser là où vous partez en vacances. Vous connaissez sans doute Drahi, Attali, ou Jean-Claude Trichet par la télévision, mais il est peu probable que vous connaissiez quelqu’un qui connaît quelqu’un qui les connaît.
Ces gens évoluent dans un milieu clos. Ils disent ouverture mais pratiquent la fermeture. Au peuple le vivre-ensemble et la « mixité sociale », à la Caste l’entre-soi et l’homogénéité sociale. Car les militaires le savent bien : la force d’un corps dépend de son homogénéité et de sa cohésion. Un corps d’élite cultive toujours son « esprit de corps » et garde son excellence par l’exclusivisme. C’est ce qui le différencie des « armées ouvertes », armées-creuset qui telle l’armée américaine s’ouvrent à tous, y compris aux transgenres.
On voit bien l’intérêt pour une caste peu nombreuse mais très soudée, d’avoir face à elle non des peuples structurés, organisés, hiérarchisés, mais des masses informes, hétérogènes et non solidaires. Question de domination.
Alors, puisque les peuples ont écouté les serpents, puisque qu’ils ont écouté ceux qui disent mais ne font pas, puisqu’ils ont élus des Macron, ils auront sur leurs épaules des charges de plus en plus lourdes. Et d’une certaine manière ce sera justice !
Mais que la Caste ne se réjouisse pas trop vite. Nous atteignons un effet de seuil, ce moment où un élastique casse d’avoir été trop tiré, où un peuple fait corps à force d’avoir été trop dissocié. Alors à tous ceux qui disent l’ouverture pour les autres et pratiquent la fermeture pour eux-mêmes, à tous ceux qui disent mais ne font pas, à tous ces scribes et ces Pharisiens qui jurent par l’or, nous disons avec l’Evangile de Matthieu que bientôt reviendra sur eux tout le sang juste qu’ils ont répandu sur la terre. Et la-aussi ce sera justice !
Antonin Campana