Le clivage politique aujourd’hui ne se situe plus entre la gauche et la droite, entre le libéralisme et le socialisme, ni même entre ceux qui croient en la nation et ceux qui n’y croient plus. Le véritable clivage structurant est celui qui sépare les tenants de la « société ouverte » de ceux qui restent attachés à la société traditionnelle.
L’idéologie de la « société ouverte » postule qu’un « peuple » est un agrégat de citoyens sans distinction d’origine, de race, de religion… et que tous ces citoyens indifférenciés, mais néanmoins différents, peuvent « vivre ensemble » dans une société qui s’organiserait et fonctionnerait selon des valeurs et des principes universels, c’est-à-dire que l’on postule acceptables par tous les individus, quels que soient leur religion, leur identité, leurs coutumes, leurs mœurs, etc.
Cela relève bien sûr de la plus pure utopie : les attentats, et préalablement les sociétés fermées qui se sont installées au sein même de la société ouverte, constituent de ce point de vue un retour douloureux aux réalités identitaires.
Il faut comprendre que la République « française » a été la matrice de cette utopie et qu’elle a été toute entière construite autour d’un principe d’universalité, revendiqué par elle, pour réaliser un projet qui intègre tous les hommes par delà leurs différences. Se vouloir « républicain » aujourd’hui, signifie donc très concrètement que l’on se rallie au modèle de « société ouverte ». Il ne peut y avoir d’ambiguïté à ce sujet dans l’esprit d’un dirigeant politique en ce début de XXIe siècle et chacun doit en avoir conscience.
La société traditionnelle se situe à l’opposé de la « société ouverte ». Alors que la « société ouverte » est un produit idéologique et une contrainte du réel, la société traditionnelle est le produit naturel de l’histoire, des cultures, des enracinements…
Dans une société traditionnelle, le peuple est la rencontre entre une lignée, une culture et une religion. Le citoyen n’est pas un être abstrait et sans distinction mais un être d’appartenances concrètes, appartenances qui justifient la citoyenneté qu’on lui accorde. La société s’organise et fonctionne selon des valeurs et des principes enracinés dans une culture spécifique, une identité particulière, des normes distinctives. A moins de s’assimiler, c’est-à-dire de faire sienne cette lignée, cette identité, ces valeurs, ce qui équivaut à la conversion que l’on retrouve dans le monde juif, l’étranger reste un étranger. Autrement dit, la société traditionnelle interdit la constitution de troupeaux humains indifférenciés. Elle rend impossible l’immigration de masse et la mise en place de « sociétés ouvertes » métissées. C’est pourquoi les tenants de la « société ouverte », voyez les opérations menées par Soros, cherchent à détruire les principes identitaires qui interviennent dans le fonctionnement des sociétés.
La question qu’il faut donc se poser en regard d’un homme politique est celle-ci : considère-il que la société doit s’organiser selon des principes universels, que l’identitaire n’a rien à faire sur la place publique, que le « vivre ensemble » des hommes abstraits est plus important que l’appartenance des hommes concrets, ou estime-t-il que la société doit s’organiser selon la personnalité identitaire du peuple souche ? Dans le premier cas, il sera républicain et immigrationiste, l’un ne va pas sans l’autre. Dans le second cas, il sera partisan du droit des peuples à vivre selon leur identité.
Le clivage se situe donc entre ceux qui veulent une société ouverte et ceux qui veulent une société enracinée, entre ceux qui prétendent détenir des principes universels et ceux qui ont des valeurs identitaires, entre ceux pour qui la citoyenneté passe par l’indistinction et ceux pour qui la citoyenneté demande le spécifique, entre les tenants d’une société en capacité d’intégrer des masses immigrées et les défenseurs d’un modèle de société qui ne pourrait les accepter….
Au regard de l’Histoire, désormais, tout le reste ne compte plus.
Antonin Campana