Ce titre peut paraître saugrenu tant nous avons été conditionnés à croire que tous les citoyens « français » sont « libres et égaux en droits ». Pourtant, sans même parler d’infériorité morale, une simple observation des faits nous montre qu’un Autochtone de France est un citoyen de seconde zone, un être légalement subalterne dont l’existence même est juridiquement niée.
Ecartons ici, la possibilité donnée aux Allochtones de se faire représenter par des instances ou des conseils « représentatifs » reconnus, écoutés et jouissant d’un statut officiel ou quasi officiel (CRIF, CRAN, CRAAF , UOIF, CCMTF…). Rappelons que le CRAN fut créé en 2005 au sein même de l’Assemblée nationale, que le CRIF fait annuellement un dîner où se presse tout le personnel politique républicain et que la communauté juive peut élire des « députés » qui se réunissent au sein d’un Parlement Juif Européen installé au cœur des institutions bruxelloises. Les Autochtones européens de France n’ont rien d’équivalent, ce qui à l’évidence relève du déni de droit, ou tout au moins d’une inégalité flagrante.
Ecartons aussi ces droits collectifs octroyés, reconnus ou tolérés, dont bénéficient les citoyens français allochtones et qui sont source d’avantages énormes : droit de retour au bled, droits à la double nationalité, droit au soutien d’un Etat étranger (soutien financier, diplomatique, culturel…), droit de faire appel à une discrimination légale (discrimination dite « positive »), droit d’utiliser une histoire empoisonnée pour sidérer les Autochtones par la culpabilité (lois mémorielles)…
Contentons-nous ici de comparer (sommairement) les droits des Autochtones de France et ceux des Autochtones d’outre-mer, tous citoyens français donc théoriquement tous égaux en droits. En fait, l’arsenal législatif républicain opère une solide discrimination au détriment de l’Autochtone de France.
L’existence du Français de souche est niée (Tribunal Correctionnel de Paris mars 2015), au contraire de celle du néo-calédonien de souche dont l’existence est juridiquement reconnue (Accord de Nouméa, Loi organique 99-209).
Les Autochtones européens de France ne disposent pas du « droit à la libre détermination » au contraire des Autochtones d’outre-mer (Constitution, Conseil Constitutionnel Décision 91-290). Autrement dit, on dénie aux Autochtones de France le droit de se défaire de l’emprise toxique du régime politique républicain, mais on l’accorde à ceux de Polynésie ou de Nouvelle-Calédonie !
Les Autochtones de Nouvelle-Calédonie se sont vus octroyer le droit de figer le corps électoral néo-calédonien pour contrecarrer les effets politiques de l’immigration allochtone (loi constitutionnelle n°2007-237). Ce droit est bien sûr dénié aux Autochtones de France qui doivent accepter l’immigration de masse, les naturalisations de masse et leur mise en minorité dans une « communauté civique » qui décide de leur destin.
Il est donc faux d’affirmer qu’en République tous les citoyens sont égaux et disposent des mêmes droits. Puisque l’Autochtone européen de France ne peut choisir ses représentants autochtones, puisqu’il ne peut disposer d’une Assemblée délibérante autochtone, puisqu’il ne peut revendiquer un statut civil autochtone, puisqu’il ne peut jouir de droits collectifs autochtones, puisqu’il ne peut disposer d’une citoyenneté spécifique, puisqu’il ne peut exiger que son identité culturelle soit reconnue et protégée, puisqu’il ne peut même pas faire valoir son droit à l’existence, puisque tous ces droits élémentaires lui sont illégitimement déniés, bien que d’autres les possèdent, alors l’Autochtone européen de France est un citoyen de statut inférieur ! Alors la lutte pour sa libération, pour la reconnaissance de ses droits et pour l’égalité civique est nécessaire !
Cette lutte doit se faire au nom de l’égalité, de la fin des discriminations et de la dénonciation du racisme antijaphite. C’est une stratégie politique qui prend la République à revers sur son propre terrain et avec ses propres mots. Oui, nous sommes ici chez nous ! Oui, des étrangers se sont installés au milieu de notre peuple, lui causant un traumatisme durable, d’autant que la République a confisqué notre identité, a distribué notre nom et a nié notre existence et notre souveraineté sur nos terres ancestrales ! Et même si nous ne sommes pas des Kanaks ou des Polynésiens, nous ne sommes pas pour autant des hommes inférieurs à qui l’on pourrait accorder moins de droits. En conséquence de quoi, il est légitime d’exiger des autorités républicaines, au nom de l’égalité et de la lutte contres les discriminations, l’application de la Déclaration sur les Droits du peuple autochtone de France.
Il est insupportable que la République n’applique pas le principe d’égalité qu’elle proclame : au nom de leur dignité, les Autochtones de France doivent bénéficier des mêmes droits que les Autochtones d’outre-mer !
Antonin Campana