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Terre Autochtone

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Le blog des aborigènes d'Europe, par Antonin Campana


L’Histoire empoisonnée

Publié par Antonin Campana sur 22 Février 2016, 14:39pm

L’Histoire empoisonnée

[Les lois mémorielles relèvent de l’histoire empoisonnée. Empoisonnée par le racisme et plus précisément l’antijaphétisme, ou racisme antiblanc (voir notre Glossaire). L’Histoire doit être rendue à l’historien, nul ne peut exploiter la souffrance des uns pour avilir les autres].

Vous coupez une bouteille de Petrus 1975 avec de l’eau, puis vous ajoutez du sucre et même du sirop de framboise : aurez-vous encore du Petrus 1975 ? Aurez-vous encore simplement du « vin » ? C’est peu probable, tout au moins du point de vue du vigneron.

Vous coupez un fait historique avec de la morale, puis vous ajoutez du légal, du politique et du fric, le tout assaisonné d’une once d’antijaphétisme : aurez-vous encore un fait historique ? Aurez-vous encore de l’histoire ? C’est tout aussi peu probable, tout au moins du point de vue de l’historien.

L’histoire « chaptalisée » est à l’Histoire ce que la piquette trafiquée est au grand vin : une image dégradée. Ici s’arrête la comparaison, car s’il n’y a pas grand intérêt à mettre du sirop de framboise dans un Petrus, la chaptalisation du fait historique peut s’avérer profitable, ne serait-ce que pour faire monter son « degré d’alcool ».

Le fait d’histoire n’est ni moral ni immoral, ni légal ni illégal, ni juste ni injuste : c’est un matériau à la disposition de l’historien. Celui-ci va le situer et le traduire avec objectivité sans théoriquement le polluer de ses propres convictions et préjugés. Le fait d’histoire, la bataille de Verdun par exemple, nous est donné (théoriquement toujours)  sans additif susceptible d’égarer notre jugement.

Cependant, si le fait d’histoire nous est « livré » avec une interprétation morale, des connotations culpabilisantes, une dimension juridique, un schéma vaguement raciste… alors le fait d’histoire, en raison de ces multiples adjuvants, n’est plus véritablement un fait d’histoire. Il est devenu une narrative, c’est-à-dire une manière de raconter l’Histoire, qui vaut ce qu’elle vaut mais qu’on ne peut plus considérer comme « vraie ».  

Le plus souvent le fait d’histoire est coupé de morale. L’objectif est d’obtenir une narrative culpabilisante et manipulatoire. Exemple :

 - "Je suis contre la venue des migrants en Europe…

- Oui, comme d’autres ont refusé l’arrivée des Juifs persécutés par Hitler. On a vu les conséquences !"

Dans cet exemple, le fait d’histoire invoqué (réel ou supposé, tel n’est pas notre propos), n’est précisément pas un « fait d’histoire » mais une reconstruction idéologique d’un fait d’histoire. Cette utilisation malveillante d’un fait d’histoire n’est qu’une rhétorique odieuse visant explicitement à discréditer, voire à avilir. Une telle narrative pseudo historique, qui exploite la souffrance des uns pour avilir les autres, est profondément immorale, voire raciste si l’avilissement en question vise implicitement un peuple dans son ensemble, ce qui est le cas ici.  

Le recours au fait d’histoire pour avilir un peuple ou obtenir de lui, en le culpabilisant, des comportements ou des choix qui vont à l’encontre de ses intérêts vitaux est une forme élaborée de racisme. Or, l’histoire coupée de racisme est comme un vin coupé de cyanure : c’est un poison ! 

En instillant le dégoût de soi, l’histoire empoisonnée tue les peuples. La narrative sur la Traite négrière, par exemple, est au peuple européen, ce que la narrative sur le « peuple déicide » était au peuple juif : une histoire empoisonnée et culpabilisatrice, clé de voûte d’un enseignement du mépris qui produira l’antijudaïsme ici et l’antijaphétisme là (celui des Whiteness Studies par exemple).  

Les lois mémorielles véhiculent ainsi une histoire empoisonnée qu’il est indispensable de contester. Il faut remettre en cause la narrative antijaphite et non le fait d’histoire prétexte à cette narrative. Le fait d’histoire doit être rendu à l’historien et dissocié de la construction idéologique qui fait de l’Histoire le moyen d’un réquisitoire raciste. L’histoire empoisonnée doit être dénoncée moins pour ses falsifications éventuelles que pour le racisme qu’elle contient et qu’elle produit. Nous dégageons donc les principes suivant :

  • Toute utilisation de la souffrance d’un groupe humain pour avilir ou manipuler un autre groupe humain est un détournement raciste de l’Histoire.

  • Le détournement raciste de l’Histoire est par définition de l’histoire empoisonnée.

  • Les lois mémorielles sont une construction idéologique : une narrative culpabilisante coupée de juridisme et d’antijaphétisme. Elles relèvent donc de l’histoire empoisonnée.

 

Antonin Campana

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