Depuis février 2012, les Juifs disposent d’un Parlement solennellement inauguré au sein même du Parlement européen de Bruxelles (vidéo ci-dessous). Ce « Parlement Juif Européen » (European Jewish Parliament –EJP) est constitué de 120 membres élus, sensés représenter proportionnellement les communautés juives européennes des pays membres de l’Union européenne mais aussi d’Ukraine, d’Arménie, d’Azerbaïdjan, du Kazakhstan ou de Russie… (en tout 47 pays). Les Juifs de France ont ainsi élu sept membres, les Juif d’Allemagne six, et ceux du Kosovo un seul. Ce Parlement dispose d’une Constitution et de deux coprésidents. Son siège est à Bruxelles, rue de la Loi.
Les avantages consentis par L’Union européenne au peuple juif sont donc énormes. L’inauguration du Parlement juif au sein des institutions bruxelloises (le Parlement européen) vaut reconnaissance officielle (un peu comme celle du CRAN au sein du Sénat républicain). Dès lors (comme le CRAN), ce Parlement juif devient un interlocuteur fréquentable, voire recherché des élus européens. Marine Le Pen et Louis Aliot se sont ainsi rendus à une réunion du Parlement juif à Strasbourg (juillet 2015) pour y condamner l’antisémitisme et le boycott d’Israël. A cette libre utilisation des salles du Parlement européen strasbourgeois et bruxellois s’ajoute la jouissance de locaux dans une rue surnommée par les médias belges le « Parlement » ou le « Gouvernement » tant les sièges d’institutions officielles s’y succèdent : la Commission européenne (au 200 de la rue de la Loi), le Conseil de l’UE (au 175), le Conseil Européen (au 155)… Le Parlement juif est quant à lui au 223, un numéro qui correspond aussi à l’adresse de la FEFAC, un puissant lobby qui fait la promotion des OGM et du TAFTA. Autrement dit, l’Europe a installé le Parlement juif au centre de son propre pouvoir, ce qui vaut reconnaissance de légitimité. Et cette reconnaissance de légitimité implique à son tour une reconnaissance de la nationalité juive !
Les détracteurs du Parlement juif font valoir d’une part ce problème de « nationalité » implicite, d’autre part le soutien du Parlement Juif Européen à un Etat étranger (Israël en l’occurrence), enfin la personnalité des deux oligarques juifs ukrainiens qui sont à l’origine de ce Parlement : Igor Kolomoïsky et Vadim Rabinovivh. Kolomoïsky est un acteur important du coup d’Etat du Maïdan. Il est lié au groupe néo-nazi Pravy Sector et finance plusieurs bataillons spéciaux dont le Bataillon Azov composé de recrues néonazis. Rabinovich, quant à lui, est un « parrain » qui a fait plusieurs années de prison à l’époque soviétique. Ses activités criminelles l’ont enrichi et en ont fait un ami de Kolomoïsky, ce qui est naturel entre crapules.
L’existence d’un Parlement Juif Européen est souvent pointée du doigt par les réfractaires. Cependant, d’un point de vue autochtone, la remise en cause du Parlement Juif Européen paraît plutôt contre-productive. Mieux vaut s’en servir pour revendiquer nos propres droits : pourquoi les Autochtones d’Europe n’auraient-ils pas eux-aussi leur Parlement ? Pourquoi n’affirmeraient-ils pas eux-aussi leur nationalité (autochtone) ? Cette lutte pour l’égalité des droits est un processus vertueux qui nous émancipera des systèmes institutionnels et politiques qui nous aliènent et nous nient.
D’autre part, nous aurions avantage à prendre exemple sur ce Parlement juif. Les 120 délégués ont été élus par « des » Juifs grâce aux nouvelles technologies et à Internet. Une infime minorité de Juifs ont participé à cette « élection », la plupart ignorant son existence. Mais quelle importance ? L’essentiel n’est-il pas de lancer une dynamique ? Ne pourrions-nous pas imaginer un processus autochtone comparable, certes tout aussi imparfait, mais qui aurait l’avantage de donner aux Natifs un début de représentation légitime ?
2017 aspire toutes les énergies et toutes les pensées. Les Autochtones espèrent qu’un événement salvateur jaillira des institutions et des processus électoraux conçus pour les faire sortir de l’Histoire. La déception sera à la hauteur de leurs attentes. Malheureusement, il faut en passer par là pour envisager l’avenir sérieusement. Ce que nous vivons depuis 50 ans, les Juifs le connaissent depuis 3000 ans. Ils ont appris à survivre dans le mélange. Il n’y a aucune honte à les imiter. Ils se veulent « peuple modèle » : prenons-les au mot !
Antonin Campana