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Terre Autochtone

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Le blog des aborigènes d'Europe, par Antonin Campana


Coudenhove-Kalergi, l’UE et le génocide du peuple européen

Publié par Antonin Campana sur 3 Janvier 2016, 19:00pm

Catégories : #Les joies de la nation Frankenstein

Coudenhove-Kalergi, l’UE et le génocide du peuple européen

[Coudenhove-Kalergi, « Père fondateur de l’Europe » dont le buste trône à Strasbourg, proposait rien moins que l’abolition de la démocratie, la domination sans partage d’une oligarchie sublimée et le métissage généralisé du peuple européen. Petite plongée au cœur de l’idéologie européiste]

Dans les moteurs de recherche internet, la requête « Kalergi + génocide » donne accès à de nombreux articles plus ou moins objectifs, se copiant généralement les uns les autres et véhiculant souvent les mêmes citations tronquées, voire carrément erronées.

Il est généralement admis que Coudenhove-Kalergi est le véritable initiateur de l’Union européenne, un « père de l’Europe », voire peut être « le » père de « l’Europe » : a-t-il de ce fait réellement voulu la destruction des peuples européens par le métissage, comme le prétendent certains écrits ? Dans quelle mesure l’Union européenne sous domination oligarchique, antidémocratique et immigrationniste est-elle l’héritière des principes établis dès les années 1920 par Coudenhove-Kalergi ? Et puis, puisque c’est une interrogation qui revient souvent, quels étaient ses rapports avec le judaïsme ? Pour répondre à ces questions nous nous sommes penché sur ses publications et notamment (1) ses deux ouvrages fondateurs, dont le second est quasiment introuvable si ce n’est dans quelques rares bibliothèques : Paneuropa (2) et Praktischer Idealismus (3).

Richard Nikolaus Eijiro von Coudenhove-Kalergi (1894-1972) est un acteur majeur de la construction européenne. L’Union européenne lui doit l’hymne européen, la « journée de l’Europe », la CECA, le Conseil de l’Europe qui inspira le Parlement européen et même la monnaie unique qui fut proposée par Valéry Giscard d’Estaing sous les auspices du Xème Congrès du mouvement Paneuropéen fondé par Kalergi. Titulaire de plusieurs prix et décorations, proposé pour le prix Nobel, Kalergi a été en relation avec tous les hommes de pouvoir de son temps.

Kalergi reste un modèle pour tous les européistes. Jean-Claude Juncker le prend fréquemment en exemple dans ses discours. Le « Prix Européen Coudenhove-Kalergi » est une distinction très recherchée qui consacre les plus méritants dans la construction « paneuropéenne » imaginée par Kalergi. Citons parmi les heureux élus,  Raymond Barre (1978), Juan Carlos Ier (1986), Helmut Kohl (1991), Ronald Reagan (1992), Angela Merkel (2010), Herman Von Rompuy (2012), J.C. Juncker (2014). Les idées que nous allons découvrir ne semblent donc pas perturber outre mesure ces sommités, non plus d’ailleurs que les institutions européennes puisque l’Union européenne et le Conseil de l’Europe, « partenaires naturels » (sic) de l’European Society Coudenhove-Kalergi réalisent avec cette organisation un certain nombre de « projets communs ». La dette de l’Union européenne à l’égard de Coudenhove-Kalergi a justifié la pose d’un buste du personnage au sein même du Parlement européen, à l’occasion du 40e anniversaire du Conseil de l’Europe dont il a été l’initiateur (1989). Il est remarquable que tout cela se fasse dans la plus parfaite discrétion. Sur Internet, nous trouvons une photo de Von Rompuy recevant son prix (cf. voir plus haut), une autre, peut-être, de Merkel, mais c’est à peu près tout. Les Archives cantonales vaudoises disposent d’un lot de photographies de Raymond Barre recevant son prix en compagnie de Jean Monnet et de la féministe Louise Weiss, mais aucune publicité sur l’événement ne paraît avoir été faite. Il semblerait que pour de nombreux européistes, Coudenhove-Kalergi pourrait assez bien être résumé par la formule « y penser toujours, n’en parler jamais ! ». Mais qu’ont-ils donc à cacher ?

Il est donc fondamental de connaître les pensées d’un homme qui a eu tant d’influence sur les artisans de la construction européenne et qui reste encore une référence intellectuelle et morale incontournable. Ces pensées peuvent-elles expliquer en partie la nature antidémocratique, oligarchique et xénophile de l’Union européenne ? Nous vous proposons une petite plongée dans une conception du monde et de l’homme nourrie de préjugés et de jugements à l’emporte pièce, une « pensée » aussi simpliste qu’affligeante.


 

I. Une conception du monde simpliste

 

1. L’humain rustique et l’humain urbain

 

Pour Coudenhove-Kalergi, il existe deux types humains antagoniques : l’humain de la campagne et l’humain de la ville (PI 6 et s.) (4).

L’humain de la campagne (le « rustique ») est émotionnel, croyant, superstitieux, conservateur, païen, car il croit en la force et en la nature. « L’apogée » de l’humain rustique est le noble propriétaire terrien. Celui-ci incarne une noblesse de volonté, il est le produit d’une noblesse féodale de sang. Sa profession typique est celle d’officier.

L’humain urbain représente quant à lui la civilisation des temps modernes. Il est rationnel, sceptique, incroyant, progressiste, moralement chrétien. L’apogée de l’humain urbain est l’intellectuel et le lettré. Ceux-ci représentent une noblesse d’esprit, une noblesse cérébrale, dont la profession typique est journaliste.

L’humain rustique est, selon Kalergi, le produit de la « consanguinité » alors que l’humain urbain est celui du « métissage » entre divers éléments sociaux et nationaux.

La consanguinité et le métissage génèrent, selon Kalergi, des personnalités différentes :

Les traits qui résultent de la consanguinité sont la fidélité, la piété, le sens de la famille, l’esprit de caste, la constance, l’obstination, l’énergie, la « limitation » (intellectuelle), la puissance des préjugés, le manque d’objectivité, l’étroitesse d’horizon.

Les traits qui résultent du métissage sont  l’absence de caractère, l’absence d’inhibitions, la faiblesse de la volonté, l’inconstance, « l’impiété et l’infidélité avec l’objectivité » (sic),  la polyvalence, la vivacité intellectuelle, l’absence de préjugés et l’ouverture d’horizon.

Kalergi estime que le métis est capable d’appréhender les choses de tous les points de vue mais que sa capacité à agir s’en trouve inhibée. Au contraire, le consanguin, plus limité et « unilatéral », est en contrepartie capable d’agir dans une direction déterminée sans se poser de questions.  Si l’un est dénué de caractère, l’autre est dénué d’esprit.

 

2. Les« deux  races de qualité » et la « noblesse européenne du futur »

 

Les meilleurs éléments de la noblesse de sang, elle-même apogée de l’humain rustique,  constituent la « haute noblesse ». Celle-ci est élevée dans le « talent diplomatique », elle vit dans une « atmosphère politique » et a appris l’art de « l’administration des humains » et des peuples.  Les capacités de la haute noblesse découlent principalement des « forts mélanges de sang » dont n’ont pas profité les aristocrates de « valeur moindre ». En effet les « rares points culminants » de la haute noblesse moderne cumulent les avantages du « mélange » (l’esprit, la cérébralité) et de la consanguinité (le caractère).

Les meilleurs éléments de la noblesse cérébrale, elle-même apogée de l’humain urbain,  sont des Juifs. Ils dominent le capitalisme, le journalisme, la littérature, le socialisme… et sont prédestinés à devenir « l’un des éléments les plus importants de la noblesse du futur » (PI 40). Ces « élus » réunissent en eux, comme la haute noblesse, la force de la volonté avec l’acuité de l’esprit. C’est que « les Juifs sont le peuple au sang le plus mélangé », c’est aussi, depuis des siècles, « le peuple à la consanguinité la plus forte ». Une partie des Juifs allient malencontreusement les manques de la consanguinité (la « limitation » intellectuelle)  avec ceux du mélange de sang (l’absence de caractère) (PI 43).

C’est dans l’alliance des « deux races de qualité », la haute noblesse et le « judaïsme » (sic), la noblesse de sang féodale et la noblesse cérébrale juive, que réside le noyau de la noblesse européenne du futur. Celle-ci réconciliera en une « synthèse créatrice » le caractère et l’esprit, le junker et le lettré, l’humain rustique et l’humain urbain, le païen et le chrétien (PI 36-37/ 45).

 

3. Le peuple juif

 

Le peuple juif est un peuple « éthico-religieux » qui à travers le christianisme a judaïsé l’Europe (« Dans la mesure où l’Europe est chrétienne, elle est juive ; dans la mesure où l’Europe est morale, elle est juive » PI 21). Les leaders juifs transforment le monde en « paradis terrestre ». Ils préparent une nouvelle époque du monde en politique, en religion, en philosophie, en art (PI 21-22). Du « judaïsme » sort une « race de maîtres » (« race des seigneurs » Herrenrasse) (PI 41 et NDT). Cette « race des leaders spirituels européens » se distingue, comme la haute noblesse, de « l’européenne humanité de quantité, qui ne croit qu’au chiffre, qu’à la masse » (PI 36). Les Juifs forment un « peuple de dominants spirituels » (PI 44)  à qui la « supériorité » donne une avance dans le « leadership de l’humanité » (PI 40). L’alliance du meilleur sang juif avec le « sommet de l’européanité non juive » (« les rares points culminants de la haute noblesse moderne » - PI 38 ) produira selon les lois d’une « composition hasardeuse du sang » une « noblesse de hasard » (PI 46) : la « nouvelle race noble internationale et intersociale de demain » (PI 45), celle qui dirigera le monde pour le bien de l’humanité.

 

II. L’Europe de demain : les deux « races »

 

1. Une « race négroïdo-eurasienne » et une « nouvelle race noble »

 

Dans l’esprit de Kalergi les habitants Européens, Africains et Asiatiques d’une Paneurope intercontinentale (cf. infra) sont destinés à se mélanger. L’expulsion des identités hors du domaine public facilitera sans doute le processus (cf. infra) :

« L’humain du lointain sera un métis (…). La race du futur, négroïdo-eurasienne, d’apparence semblable à celle de l’Egypte ancienne, remplacera la multiplicité des peuples par une multiplicité des personnalités » (PI 17)

Rappelons ce qui caractérise le métis selon Kalergi :

  • Absence de caractère

  • Absence d’inhibition

  • Faiblesse de la volonté

  • Inconstance

Cette race négröido-eurasienne sera donc dominée facilement par une « nouvelle race noble internationale et intersociale » (PI 45) qui concentrera tous les pouvoirs (économique, financier, policiers, culturel… cf. infra). Les « humains accomplis » de cette race noble, les « élus », auront le  leadership de l’humanité. Voici quelques-unes de leurs qualités :

  • Inflexibilité de la volonté

  • Grandeur d’âme

  • Acuité d’esprit

  • Beauté du corps et de l’âme, distinction…

  • etc.

La fonction de cette race noble est de « poser des buts » aux humains de « moindre valeur » et de mener ces derniers vers ces buts (PI 36). Peu importe les choix et les volontés du « peuple » (n’oublions pas que celui-ci est « métis », donc sans caractère ni volonté) car c’en sera enfin fini de la démocratie, ce « pitoyable interlude » : « Dès qu’une nouvelle et véritable noblesse se sera constituée, la démocratie disparaîtra d’elle-même » affirme Kalergi (PI 28). 

 

2. Une évolution diversifiée

 

Kalergi croit au processus de « sélection artificielle » qui « purifie de tous les éléments faibles » (et a par exemple élevé le peuple juif au rang de « futur leader de la nation » PI 41).

C’est pourquoi, dans le monde Paneuropéen imaginé par Kalergi seule sera libre l’union des « élus » entre eux : « Seule sera libre l’alliance des hommes les plus nobles avec les femmes les plus nobles, et inversement » (PI 46).   Le « mariage » et « l’eugénisme » seront à la base d’une « noblesse de reproduction » (Sic ! la traductrice souligne que le terme « Zuchtadel » peut aussi se traduire par « noblesse d’élevage » !). Le « socialisme  (…) culminera dans la production (NDT : Züchtung : élevage) de la noblesse, dans la différentiation de l’humanité. C’est ici, dans l’eugénisme social, que réside sa plus haute mission historique (…) : mener d’une injuste inégalité, en passant par l’égalité, vers une inégalité juste… » ! (PI 46).

Toute autre est la condition du reste de l’humanité : « Les personnes de valeur moindre (sic !) devront se satisfaire de personnes de valeur moindre. Ainsi le mode d’existence des personnes de valeur moindre et médiocre sera l’amour libre, celle des élus : le mariage libre » (PI 46).

Le monde inégalitaire que voudrait promouvoir Kalergi repose sur une différentiation croissante entre une oligarchie apatride (la « noblesse internationale »), libre de se reproduire dans un cadre familial, et un peuple de médiocres à qui est accordé « l’amour libre ». Le terme « amour libre » n’est pas neutre. Il renvoie depuis la fin du XIXe siècle à un « mouvement social qui rejette le mariage » (Wikipedia), qui fait aussi la promotion de la pseudo « libération » de la femme (en fait son émancipation de la structure familiale et du pseudo « pouvoir masculin ») corrélée à une union libre entre « adultes consentants » !

Que l’on comprenne bien :

  • Pour les « élus » : le « mariage » entre un « homme » et une « femme », et « inversement », a pour but la reproduction de leur race selon les lois de l’eugénisme.

     

  • Pour « l’européenne humanité de quantité » de « valeur médiocre » : « l’amour libre » a pour but d’assouvir des instincts sexuels primaires avec des « personnes », le sexe importe peu ici (plus question d’homme et de femme) dans une relation qui peut donc être homosexuelle ou hétérosexuelle. L’amour libre exclut toute perspective de « reproduction ». La race des médiocres doit-elle s’éteindre « naturellement » ?

     

J’ouvre ici une courte parenthèse : comment ne pas avoir à l’esprit l’engagement de l’Union européenne et des oligarques apatrides, véritables « élus » du business et de la finance, contre la famille traditionnelle, en faveur du relativisme sexuel, du « mariage  pour tous » ou de l’avortement de masse ?

 

III. L’Europe de demain : la « démocratie » ?

 

A la lecture de Paneuropa, Karlergi pourrait passer pour un vrai démocrate de conviction.

Pour notre penseur, la Paneurope doit regrouper tous les Etats démocratiques européens, à l’exclusion donc de pays comme la Russie soviétique. Il a cette définition de l’Europe : « L’Europe, en tant que notion politique, comprend tous les Etats démocratiques du continent » (PN 38). Kalergi paraît donc très attaché à la démocratie, d’autant qu’il estime que les « partis démocratiques » ont le « devoir » de soutenir le mouvement paneuropéen : « la fédération paneuropéenne, en effet, constitue la seule protection sûre de la démocratie européenne contre le bolchévisme et la réaction » (PN 139). De plus, « L’idéal paneuropéen offre aux partis démocratiques un programme d’action et de réalisation, touchant la politique extérieure » (PN 141).

A la lecture de Paneuropa, il paraît donc acquis que Kalergi est un « démocrate ». Mais comment conçoit-il la « démocratie » ? Pour le savoir, il faut se reporter à Praktischer Idealismus, publié deux ans après Paneuropa (1923). 

Pour Kalergi, la démocratie (« l’âge démocratique »)  n’est qu’un « pitoyable interlude », un « temps intermédiaire » (PI 24) entre deux grandes époques aristocratiques : celle de l’aristocratie féodale d’hier et celle de « l’aristocratie sociale » de demain  (PI 24). Kalergi, qui confond « démocratie » (c’est –à-dire pouvoir du peuple – voyez notre Glossaire) et « suffrage universel » énonce que la démocratie repose sur le « présupposé optimiste » qu’une « noblesse spirituelle » pourrait être reconnue et élue par la « majorité populaire » (PI 25). Cela ne se peut, ce qui à ses yeux condamne le système démocratique.

La « démocratie » est donc destinée aux poubelles de l’Histoire. Ce n’est qu’une question de temps : « Dès qu’une nouvelle et véritable noblesse se sera constituée, la démocratie disparaîtra d’elle-même » (PI 28) et laissera la place à une « aristocratie spirituelle » se félicite Kalergi. Le « chaos de la politique moderne» prendra fin lorsque cette aristocratie se sera approprié les « instruments de pouvoir de la société » : la « poudre » (la force miliaire et policière), « l’or » (le pouvoir financier), « l’imprimerie » (le pouvoir culturel), pour le bien de la « communauté » bien entendu (PI 25). 

Pour Kalergi, la démocratie n’est qu’une « façade » de la « ploutocratie » (l’oligarchie). Il énonce qu’en démocratie, les hommes d’Etat sont des « marionnettes » et les capitalistes des « tireurs de ficelles » (PI 31). Ce sont les oligarques qui dictent les choix politiques et qui manipulent les électeurs à travers « l’achat de l’opinion ». Non dénués de caractères singuliers comme l’intelligence, la force d’agir, la pondération, la présence d’esprit, l’initiative, la témérité, voire la « générosité » (sic) (PI 32), il manque cependant aux ploutocrates une véritable dimension éthique et altruiste pour devenir une vraie aristocratie.

L’oligarchie (et non le « peuple ») est donc à la tête de la démocratie. L’oligarchie dirige en sous-main les « partis démocratiques » et possède aussi la grande industrie. C’est elle qui exploite le sous-sol, dit Kalergi, elle détient des monopoles et des industries suffisamment puissantes pour ne pas craindre la concurrence étrangère. Elle ne craint donc ni le libre échange, ni l’union douanière. Aussi Kalergi propose-t-il sans honte que  les partis faussement démocratiques et la grande industrie apatride se mettent au service de l’idée « paneuropéenne » (PN 145) et de son mouvement. Ils n’en tireront que des avantages, selon lui. Quant aux travailleurs et gens du commun qu’il méprise, cette « européenne humanité de quantité, qui ne croit qu’au chiffre, qu’à la masse », ces perdants du « combat éternel de la quantité contre la qualité, des groupes de valeur moindre contre des individus de valeur plus élevée » (PI 42), nul doute qu’ils profiteront eux-aussi du libre échange, mais en tant que « consommateur » seulement (PN 144). 

En résumé, pour Kalergi la « démocratie » n’est qu’une parenthèse « pitoyable » qu’il espère refermer au plus vite. Le peuple n’est qu’une « quantité » aujourd’hui dominée par une pseudo-aristocratie non dénuée cependant de qualités (la ploutocratie). Le peuple est une « masse » qui après la fin de l’époque pseudo-démocratique, sera sous le joug d’une véritable aristocratie qui cumulera caractère, esprit, beauté, maintien, éthique et… pouvoirs. Un Georges Soros qui dépense des milliards pour promouvoir une démocratie oligarchique, les Femens, l’idéologie du genre et la « société ouverte »,  est sans doute, avec d’autres humanitaristes de son calibre, l’archétype de cette aristocratie éthique et altruiste à qui est promise, selon Kalergi, la domination du monde.

Pour Kalergi, l’Europe « comprend tous les Etats démocratiques du continent » (PN 38), c’est-à-dire, selon le point de vue qu’il exprime, les Etats sous domination oligarchique. C’est pourquoi il exclut la Russie bolchévique qui s’est placée en dehors de l’Europe en « rompant, dit-il,  avec le système démocratique » (PN 42), traduisez « ploutocratique ». Lorsqu’il écrit que « La fédération paneuropéenne (…) constitue la seule protection sûre de la démocratie européenne contre le bolchévisme et la réaction » (PN 139) », il faut comprendre qu’il s’adresse aux « tireurs de ficelles » de cette démocratie et qu’il leur dit en substance que la future Europe unie protégera leur pouvoir totalitaire face à l’extrême gauche et à l’extrême droite. L’Union Européenne a-t-elle trahi cette promesse ? 

 

IV. La Paneurope, étape vers une société planétaire

 

La Paneurope ou « Etats-Unis  d’Europe » comprend tous les Etats sous domination oligarchique (les Etats dits « démocratiques »). La « démocratie » est une condition sine qua non pour rejoindre le  giron européen (PN 42).

Ces Etats « démocratiques » possèdent des colonies. Kalergi intègre ces dernières dans sa Paneurope (voir la carte ci-dessous). Ici encore, il apparaît très clairement que Kalergi ignore les peuples et ne considère que le système oligarchique qui les domine. Puisque l’oligarchie dominant l’Europe domine aussi les « possessions » africaines et asiatiques, tous ces territoires soumis aux mêmes maîtres forment de fait un ensemble indivisible par delà les peuples, ces « quantités » qui ne comptent pas.

Selon Kalergi, la Paneurope comprend donc environ 300 millions d’habitants Européens, auxquels il faut ajouter 53 millions de Libyens, Angolais Sénégalais, Congolais… et 78 millions de Malgaches, Indochinois, indonésiens… soit au total 431 millions d’habitants sur un territoire de 26 millions de km2 qui s’étend de la Laponie à l’Angola et jusqu’en Asie du Sud-est (voir carte).

Kalergi rêve d’une division du monde en cinq grands ensembles régionaux, cinq « groupements » : le « groupement paneuropéen », le « groupement Panaméricain », le « groupement russe », le « groupement britannique », le « groupement mongol » (l’Asie Orientale) (PN 85). L’union européenne n’est pas le but ultime pour Kalergi, elle n’est qu’une étape, l’objectif étant la constitution d’une société planétaire, une « communauté mondiale » : « l’unité européenne sera une étape nécessaire sur le chemin de l’unification du monde » (PN 82). Et plus loin, « L’Europe, d’abord, doit s’unir, l’humanité pourra s’unir ensuite ; ce processus ne se laisse pas intervertir » : question de méthode ! (PN 82). L’union européenne est pour « demain », les Etats-Unis du monde sont pour « après demain ». (PN 82). Le paneuropéanisme est donc un mondialisme ainsi que l’Union européenne qui en est l’héritière.

 

 

La Paneurope (en noir) et les cinq "groupements" selon Kalergi. Carte tirée de l'édition française de Paneuropa (1927)

La Paneurope (en noir) et les cinq "groupements" selon Kalergi. Carte tirée de l'édition française de Paneuropa (1927)

V. Le génocide du peuple européen par le métissage

 

Nous avons vu que la Paneurope était un ensemble humain fortement hétérogène, composé d’Européens, d’Africains, d’Asiatiques…  Nous avons vu aussi que toutes ces races étaient destinées à se mélanger puisque l’Europe sera bientôt peuplée par une race de métis « négroïde-eurasiens » (PI 17). De fait, si l’on suit Karlegi, la race blanche disparaîtra. Il y aura un génocide du peuple européen par le métissage. Karlegi a-t-il pour autant employé l’expression de  « génocide du peuple européen » ? Je n’ai pas trouvé ces mots dans l’édition française de Paneuropa, ni dans la traduction de Praktischer idealismus. Toutefois, l’article Wikipedia sur Coudenhove-Kalergi fait état du texte de la conférence du 17 mai 1939 en compagnie de Duff Cooper (5), texte que je n’ai malheureusement pas réussi à me procurer à ce jour. Une des notions abordées par Kalergi durant cette conférence est, selon Wikipedia, le « Génocide du peuple Européen par importation de population eurasienne-négroïde [sic] » (le « Sic » est de Wikipedia).

Karlegi aurait donc envisagé d’une part l’arrivée de millions de migrants extra-européens en Europe, d’autre part l’extinction de la race blanche. Il semble qu’il l’ait dit explicitement lors de cette conférence de 1939,  mais cette idée est déjà contenue dans celle d’une race future de type « négroïdo-eurasienne » : l’avènement de cette race signifie bien le génocide des peuples européens par métissage ; et ce métissage implique effectivement l’arrivée et l’installation d’une multitude de migrants non européens. L’Union européenne fait-elle aujourd’hui autre chose que mettre en œuvre ce projet d’holocauste, planifié depuis les années 1920 (au moins) ?

 

VI. La fin des cultures sociétales par la séparation de l’Etat et de l’identité culturelle

 

 Faire venir en Europe des millions d’immigrés qui n’ont ni le mode de vie, ni la religion, ni la culture des Européens peut à l’évidence engendrer des problèmes insolubles de cohabitation et compromettre le projet de créer une « race négroïdo-eurasienne » facilement manipulable par la nouvelle « race noble internationale ». Aussi, pour protéger les « minorités », Kalergi propose-t-il la « séparation de l’Etat et de la nation » sur le modèle de la séparation de l’Eglise et de l’Etat (PN 131 et s.).

Kalergi définit la « nationalité » comme un « domaine spirituel » qui relève de la « culture », de l’identité et de l’appartenance à un peuple particulier. Dans la future Paneurope, la nationalité (l’identité) sera une question personnelle comme l’est aujourd’hui la religion. Elle sera refoulée du domaine public : « La future distinction entre Nation et Etat aura, au point de vue de la culture, la même importance que la séparation de l’Eglise et de l’Etat ». Il n’y aura plus de « peuple d’Etat ». Un individu sera citoyen sans pour autant avoir une « dépendance culturelle » envers le peuple au milieu duquel il s’est établi (PN 132 – 133). Nous constatons aujourd’hui que ce processus est largement entamé à travers la « laïcité ». Nous avons expliqué dans ce blog (ici) qu’après la laïcité de substitution mise en chantier à partir des années 1880 (substitution de la religion républicaine à la religion chrétienne), la République a produit une laïcité de dilution qui entend dissoudre les cultures sociétales au profit d’une loi républicaine prétendument « neutre ». C’est exactement ce que proposait Kalergi au début des années 1920 ! Quelle avance sur son temps !

 

En conclusion :

 

Coudenhove-Kalergi est un penseur très modeste qui assène des arguments sans esquisser la moindre démonstration. En fait, il semble qu’à l’instar de Freud qui établit la psychanalyse sur la base de ses propres désordres sexuels, Kalergi ait bâti ses théories à partir d’une projection de lui-même. Comte, d’une vieille famille de diplomates, Il est membre en effet de cette haute noblesse de sang métissée (sa mère est japonaise). Il fait donc naturellement partie des « rares points culminants de la haute noblesse moderne » qui allie les avantages de la consanguinité et du mélange : le caractère et l’esprit. Fidèle à ses théories (la haute noblesse de sang doit s’unir avec la haute noblesse cérébrale juive pour engendrer une nouvelle race noble internationale), Kalergi va se marier avec Ida Roland, une actrice ( !) juive… qui ne lui donnera aucun enfant  (Kalergi, probablement stérile, n’aura jamais d’enfants. Comme quoi les théories…).

Malgré tout, il faut reconnaître que l’Union européenne a méthodiquement mis en œuvre les idées et le projet délirant imaginés par Kalergi :

  • Démocratie sous domination oligarchique, ouverte aux seuls Etats qui acceptent cette domination

  • Politique migratoire forcenée, couplée à de fortes incitations aux métissages

  • Mépris des peuples dont la volonté est bafouée

  • Ejection des cultures sociétales hors du domaine public

  • Promotion auprès des masses de la « liberté sexuelle », de l’homosexualité, de l’idéologie LGBT, du « mariage pour tous » : surtout ne pas procréer

  • Remise en cause de la famille traditionnelle : idem

  • Soutien sans faille à l’oligarchie humanitariste, morale et apatride, œuvrant à la destruction des valeurs et des peuples enracinés

  • Début d’unification du bloc européen avec le bloc américain (TAFTA…) afin de créer in fine une « communauté mondiale » sous une gouvernance mondiale oligarchique

 

Il nous faut reconnaître que les Kohl, Merkel, Juncker… qui ont reçu un prix portant le nom d’un homme qui voulait abolir la démocratie au profit d’une race de seigneurs apatrides, ont bien œuvré dans le sens voulu par celui-ci. Sont-ils idiots au point de ne pas connaître le projet diabolique de Coudenhove-Kalergi ou adhèrent-t-ils en toute  lucidité à ce projet ? Poser la question est déjà y répondre.

 

Antonin Campana

 

 


 

1. Voir aussi les Archives cantonales vaudoises qui possèdent de nombreux documents et le site internet de l’European Society Coudenhove-Kalergi

2. Nous nous sommes servis de l’édition française, traduction Philippe Simon : Coudenhove-Kalergi, Paneurope, Editions Paneuropéennes, Paris, Vienne, 1927. L’édition originale en Allemand est de 1923.

3. L’ouvrage imprimé est quasiment introuvable (édité en 1925). Il existe une traduction (indulgente) sur Archives.org par Adeline Gasnier ( Idéalisme pratique, 2014) : https://archive.org/stream/R.N.CoudenhoveKalergiIdealismePratique1925FR/CK_IP_fr_djvu.txt

4. « PI » pour Pratktischer Idealismus, « PE » Pour Paneuropa. Le chiffre qui suit indique le numéro de page (selon la traduction Gasnier pour « PI » et celle de Simon pour « PE »)

5. COOPER DUFF, COUDENHOVE-KALERGI R.N., L'Europe de demain. Conférences du 17 mai 1939 aux Ambassadeurs,‎ 1939

Timbre émis par les Postes autrichiennes à l'occasion du centenaire de la naissance de Coudenhove-Kalergi (1994)

Timbre émis par les Postes autrichiennes à l'occasion du centenaire de la naissance de Coudenhove-Kalergi (1994)

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B
Ce comte et ses écrits d'une autre époque devrait on lire.. (un déviant clairvoyant!?) il écrit vu de sa position sociale et rang en d'autres temps!<br /> La folie est constater ce jour la réalité rejoignant cette vision, seul le facteur humain ne peut être totalement anticipé, quoique.. !
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A
Ok. Tout cela est très juste. Le constat est alarmant pour ceux qui n'ont pas voulu être lucide jusqu'à maintenant..<br /> Mais que faire face à ce tsunami destructeur des sociétés humines par l'oligarchie?<br /> Un point à souligner: Coudenove-Kalergi, rêvant d'une race de seigneurs non seulement en Europe, mais aussi dans le monde,, est autrichien (berceau du nazisme) et japonais, les deux ennemis jurés du monde socialiste américano-bolchevique. S'agissant de la révolution planétaire que fut la II° Guerre Mondiale dans laquelle s'affrontèrent deux conceptions de gouvernement universel, que pense l'auteur de cet excellent article de la tournure qu'a pris le mondialisme après 1945 ?
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R
Bravo pour cet article qui a le mérite de parler de ces choses que l'on a jamais (pour ma part) entendu parlé au lycée ou dans les médias (mais ce n'est pas étonnant).<br /> <br /> Manière de mettre de l'eau dans son v(en)in, voici un interview de feu Otto de Habsbourg, ancien successeur de Kalergi, qui replace l'initiative pan-européenne dans le contexte de l'époque : https://www.youtube.com/watch?v=9IrBP_g4sjk<br /> <br /> Faire des amalgames et des procès d'intention à postériori est toujours dangereux ou tout du moins hasardeux... On peut parler du caractère transitoire de la démocratie (pilule pour endormir les moutons en leur faisant croire qu'ils ont le choix) sans être forcément un dictateur. La démocratie est loin derrière l'idéal de la monarchie théocratique. Les faits parlent d'eux-mêmes.<br /> Et il faut bien prendre conscience qu'il y a plusieurs courant sous-terrain derrière l'Europe qui tire la couverture vers l'ouest ou vers l'est. C'est complexe, et d'après moi c'est toujours injuste de juger un seul homme hors du contexte historique. En l'occurence à l'époque de Kalergi il y avait une volonté de se protéger des extrémismes, tant fascistes que communistes.
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B
J'ai apprécié votre commentaire et je vais dans le même sens que vous.
A
Surement un des meilleurs articles que j'ai pu lire sur ce dingue.
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M
Merci pour nous faire prendre connaissance des idées de cet homme qui avait vu juste car c'est ce qui se passe en Europe depuis déjà un petit moment, certain veulent faire disparaître la race blanche et soyons vigilants !!!
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