Le conditionnement des masses par la dialectique républicaine-raciste est si profond que les Européens semblent incapables de reconnaître les opinions ou les manifestations ouvertement racistes qui avilissent leur appartenance, leur culture ou leur religion. L’aliénation est telle qu’il est possible aujourd’hui de tenir des propos insultants sur les « Blancs », les catholiques ou l’identité culturelle européenne sans que cela génère la moindre révolte d’un peuple définitivement domestiqué par un système de représentation culpabilisant. Habitué à être le bouc émissaire de tous les maux du temps, à commencer par le racisme et le génocide de « l’Autre », l’Européen se laisse tranquillement égorger sur l’autel de la repentance, en pleine ignorance d’un système d’avilissement qui vise à le faire disparaître. Une déclaration raciste qui susciterait habituellement son indignation le laisse insensible si celle-ci vise son propre peuple. N’allons pas croire cependant que ce traitement à géométrie variable du fait raciste se fasse en pleine lucidité et par pur masochisme. Au contraire, il faut y voir souvent la marque d’un conditionnement pavlovien qui efface une partie de la réalité et en accentue d’autres aspects. L’enseignement du mépris, à l’école, par les médias, par la loi, a entamé la faculté d’analyse des Européens si bien qu’il est possible de lui faire subir toutes les vexations sans qu’il ait conscience d’être une victime du racisme. Cette amputation de la conscience de soi est la clé de sa prison morale. La mise en évidence d’un « déni de réciprocité » peut être un moyen de « révéler » le système d’avilissement qui l’opprime et de susciter la revendication d’un légitime droit au respect.
Qu’entendons-nous par « déni de réciprocité » ?
Celui-ci relève de ce que nous nommerons le « principe de réciprocité » :
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Règle 1 : si un propos (ou une action…) envers un groupe nommé A est considéré comme raciste, alors ce même propos envers un groupe nommé B sera lui-aussi considéré comme raciste.
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Règle 2 : si un propos envers un groupe nommé A, n’est pas considéré comme raciste, alors ce même propos envers un groupe nommé B, ne peut être considéré comme raciste.
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Règle 3 : si un propos envers A est reconnu comme raciste et que le même propos envers B ne l’est pas, alors il y a « déni de réciprocité », c’est-à-dire discrimination sur la base de la race, de la religion, de l’origine… Le déni de réciprocité est un révélateur de la pensée raciste.
Voici un exemple :
Après les attentats islamistes de janvier, Filipetti a pu dire sans être inquiétée : « Je suis Charlie à 100%. J’ai envie qu’on bouffe tous du curé » (cité par Marianne, 14 janvier 2015). Aurait-elle pu dire sans être immédiatement accusée d’islamophobie ou d’antisémitisme (principe de réciprocité, règle 2) : « Je suis Charlie à 100%. J’ai envie qu’on bouffe tous de l’imam » ou « Je suis Charlie à 100%. J’ai envie qu’on bouffe tous du rabbin » ? On sait bien que non. Il y a donc déni de réciprocité (règle 3). Ce déni de réciprocité révèle un système d’avilissement ciblé sur un groupe et une religion particulière. Si le propos de Filipetti est absurde, lâche et hypocrite, digne d’un ministre de la République, le déni de réciprocité qu’il implique (et dont la dame a bien conscience) lui donne son caractère discriminatoire, donc raciste. La véritable nature cathophobe et antijaphite du propos tenu par Filipetti apparaît clairement à travers une simple substitution de mots qui, en bonne logique, devraient être équivalents (« test de réciprocité»). Le mutisme de tout ce que la République compte comme procureurs, autorités morales, commissaires politiques, professionnels de l’antiracisme, censeurs de tous poils, montrent que l’enseignement du mépris antichrétien fait bien « système ». Il est tacitement admis par tous que l’Eglise, l’islam et le judaïsme ne sont pas équivalents en dignité : celle-ci, au contraire de ceux-là, peut être légitimement avilie. Nous sommes là au cœur de l’antijphétisme*, c’est-à-dire du racisme antiblanc (* : voir notre Glossaire).
Le déni de réciprocité est la norme en République. Le lecteur pourra en faire l’expérience à travers le « test de réciprocité ». Voici quelques autres exemples :
Je peux dire :
« France ô, la chaine métisse » (slogan de la chaîne France ô)
Mais je ne peux pas dire :
« France ô, la chaîne blanche »
Je peux dire :
« M6 Music Black » (une chaîne du groupe M6 –disparue en 2015)
Mais je ne peux pas dire :
« M6 Music White »
Je peux dire :
« Le départ de cent mille juifs infligerait un coup plus dur à la France que celui de cent mille chrétiens » (Manuel Valls, propos rapportés par l’écrivain israélien Avraham B. Yehoshua, le 22 janvier 2015 dans une tribune de Libération. Ce passage a été censuré le 30 janvier !).
Mais je ne peux pas dire :
« Le départ de cent mille chrétiens infligerait un coup plus dur à la France que celui de cent mille juifs »
Je peux dire :
"Je ne peux pas survivre quand il y a que des blonds aux yeux bleus… c’est au-delà de mes forces". (Jean-Luc Mélenchon, interrogé par Hit-Radio, 2013)
Mais je ne peux pas dire :
"Je ne peux pas survivre quand il y a que des crépus aux yeux noirs… c’est au-delà de mes forces"
Je peux dire :
« Combien de blondes faut-il pour changer une ampoule ? Aucune, de toute façon, le temps qu'elles comprennent, il fera déjà jour ».
Mais je ne peux pas dire :
« Combien de crépues faut-il pour changer une ampoule ? Aucune, de toute façon, le temps qu'elles comprennent, il fera déjà jour »
Je peux dire :
« Nous sommes là pour dire et réclamer : laissez entrer les peuples noirs sur la grande scène de l’Histoire » (Nicolas Sarkozy, citant Aimé Césaire, hommage à Aimé Césaire, avril 2011)
Mais je ne peux pas dire :
« Nous sommes là pour dire et réclamer : laissez entrer les peuples blancs sur la grande scène de l’Histoire »
Je peux dire :
"La France doit relever le défi du métissage" (Sarkozy 2008)
Mais je ne peux pas dire :
« La France doit relever le défi de la blanchitude »
Je peux dire :
"On ne pourra jamais construire un pays de liberté avec la religion catholique" (Vincent Peillon, Vidéo dans notre blog)
Mais je ne peux pas dire :
"On ne pourra jamais construire un pays de liberté avec la religion juive"
Je peux dire :
«Petit Gaulois de souche, arrête ton arrogance, arrête d'ouvrir ta bouche (…) culs blancs (…) Nique la France (etc)» (Chanson « Nique la France » du rappeur Saïdou, relaxé par la « Justice » en mars 2015)
Mais je ne peux pas dire :
«Petit allochtone de souche, arrête ton arrogance, arrête d’ouvrir la bouche (…) culs noirs (…) Nique l’Afrique »
Je peux dire :
« Sans doute le terrorisme jambon-beurre-Beaujolais est-il moins répréhensible à vos yeux que l’islamisme radical : pour moi, c’est le même ! » (Gaël Perdriau, maire de Saint Etienne, 07 décembre 2015)
Mais je ne peux pas dire :
« Sans doute le terrorisme merguez-hallal-couscous est-il moins répréhensible à vos yeux que l’islamisme radical : pour moi, c’est le même ! »
Certains de ces propos expriment la bêtise et la haine ordinaire (les blagues sur les « blondes », la chanson Nique la France, les déclarations stupides d’un Mélenchon, d’un Valls ou d’une Filipetti). Cependant, à l’évidence, certains autres expriment une opinion légitime (je pense par exemple à la citation d’Aimé Césaire reprise par Sarkozy). C’est le « déni de réciprocité » imposé par les professionnels de l’antiracisme qui les fait participer du système d’avilissement et leur donne ainsi une connotation raciste. Le déni de réciprocité établit que le Blanc européen (mais aussi sa religion, sa culture ou son identité) n’est pas l’équivalent du Noir, du Juif, de l’Arabe… Il est en dessous. C’est pourquoi, seul entre tous, il peut être avilit. Au-delà des insultes et de la haine primaire, le déni de réciprocité autorise le Noir à parler « négritude » mais interdit au Blanc (qui n’existe pas) de parler « blanchitude ». Le déni de réciprocité accepte la notion de « peuple Juif », ou de « peuple noir », mais ignore ostensiblement celle de « peuple blanc »… Le déni de réciprocité relègue une partie de l’humanité dans le néant. Il ne faut pas sous-estimer son caractère contraignant, à la fois moral et juridique, ni son impact sur des représentations sociales largement façonnées par le mépris. Le déni de réciprocité est une des clés du système d’avilissement. En prendre conscience, revient déjà à entamer son propre processus d’émancipation.
Antonin Campana