Martin Blachier: « Aujourd’hui il y a une guerre et cette guerre est contre les antivax et je le dis clairement, ce sont des gens qui n’ont aucun scrupule ! Ces gens sont aussi dangereux que d’autres groupuscules ! » (LCI, 14 juillet 2021).
Ce discours est-il un discours digne d’un médecin, d’un “homme de science“ ? On croirait entendre un militant politique, ou plutôt un Josué prêt à envoyer ses troupes sur Jéricho afin d’y massacrer une humanité perverse, femmes, enfants et vieillards compris. La guerre dont parle Martin serait-elle une guerre de religion ? Une guerre sainte contre des « antivax » par nature malfaisants et dangereux pour la vraie foi vaccinale ?
En fait, tout montre, dans cette affaire vaccinale, qu’il n’est question que de foi.
Une foi en un Vaccin, sorte de Dieu jaloux qui, par l’action brutale de ses sectateurs, a renvoyé au rang des mythologies les « faux dieux » que sont l’Hydroxychloroquine ou l’Ivermectine.
Une foi en un Dieu unique qui a forcé à l’oubli des divinités archaïques : vitamine D, zinc ou plein air.
Une foi en l’injection, sacrement et baptême par lequel le fidèle affirme publiquement son espérance en la toute puissance du nouveau Dieu.
Il s’agit bien de foi, et cette toute puissance fait partie du Credo. Mais que sait-on objectivement de cette puissance ? Sait-on seulement si le Dieu censé la manifester auprès des croyants de la Nouvelle Eglise sera pour ceux-ci un Dieu bénéfique ou bien… un Dieu nuisible ? Mauvaise question pour le nouveau clergé : « croyez en Lui et vous serez sauvés » est un autre article du Crédo.
Certains disent pourtant que ce Dieu est Satan en personne et qu’il faut à tout prix refuser son baptême maléfique ! Il est vrai que ceux-là sont des grands prêtres d’avant, des sommités des anciennes religions, autrefois couverts d’honneur, aujourd’hui bafoués par de petits bedeaux servant la nouvelle messe sur les écrans de télévision.
Et puis il y a maintenant la croisade, la guerre sainte, celle qui diabolise l’incroyant, l’avilit, le stigmatise, le condamne, le renvoie à son caractère pervers et « sans aucun scrupule ». Il faut lui interdire les lieux que fréquentent les fidèles, dit Macron (il pourrait les « contaminer »). L’idéal serait sans doute de le confiner et de l’isoler dans quelque ghetto, pense tout bas le Très Saint-Président de la République. Car il est « dangereux » surenchérit le vertueux Martin. Il ne faut pas le soigner s’il est malade affirme l’immaculé Jean-Christophe Lagarde.
S’appuyant sur une logique biblique de la pureté et de l’impureté corporelle, les gens du Moyen-âge excluaient de la société les « cagots », qui selon eux étaient susceptibles de véhiculer la lèpre. Pour le philosophe Christian Delacampagne, cette exclusion fut une des « incarnations majeures du racisme médiéval ». Or, Emmanuel Macron a réactivé ce « racisme médiéval » en substituant les non-vaccinés aux cagots. Nous noterons qu’il utilise les mêmes arguties religieuses de la pureté et de l’impureté biologique. Il semblait pourtant qu’elles avaient été définitivement invalidées par la médecine de la fin du XVIe siècle ! Qui a dit que l’histoire ne se répétait pas ?
Dieu unique, foi en son infinie puissance, baptême par injection (et non plus immersion), anathème jeté à l’infidèle, exclusion des hérétiques, croisade contre les impies, promesse de paradis (sanitaire) pour les fidèles, enfer (social) pour les infidèles, évangélisation (médiatique), discriminations fondées sur la religion (professions interdites aux infidèles : soignants, restaurateurs, etc.) : nous sommes bien face à une nouvelle religion hégémonique (et totalitaire), révélée par des prophètes médiatisés de la Science.
Pour les inquisiteurs covidistes, faire usage de sa raison et de bon sens, douter en un mot, revient à manifester une sorte de possession démoniaque. Comme la sorcière du Moyen-âge, les inquisiteurs modernes considèrent que par le simple fait d’exister, le non-vacciné inflige des maux au vacciné. Il faut donc faire disparaître les non-vaccinés de l’espace public. Il faut les éradiquer, soit par la conversion (en les « évangélisant » de manière à en faire des vaccinés), soit par l’exclusion (interdictions de certains lieux, de certaines professions, isolement, etc.).
Ne croyez pas que cette comparaison médiévale soit déplacée. Un Martin Blachier est la version moderne d’un Torquemada. Fondamentalement sa certitude d’être dans le Bien et sa volonté d’éradiquer le Mal sont les mêmes que celles de l’inquisiteur. La Bulle gouvernementale contre l’hérésie antivax le fortifie encore dans sa foi.
Attention aux bûchers !
Antonin Campana