On le voit tous les jours, l’Etat, je veux dire ses corps constitués, ses autorités, son administration, ses écoles, sa justice, sa police…, s’est mué en une sorte de mécanique apatride au service des intérêts supranationaux. Autrement dit, l’Etat met son pouvoir et sa force non plus au service du peuple et de la nation mais au service d’une oligarchie dont l’objectif déclarée est d’abolir les cadres nationaux.
Ainsi, la technostructure étatique se soumet avec application aux directives mondialistes venues de Bruxelles, d’outre-Atlantique ou des lobbies. L’Etat traditionnellement garant de la culture sociétale, c’est-à-dire de la capacité du peuple à disposer de lui-même selon son identité spécifique, est désormais un agent qui impose l’insécurité culturelle par l’immigration, le refoulement des cultures sociétales hors du domaine public et l’interchangeabilité d’individus réduits à l’état de clones. L’affaire du « mariage pour tous » illustre parfaitement ce processus qui, par une loi sociétale à vocation planétaire, impose un principe d’indistinction sapant les structures identitaires profondes, telle la famille, à la base de l’organisation de la société. L’Etat collabore avec un système qui ne cache pas sa volonté de niveler les différences, de gommer les identités, de détruire les corps intermédiaires, bref de déconstruire la nation. Comment nier que c’est lui qui met en œuvre mécaniquement, par ses fonctionnaires passifs, ses juges actifs et ses flics soumis, l’ouverture des frontières, la colonisation de peuplement, le transfert des pouvoirs à Bruxelles, la prééminence des minorités, l’avilissement des autochtones, l’accaparement des richesses par les 0,1% ? Sans cette collaboration de tous les rouages de l’Etat, de telles entreprises seraient impossibles.
L’Etat « français » administre une population anciennement homogène qu’il a rendue hétérogène par lâcheté et soumission à un pouvoir apatride. Et dans cet agrégat d’individus, il refuse de distinguer le peuple français qui endure l’effacement de sa mémoire, de sa lignée et de son héritage. Pour l’Etat supranational, le peuple des Français de souche européenne ne se distingue en rien des populations étrangères qu’il a installées au milieu de celui-ci. Les administrations d’Etat ne reconnaissent pas les Autochtones, et encore moins leur droit à la prééminence sur leurs terres ancestrales. Aucune loi organique ne concède aux Autochtones de France des droits équivalents à ceux de Nouvelle-Calédonie par exemple. Non seulement cette injustice, cette indignité et cette discrimination flagrante ne gêne par l’Administration, mais celle-ci se trouve au centre du système qui accable, discrédite moralement et neutralise par la culpabilité les Français de souche qui pourraient légitimement engager une lutte pour l’égalité des droits (antijaphétisme d’Etat).
Or la première fonction de l’Etat (et du Politique) est de protéger le peuple et la nation. Si la nation est l’incarnation politique du peuple, l’Etat est l’incarnation du pouvoir de la nation : sans peuple pas de nation, sans nation pas d’Etat. L’Etat français découle de la conscience politique que le peuple français prend de lui-même durant la guerre de 100 ans. L’Etat peut alors se dire « français » parce qu’il exprime et se porte garant de la francité. Il n’est pas au-dessus de la francité, il est au service de la francité. Le contraire aurait été trahison.
L’Etat « français », qui par son fonctionnement nie aujourd’hui le peuple français autochtone, porte atteinte à son identité et met en danger son existence, a versé dans l’illégitimité. Garant ni d’une nation (à moins de considérer comme « nation » un agrégat d’individus), ni d’un peuple (idem), mais d’un modèle de société fondé sur la destruction des peuples et des nations, il ne peut plus être considéré comme un Etat « national».
Cet Etat est défaillant, non, comme on l’entend souvent, en raison de son laxisme pénal ou de son incapacité à régler les problèmes de sécurité ou de frontières, mais parce qu’il s’est dissocié de la nation, l’a mise volontairement en grande insécurité culturelle, ethnique ou démographique et pour tout dire en danger de mort. L’Etat ne joue plus son rôle : il ne protège plus le peuple. Pire, il s’est retourné contre lui.
L’Etat a fait sécession du peuple. Il faut en tirer les conclusions qui s’imposent. Dans le contexte actuel, il est illusoire d’espérer changer l’Etat par une sorte d’entrisme. Ce n’est tout simplement pas à la portée du peuple autochtone, je veux parler de sa fraction « consciente », ultra minoritaire. Par contre, il est tout à fait possible, dès aujourd’hui, de commencer à construire une sorte d’Etat parallèle, un embryon d’Etat qui pourrait par exemple prendre la forme d’un Conseil représentatif des associations autochtones. Ce Conseil pourrait ensuite susciter diverses institutions culturelles, sociales, scolaires… qui donneraient du contenu à cet Etat naissant. Comparaison n’est certes pas raison, mais n’oublions pas que l’Etat algérien est né dans et par le FLN, avant de remplacer, une fois celui-ci vainqueur, l’Etat colonial. Après tout, ne sommes-nous pas colonisés par cette République apatride et cet Etat renié ?
Restaurer l’Etat, ce n’est pas rendre l’Etat illégitime plus fort. Ce n’est pas lui donner plus de pouvoirs, plus de policiers ou plus de juges. Restaurer l’Etat, c’est remettre sur pied un Etat autochtone, dédié au peuple français de toujours, un Etat en capacité, le jour venu, lorsque le processus anticolonial de libération sera arrivé à son terme, de se substituer à l’Etat supranational.
Nous sommes une nation sans Etat face à un Etat sans nation. Dans l’Histoire, aucune technostructure oppressive n’a été plus forte que les peuples avides de libertés. Le chemin est tracé !
Antonin Campana