[La Culture est la personnalité des peuples. Lorsqu’un peuple ne peut plus marquer le monde du sceau de sa culture, alors la culture se folklorise, puis disparaît. Le génocide culturel a ceci de particulier qu’il précède toujours le génocide biologique : un peuple sans identité est un peuple mort. Au nom du « vivre ensemble », les peuples européens subissent aujourd’hui un génocide culturel]
NB : les mots avec astérisque renvoient à notre Glossaire
En 1936, Claude Lévi-Strauss a montré que l’organisation de l’habitat des Indiens Bororos du Brésil reflétait des valeurs sociales et une identité ancestrale. Le lien entre la culture* Bororo et le plan des villages étaient si fort qu’il a suffi aux missionnaires salésiens de le couper pour domestiquer ce peuple*, jusque là réfractaire à la pénétration occidentale. En imposant une répartition plus « rationnelle » de l’espace, les salésiens ont en effet rendu obsolète la culture et les valeurs bororos, incapables désormais de s’y projeter. Rapidement, les Bororos ont perdu leurs structures politiques traditionnelles, leurs pratiques ancestrales, leur territoire, leur langue. Aujourd’hui le peuple Bororo a quasiment disparu.
C’est une loi humaine universelle : la culture est sociétale ou n’est pas. Quand la culture d’un peuple ne norme plus son espace social, alors celle-ci se dessèche et disparaît, puis le peuple s’éteint à son tour. L’identité n’est jamais une affaire « privée » : c’est une réalité sociale dont dépend la survie du peuple. C’est ce qu’avait compris un Coudenhove-Kalergi, « père de l’Europe » et maître à penser des Merkel, Juncker et consort, qui pour détruire le peuple européen par le métissage proposait la séparation de l’Etat et de la culture, sur le modèle de la séparation de l’Eglise et de l’Etat (voyez notre article sur ce personnage). Avec cette nouvelle « laïcité* », l’espace social devient (en théorie) un espace identitairement neutre qui permet un « vivre ensemble» harmonieux, propre à permettre de fructueux mélanges.
Le plus effarant dans tout cela, c’est que ce « plan » diabolique a été suivi à la lettre. Des dizaines de millions d’Africains et d’Asiatiques sont venus s’installer au milieu du peuple européen et le métissage nous est aujourd’hui présenté comme un horizon indépassable. Partout en Europe, la « laïcité » est devenue ce que Kalergi voulait qu’elle devienne : une manière « salésienne » de gommer l’empreinte sociétale des identités, une méthode pour évacuer les cultures de l’espace social. Quelques exemples parleront davantage qu’un long discours :
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Le Mariage. Jusqu’à ses dernières années et malgré sa sécularisation, le mariage était normé par l’identité européenne et nos traditions ancestrales (union d’un homme et d’une femme pour fonder une famille). La loi sur le « mariage pour tous » enlève à notre identité et à notre culture leur capacité à définir la norme en matière matrimoniale : notre culture sociétale* est expulsée d’un pan fondamental des relations sociales, perdant ainsi une part importante de sa capacité à régler le fonctionnement de la société*.
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Le monde du travail. La substitution du « repos hebdomadaire » au « repos dominical » comme l’indistinction homme/femme (l’un et l’autre étant de plus en plus réduits à leur seule fonction dans la production) expriment un recul de la culture sociétale européenne dans un monde du travail de plus en plus régi par des normes techniques et légales et de moins en moins par des normes identitaires.
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La dévolution du nom de famille. Jusqu’en 2003 le nom de famille était attribué selon une coutume ancestrale. En France chaque enfant recevait ainsi automatiquement le nom de son père. La dimension culturelle de l’anthroponymie a été évacuée par la loi du 18 juin 2003 qui autorise à prendre le nom de la mère ou du père, les deux noms accolés, voire un autre nom (2,2% des enfants concernés). Le même processus s’observe avec les prénoms, traditionnellement indissociables de leur relation à l’identité (le calendrier des Saints…). Depuis 1993 la loi autorise les prénoms les plus absurdes, que publicité et médias ne se privent pas de populariser.
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Les jours de fêtes. En Belgique on ne dit plus « congés de Toussaint » mais « congés d’automne », « vacances de Noël » mais « vacances d’hiver ». Jacques Attali (2013) propose de substituer « fête des enfants » à « Noël » et « fêtes de la liberté » à « Pâques »… L’identité ne doit plus nommer le temps festif, la fête doit être vidée de son contenu culturel pour être réduite à un moment de consommation et de loisir…
Répétons-le : une culture est sociétale ou n’est pas. Et chaque fois qu’une culture perd son caractère sociétal, il y a un peuple qui meurt. Enlever à une culture son caractère sociétal revient à dénier au peuple le droit de marquer le monde de son empreinte. C’est enlever au peuple sa liberté, c’est le rendre impuissant, c’est aussi distendre le lien entre ses membres : c’est le tuer à petit feu !
Notre identité autochtone* fait de moins en moins sens dans l’espace public, notre culture explique de moins en moins les rapports sociaux. Nous sommes victimes d’une violence extérieure qui met notre peuple en danger de disparition. Les missionnaires de la République*, et plus globalement du Système*, agissent à notre égard comme les salésiens agissaient avec les Bororos. Comme les salésiens, les républicains veulent couper le lien entre la culture autochtone et l’espace social : cela est nécessaire à la société mondiale fantasmée par les admirateurs de Kalergi.
L’extinction par atomisation sociale, métissage et dilution dans l’universel est l’avenir des peuples culturellement castrés. Notre peuple n’est pas différent du peuple Bororo. Ce qui est arrivé aux Bororos, nous arrive aujourd’hui. Nous vivons un génocide culturel. Comprenons bien que c’est le premier acte du génocide biologique.
Antonin Campana