Nous avons tous entendu parler des « décodeurs » du quotidien Le Monde. En résumé, ce sont des journalistes, vénérables fruits de l’Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal, qui du Jardin qu’est Le Monde ont la noble ambition de nous faire profiter de leur savoir insondable. Grâce à ces pommes, pour peu que nous les croquions, nos yeux se dessilleront et nous saurons enfin discerner le vrai du faux et le bien du mal. Amen. Plus prosaïquement, l’objectif de ces sots imbus d’eux-mêmes est de rétablir insidieusement une censure qui fasse taire les sites politiquement incorrects de la « fachosphère ». Depuis le début février, l’Arbre de la connaissance du Bien et du mal a un nouveau fruit : Décodex, un moteur de recherche, financé par Google, qui juge souverainement les sites internet et les envoie qui en enfer, qui au purgatoire et qui au paradis.
Ce que l’on sait moins, c’est que l’idée d’un blog dédié au « fact checking » vient dès 2009 d’un certain Nabil Wakim. C’est lui, véritablement, qui est le créateur et le maître à penser du projet « Décodeurs ». Mais qui est Nabil Wakim ?
Nabil naît à Beyrouth en 1981. Quatre ans plus tard, sa famille s’installe à Lyon. En 2003, il obtient une maîtrise d’histoire de l’université Lyon II et en 2005 un master de journalisme. Il entre au Monde en 2008 (chef du service politique en 2011, Rédacteur en chef en 2013 !). Il est aussi, depuis 2010, enseignant à l’Ecole de journalisme de Science po Paris. Nabil Wakim s’est marié le 17 mai 2014 à Collonges, avec Audrey Cerdan, une photographe de Rue89. Voilà pour le côté face.
Côté pile, Nabil Wakim est un Young leader de la French American Foundation, promotion 2012 (celle d’Emmanuel Macron ou de Fleur Pellerin !). Si l’on en croit son curriculum vitae en ligne, Wakim aurait passé l’essentiel de l’année 2012 au sein de la French American Foundation. En juin 2013 encore, Nabil Wakim se rend à Marrakech pour intervenir dans un « dialogue avec le monde arabe » organisé par la French American Foundation. Le sujet ? Le « printemps arabe » vu sous le prisme de la « Renaissance Africaine » (sic !). Wakim ne pouvait alors ignorer que les printemps arabes relèvent moins d’une prétendue « renaissance africaine » que d’une tentative de recomposition du Moyen-Orient par les Services américains (USAID, NED, Freedom House, Open Society…). Participer à ce colloque revenait donc à collaborer en toute connaissance de cause à une vaste entreprise américaine de désinformation, puissamment relayée par l’ensemble des médias occidentaux, dont Le Monde. Pas terrible pour un « décodeur » !
Mais qu’attendre de plus d’un Young Leader ? Dit un peu rapidement et de manière sans doute caricaturale, la French American Foundation est une organisation transatlantique visant à recruter des larbins de qualité pour servir le Nouvel Ordre Mondial et la Caste. N’y entre pas qui veut, la sélection est rigoureuse et le candidat doit surmonter plusieurs entretiens de motivation avant d’être retenu pour la sélection finale. A titre d’exemple ont participé au programme Young Leaders des gens comme François Hollande, Alain Juppé, Nathalie Koszciusko-Morizet, Arnaud Montebourg, Najat Vallaud-Belkacem, Bill Clinton, Hillary Clinton ou le général Wesley Clark, boucher de la Serbie… De nombreux Young Leaders sont, ou ont été, parallèlement membres du Siècle (Juppé, Hollande), de la Trilatérale (Anne Lauvergeon) ou du groupe de Bilderberg (Bill Clinton)… Le Young Leader Nabil Wakim évolue donc dans un réseau de sociabilité très lié à l’oligarchie, au libéralisme économique et sociétal, au sansfrontiérisme, à la globalisation et à la juste guerre.
En juillet 2014, selon le site de la mairie de Collonges, Nabil Wakim s’envole avec sa femme vers les Etats-Unis, alors épicentre du mondialisme, pour y « étudier le journalisme à l’université de Harvard» ! De quoi tomber de sa chaise, vous ne trouvez pas ? Car enfin, pensez-y : pourquoi un homme, journaliste au Monde depuis des années, Rédacteur en chef du plus grand quotidien français, enseignant même le journalisme à Science po Paris, un homme qui frôle la connaissance absolue, irait prendre des cours de journalisme aux Etats-Unis ? A croire qu’un enseignant en journalisme en France vaut un simple étudiant en journalisme aux Etats-Unis ! Pas de quoi nous rassurer sur le professionnalisme des «décodeurs» !
En fait, Wakim ne va pas n’importe où. Il a été « sélectionné » par la Nieman Foundation pour apprendre à adapter son journalisme aux « médias numériques et sociaux ». La Nieman Foundation fait partie de ce réseau orwelien qui s’est institué en Ministère de la Vérité. Elle est notamment financée et travaille en partenariat avec la Knight Foundation, dont le président (Paul Steiger) est membre du CFR (Council on Foreign Relations) et président exécutif de ProPublica, un réseau de journalistes financé par le « mécénat » (fondations Ford, Carnegie, Soros, Knight…). Plusieurs membres du conseil consultatif de ProPublica ont d’ailleurs la même fonction chez Nieman. Parmi les administrateurs de la Nieman Foundation on trouve aussi Jennifer 8. Lee qui occupe un poste similaire à la Knight Foundation et au Center For Public Integrity financé par les fondations Soros, Ford, Knight ou MacArthur, cette dernière finançant aussi la Nieman Foundation. Tout ce petit monde, dont la fondation Nieman n’est qu’une pièce, fonctionne donc en réseau fortement interconnecté mais aussi ouvertement politisé (défense de la « société ouverte », de la « démocratie », de l’immigration, des « avancées sociétales », du multiculturalisme, de la globalisation…). Le Young leader Nabil Wakim est ici à bonne école, il va pouvoir transmettre en France les méthodes modernes de censure qu’il aura apprises aux Etats-Unis.
Le projet Décodeur et Décodex est donc une arme politique au service d’un monde qui pue : celui des néoconservateurs américains, des Soros, du CFR, des fondations « philanthropiques » mais aussi des multinationales. Dans la création des « Décodeurs », Nabil Wakim n’a certes été qu’un pion telécommandé. Mais son parcours nous montre les vrais commanditaires du « fact checking » et la nature réelle de ces journalistes « vérificateurs de faits » : des pommes certes, mais empoisonnées.
Antonin Campana