Tous ceux qui ont eu à solliciter la « Justice » savent que celle-ci laisse souvent passer plusieurs années avant de daigner les écouter. Un problème simple de droit de passage, pourtant établi sur registres notariés, peut mettre deux ans avant que les magistrats consentent à consulter ces documents. Bon, il est vrai, ce genre de problèmes concerne souvent des sans-dents. Mais voyez l’affaire de la « négligence » de Christine Lagarde dans l’arbitrage Tapie-Crédit Lyonnais. Il a quand même fallu huit ans pour que cette « négligence » (403 millions d’Euros) soit véritablement considérée. Et l’affaire Altran, quant à elle (C.A de 2 milliards d’Euros), a mis plus de quinze ans pour être jugée !
Bref, tout le monde sait en France que la justice est une grosse dame qui déplace difficilement son imposant derrière. Enfin, tout le monde le savait… jusqu’à l’affaire Fillon. Car brusquement, à la lecture d’un simple article du Canard enchaîné, la grosse dame s’est miraculeusement transformée en une sorte de Wonder Woman souple et féline.
Qu’on en juge :
Dans son édition du 25 janvier, le Canard enchaîné affirme que Pénélope Fillon a bénéficié de plusieurs emplois fictifs
le 25 janvier (soit le même jour !), le Parquet national financier ouvre une enquête préliminaire pour les chefs de détournement de fonds publics et abus de bien sociaux.
Le 26 janvier, une perquisition est faite à la Revue des deux mondes
Le 27 janvier audition de Michel Crepu, ancien directeur de la Revue, et de Christine Kelly, auteur d’un livre sur Fillon.
Le 28 janvier Médiapart fait « de nouvelles révélations »
Quelle Justice turbo ! Quelle vitesse de réaction du Parquet ! Il n’y a ici aucune hésitation, aucun de ces atermoiements habituels, aucun temps de réflexion : le Parquet ouvre une enquête sitôt le journal refermé, alors que le Canard est encore dans les kiosques ! Cela est d’autant plus remarquable que le Parquet est sous la hiérarchie du ministre de la Justice et qu’on imagine mal qu’il ait pu prendre une telle initiative, touchant directement aux élections présidentielles, sans en référer préalablement à celui-ci. Et il serait étonnant que le ministre, devant une telle affaire, n’ait pas jugé bon de se renseigner, de se donner au moins quelques jours de réflexion, ni d’en référer à son tour au chef du gouvernement, voire au président de la République.
Il y a là à l’évidence une mécanique bien huilée, un « coup » qui a été monté et programmé bien avant la parution de l’article du Canard. L’objectif est clairement de déstabiliser Fillon et si possible de l’écarter de la course à la Présidentielle. Ne voyez dans cette affirmation de bon sens aucune sympathie particulière pour Fillon. L’homme est membre du Siècle et poursuivra, s’il est élu, la politique de Grand Remplacement. Cependant, ses liens supposés avec la Russie, ses déclarations sur la Syrie, sa défense de Donald Trump, le rendent peu fiable pour le Système. Après le Brexit, il serait catastrophique pour le Système qu’un Fillon potentiellement allié de Trump et de Poutine s’installe en France. Les élections américaines ont mis au pouvoir un Président antiSystème qui bafoue tous les principes de la « société ouverte ». Cela signifie que les élections américaines ont échappé au Système. Celui-ci a été négligeant et trop sûr de son hégémonie : il ne fera pas deux fois la même erreur. Fillon est donc une victime collatérale de l’élection de Trump. Il subit les conséquences d’une nouvelle doctrine de containment qui se met en place contre le président américain. Un véritable cordon sanitaire doit isoler Trump et il est hors de question que dans le monde vassalisé par les Etats-Unis un nouveau président soit « Trump-compatible ». Autrement dit, le prochain président français devra être sans la moindre ambiguïté un pro-Système anti-Trump et anti-Poutine !
Le « Penelopegate », un mot qui sent si fort l’élément de langage des révolutions colorées, est donc un coup de maître. Fillon ne se relèvera pas de ces affaires de corruption. Le remplacer à trois mois des présidentielles ne sauverait pas son camp d’une déroute, Juppé l’a bien compris. On peut supposer (c’est, me semble-t-il, le pari fait par les « forces » que dénonce Fillon) que, quel que soit le cas de figure, une partie de l’électorat de droite rejoindra Macron (ne serait-ce que pour faire barrage à Marine Le Pen). A gauche, la situation ne sera guère plus reluisante. Hamon affaiblira Mélenchon mais ne fera pas le plein des voix socialistes. Une grande partie de celles-ci rejoindra tout naturellement Macron. Le premier tour de l’élection verra alors l’éviction de Mélenchon, de Hamon et de Fillon (s’il se présente). Le second tour opposera alors Emmanuel Macron à Marine Le Pen : un candidat du Système qui aura les médias et l’Argent avec lui contre un candidat antiSystème.
Emmanuel Macron, ancien Young Leader, ancien banquier d’affaire chez Rothschild et Cie, membre de la French Americain Foundation, a le profil qui convient au Système. C’est un valet qui servira fidèlement la Caste. C’est donc sur lui que celle-ci a parié. Fillon neutralisé, il deviendra (sauf accident) le prochain président de la république « française ».
Antonin Campana