La stratégie du chaos consiste à opposer pour détruire : sexe contre sexe, génération contre génération, immigrés contre Autochtones, homos contre hétéros, privé contre public, religion contre religion, démographie contre démographie, classe contre classe, victimes désignées contre oppresseurs désignés…
Dans la société en voie de décomposition avancée qui est la nôtre, les structures du corps social se sont largement désagrégées. Les frontières entre les sexes, les appartenances ou les générations se sont estompées. Les anciens « corps intermédiaires » ont disparu comme le voulaient les révolutionnaires de 1789 et l’individu insécable, plus petite partie du corps social, se trouve enfin limité à son égo. Semblant atteinte d’une sorte de frénésie de destruction, nous observons que la stratégie du chaos va alors s’exercer contre lui, l'individu, à seule fin de le faire biologiquement disparaître.
Principe de base : opposer pour détruire. Mais à quoi opposer l’individu puisqu’il ne reste rien en dehors de lui ? En fait, l’individu n’est pas aussi insécable qu’il y paraît et un système de représentation assez efficace pourra facilement dédoubler sa personnalité, imposant en lui deux pulsions contraires : l’instinct de reproduction et le désir égoïste de jouissance. En fait, il s’agit de persuader l’individu narcissique qu’il est face à un choix : ne pas avoir d’enfant, et disparaître biologiquement après une vie de bonheur ; ou avoir des enfants, c’est-à-dire perpétuer son être biologique, mais connaître une vie de contraintes et de frustrations. L’acceptation du suicide biologique signe la fin du processus de néantisation de la société par le chaos. Le désir d’enfant, quant à lui, expose l’individu à une tension psychologique plus ou moins insupportable en fonction du degré d’adhésion au système de représentation. Le besoin naturel de se reproduire entrera en conflit avec le désir inculqué de « profiter » de ce que lui offre la société, ce qui dans le pire des cas limitera le nombre de ses enfants.
Voici, exemple pris au hasard parmi des milliers d’autres, comment une blogueuse (27 ans) explique son désir de ne pas avoir d’enfant :
« J’ai envie de pouvoir aller en vacances en dehors des périodes scolaires et ailleurs qu’au Club Med, j’ai envie d’avoir du temps pour moi (plutôt que de devoir courir le soir chercher les bambins, faire les devoirs, donner le bain, préparer à manger…), j’ai envie de pouvoir prendre la décision d’aller au cinéma au dernier moment, j’ai envie de continuer à faire des grasse mat’, j’ai envie de privilégier ma vie de couple (90% des couples vivent une baisse de leur bonheur conjugal dès la naissance de leur premier enfant), j'ai envie d'avoir des conversations téléphoniques sans avoir à m'interrompre toutes les deux minutes pour demander à Justine de-remettre-ta-culotte-s'il-te-plaît-merci (voir l'excellent sketch de Foresti ici), j’ai envie de pouvoir profiter du silence quand je rentre chez moi le soir, j’ai envie d’être LIBRE. Libre de faire mes choix ».
Il n’y a rien à ajouter. Ces propos ne font que refléter une représentation omniprésente dans les médias, le cinéma, le féminisme, le monde de l’entreprise : avoir un enfant est une source insupportable de contraintes et une entrave pour le développement personnel. Il est donc préférable de ne pas se reproduire, vive le « suicide ».
Et ce message quasi subliminal entre dans les esprits et annihile dans la douleur un instinct de base : l’instinct de reproduction. Les individus ayant fait le « choix » de se priver de descendance constituent désormais une catégorie sociologique à part entière. On les appelle les « child free » ou « no kids ». En Allemagne 30% des femmes diplômées sont child free. Au Royaume-Uni, elles sont 20%. Au Japon 56% des femmes de 30 ans sont no kids. En France, « seulement » 4,3% (mais 6,3% des hommes). Les motivations, purement égoïstes à la base (symptomatique de cet individu postmoderne que les événements à venir vont éradiquer), se parent aussi de raisons plus « nobles », en l’occurrence écologiques. Ainsi le mouvement écolo-féministe GINK (Green Inclination No Kids) fait la promotion de la vasectomie et de la stérilisation définitive pour lutter contre le réchauffement climatique et sauver la planète ! Sa fondatrice Lisa Hymas propose de ne plus procréer et même de rejoindre le Mouvement pour l’Extinction Volontaire de l’Humanité (VHEMT), voire l’Eglise de l’Euthanasie dont les quatre « piliers » sont le « suicide, l’avortement, le cannibalisme et la sodomie » (sic).
Les discours no kids les plus extrêmes sont accueillis avec bienveillance par les médias. Ainsi, si les journalistes s’interrogent parfois sur la faisabilité des théories prônant l’extinction de l’humanité, ils remettent rarement en cause leur caractère criminel. La nébuleuse no kids, regroupant médias compréhensifs, écologisme, féminisme, théoriciens queer et LGBT, militants homosexualistes, a ainsi acquis sous le regard bienveillant du Système une dimension qui conforte la lecture « conspirationniste » des Georgia Guidestones (les Georgia Guidestones –photo ci-dessous - est un monument d’inspiration mondialiste érigé en 1980 près d’Elberton aux Etats-Unis. Il pèse 108 tonnes et mesure près de 6 mètres de haut. On ignore qui est le commanditaire de ce monument. En huit langues différentes, il est inscrit qu’il faut unifier l’humanité et la réduire à 500 millions d’individus).
Le Système progresse par le chaos. Le chaos social détruit le corps social. En opposant l’instinct de reproduction aux désirs artificiellement suscités, le Système installe le chaos au cœur de l’individu et révèle son ultime volonté : détruire l’homme, faire s’éteindre l’humanité. Les child free, le Mouvement pour l’Extinction Volontaire de l’Humanité, les Georgia Guidestones ne sont pas des épiphénomènes sans importante : ils sont au centre d’une logique d’effacement. Quand 30% des femmes, voire 56% comme au Japon, déclarent ne plus vouloir d’enfants, il faut avoir conscience que nous sommes en présence d’une véritable révolution anthropologique : pour la première fois dans l’histoire de l’humanité un modèle de société a réussi à annihiler massivement l’instinct primaire de reproduction (et à modifier l’instinct sexuel, avec des conséquences identiques sur la reproduction) !
Pas à pas, le chaos mène donc une humanité avide de jouissance vers sa tombe. Ceux qui sacrifient leur lignée sur l’autel de la satisfaction de leurs petits plaisirs mesquins devraient se méfier. Certains impatients pensent sans doute à une version moins « volontaire » et plus expéditive de « l’extinction » !
Antonin Campana