Après les attentats islamistes qui ont endeuillé notre pays, Manuel Valls aurait pu tomber dans le « piège des amalgames » et « stigmatiser » la communauté musulmane. Fort heureusement il n’en a rien été et le bon sens de notre valeureux ministre lui a dicté de plutôt stigmatiser… les autochtones et, quant à faire des amalgames, de les mettre collectivement dans le même sac.
Ainsi a-t-il courageusement dénoncé « l’apartheid territorial, social, ethnique », cette chose immonde, mais néanmoins habituelle dans notre pays, qui marginalise la jeunesse d’origine immigrée, la pousse à la révolte et, suivez mon regard, en fait des terroristes.
L’apartheid dont parle courageusement Manuel Valls n’est donc pas celui des islamistes qui le pratiquent pourtant de manière plutôt radicale, puisqu’ils expédient dans l’autre monde les mécréants qui ne pensent pas comme eux. L’apartheid dont parle effrontément Manuel Valls, n’est pas non plus le fait de la République, qui a pourtant construit cette société d’apartheid (qui d’autre à part elle ?), mais qui est « généreuse » et appelle au « vivre ensemble ». L’apartheid dont parle hardiment Manuel Valls ne peut être davantage imputé aux populations immigrés puisque ce sont elles qui (dixit Valls) subissent « discriminations quotidiennes parce que l’on n’a pas le bon nom de famille, la bonne couleur de peau… ».
Donc si nous comprenons bien, l’apartheid n’est pas le fait des terroristes, puisqu’ils en ont été les victimes. Il n’est pas le fait d’une logique d’Etat, puisque la République est égalitaire. Il n’est pas le fait des immigrés, puisqu’ils le subissent. Mais alors qui reste-t-il ? Qui est responsable de l’apartheid dénoncé par Manuel Valls ? Vous ne voyez pas ? Mais si : qui a le « bon nom de famille » ? Qui a la « bonne couleur de peau » ? Mais l’autochtone bien sûr, l’éternel bouc émissaire, le grand muet sur lequel on peut s’essuyer les pieds, le cochon de catho qu’on peut stigmatiser sans être accusé de faire des amalgames. Vous voyez le petit franchouillard qui s’appelle Dupont (un bon nom ça) avec sa baguette de pain sous le bras et son béret sur la tête ? Et bien l’attentat contre Charlie, c’est lui ! Indirectement certes, mais c’est lui quand même ! Valls vous le dit : ce mec a trop discriminé.
En fait les lignes qui précèdent sont complètement inutiles car nous savons tous, immédiatement, par pur conditionnement pavlovien, sans que cela ait besoin d’être dit, nous savons tous qui sont les victimes de l’apartheid et qui en sont les responsables. 30 ans que cela dure et que Dupont, la baguette sous le bras, le béret sur la tête, baisse les yeux et ne dit rien. Racisme légal ? Peu importe.
Peu importe, car Manuel dénonce ici la ségrégation d’un groupe humain présentant des caractéristiques ethniques et culturelles extra-européennes par un autre groupe humain présentant des caractéristiques ethniques et culturelles différentes (autochtones en l’occurrence). En fait, Valls nous dit indirectement mais très clairement que la communauté « nationale » melting-pot est un fantasme républicain qui ne s’est jamais réalisé… mais que le peuple autochtone de France, pourtant nié par la République, existe bel et bien. Merci Manuel !
C’est une « loi » en politique : mieux vaut être « stigmatisé » qu’ignoré. En pratiquant des amalgames honteux et racistes qui rabaissent les autochtones, Valls avoue leur existence, avoue même le crime négationniste commis par la République à leur égard. En dénonçant l’apartheid, Valls reconnaît le peuple autochtone de France ! C’est une grande avancée pour la cause autochtone !
Alors, merci Manu !
Antonin Campana