A ceux qui lui demandent de prouver le Grand Remplacement, Renaud Camus répond : « fiez-vous à vos yeux ! ». Le problème est que le réel est aujourd’hui refoulé lorsqu’il contredit sa représentation falsifiée. Il est préférable, désormais, de ne plus distinguer les allochtones des autochtones, de ne plus différencier une femme d’un homme, de ne plus discerner les chrétiens et les musulmans, de ne plus reconnaître les Blancs et les Noirs. Bref, il est préférable d’être aveugle. Le réel est obsolète et, pour être tranquille, il vaut mieux ne plus s’y référer.
Voyez bien le chemin parcouru depuis que la révolution dite “française“ a sonné la charge contre le réel. L’abolition des distinctions a touché les ordres, les religions, les communautés, la famille, les races, les nations, la sexualité, les sexes… Aujourd’hui, elle estompe les frontières entre l’animal et l’humain, celui-ci étant assigné à n’être qu’un animal comme les autres. Pensez-vous que ce processus d’abolition des distinctions en restera là ?
Le Forum de Davos et Klaus Schwab n’ont pas caché leur volonté de profiter du Covid-19 pour réinitialiser l’économie et accélérer la « quatrième révolution industrielle ». On le sait, cette révolution repose essentiellement sur « l’internet des objets » et l’attribution à chaque objet connecté d’une « identité numérique » et d’une « personnalité virtuelle » (ce sont les mots qu’ils emploient). Les objets communiqueront des informations sur le web, notamment toutes les données les concernant, comme le lieu où ils se trouvent ou leur environnement physique. L’ensemble des données ainsi collectées grâce à des « capteurs » permettront, nous dit-on, une « grande réinitialisation », un “Great Reset“ d’à peu près tout ce qui existe, vers un monde meilleur et probablement le meilleur des mondes.
Le problème est que dans l’esprit du Forum de Davos, chaque être humain doit également posséder une « identité numérique ». Les passes sanitaires, les passes vaccinaux, les QR-Code et la vaccination ont précisément pour objectif de nous préparer à cette identité numérique. Du point de vue de la révolution numérique et du traitement des données, quelle sera alors la différence entre un objet et un être humain ? Finalement, l’un comme l’autre peuvent être réduits à un ensemble de données numérisables. On peut considérer qu’un humain a comme un objet une fonction, une machinerie interne, un degré d’obsolescence, des dysfonctionnements, une localisation, bientôt un système RFID “embarqué“, etc. De plus, un humain, d’autant mieux s’il est pucé, communiquera avec des objets comme les objets communiqueront entre eux et avec lui. Pourquoi la personnalité numérique d’un humain serait-elle alors différente de la personnalité numérique d’un objet ? Tout étant « données », pourquoi le monde numérique devrait-il les appréhender différemment ?
Par le biais du numérique le biologique réintègre la matière inanimée et ne s’en distingue plus. Faire de l’homme un objet sans âme est un vieil espoir transhumaniste. Attali ne s’en cache pas : « l’histoire de l’humanité est une longue traduction de l’être vivant en un objet, en un artefact » et il pose la question : « serons-nous un jour des objets comme les autres ? » (source) .
Nous assistons évidemment à une offensive qui vise au Grand Remplacement des humains par des artefacts. L’artefact sera doté d’une « technologie embarquée » (nanoparticules de graphène, puces électroniques RFID implantées ou injectées, tatouages connectés…). En temps réel, cette technologie indiquera à Big Data tout ce qu’il convient de connaître sur l’artefact : son statut vaccinal par exemple mais aussi sa pression artérielle, son temps de sommeil, sa localisation, les identités numériques (objets ou artefacts) qu’il croise, les achats qu’il fait et peut-être même, un jour, ses pensées les plus intimes. Cette technologie aura également de nombreuses autres applications. L’argent étant lui aussi numérique, Big Data pourra facilement interdire certains achats à l’artefact, si celui-ci a par exemple dépassé son quota d’empreinte carbone. Big Data pourra également interdire à l’artefact de démarrer sa voiture, si par exemple il n’a pas payé une amende de stationnement. Il pourra également lui interdire d’aller au restaurant ou de prendre un TGV si son statut vaccinal n’est pas à jour. Enfin, il n’est pas exclu que cette technologie soumette l’artefact a une obsolescence programmée qui pourrait, le moment venu, prendre la forme d’une thrombose ou d’un arrêt cardiaque.
On comprend bien qu’il n’était pas possible de passer de l’humain à l’artefact sans avoir préalablement réalisé la déconstruction de l’ordre traditionnel, mais aussi la déconstruction de l’Eglise, de la famille, de la nation, des sexes, du spécifiquement humain et du peuple lui-même par l’immigration de peuplement. Ces déconstructions ont été faites méthodiquement depuis deux siècles, depuis que l’oligarchie s’est emparée de tous les leviers du pouvoir.
On ne peut donc dissocier le Grand Remplacement de l’humain par des artefacts (la Grande Réification) du Grand Remplacement des autochtones par des allochtones. La disparition des peuples et de leurs discours sur la finalité de l’existence est la condition du transhumanisme. Défendre notre autochtonicité et nos droits en tant que peuple autochtone n’a aucun sens si nous ne défendons pas dans le même temps notre humanité. Inversement, défendre notre humanité n’a aucun sens si cette humanité est dissociée de ce qui spécifie l’humain, à savoir la propension à s’organiser autour de valeurs culturelles qui identifient et distinguent les groupes. Les valeurs identitaires prouvent l’existence authentiquement humaine et l’existence authentiquement humaine implique la production de valeurs identitaires. Le XXe siècle a vu l’avènement de l’humain sans appartenance, de l’être déraciné. La crise Covid nous laisse entrevoir l’avènement de l’individu déshumanisé, de l’individu réifié, réduit à l’état de chose et d’objet numérique. Cette réification interdira tout retour en arrière. Les peuples ne pourront plus renaître et les individus perdront définitivement leur liberté. De ce point de vue, nous sommes avec le covidisme à un moment charnière de notre histoire.
Ici, n’en déplaise à certains de nos lecteurs, il nous faut souligner une ambigüité dans la pensée d’Eric Zemmour. Celui-ci ne voit pas, ou se refuse à voir, que l’immigrationisme et le covidisme proviennent des mêmes cercles oligarchiques et poursuivent les mêmes objectifs d’ingénierie sociale et de contrôle social. Lutter contre l’immigrationisme mais laisser le covidisme tracer tranquillement sa route vers le meilleur des mondes n’a aucun sens : les artefacts ne seront pas plus Français qu’Algériens ou Sénégalais. Ils n’auront pas d’identité autre que l’identité numérique attribuée par Big Data. Le « monde d’après » imaginé par le Forum de Davos sera un monde entièrement numérisé sans nations, sans cultures, sans religions. Le Grand Remplacement démographique deviendra littéralement impensable car il ne sera plus question d’hommes mais de données numériques. La Grande Réification équivaut à une fin de l’Histoire, à un Great Reset historique.
Eric Zemmour doit donc sortir de cette contradiction et délivrer un discours clair sur les injections de produits expérimentaux, sur le passe sanitaire et le passe vaccinal, sur le QR-Code, prototype d’identité numérique, et sur l’idéologie covidiste en général. S’il ne le fait pas (et cela vaut pour tous les anti-remplacistes), la contradiction que nous pointons révélerait sans doute a minima une faiblesse rédhibitoire de la pensée. Nous sommes à un carrefour existentiel pour l’humanité : chacun doit maintenant indiquer la direction qu’il voudrait lui faire prendre.
Antonin Campana