Nous observons que la stratégie autochtoniste que nous préconisons rencontre un obstacle de taille : l’incapacité des identitaires et patriotes à remettre en cause la mythologie du régime en place. Dans l’esprit des « réfractaires », le Grand Remplacement apparaît ainsi, confusément, comme un produit du hasard, un accident dans l’histoire du régime, une anomalie qu’on pourrait corriger en prenant quelques mesures viriles. Rien n’est plus faux pourtant. Il y a une relation mécanique obligée entre les valeurs fondatrices de la République et le Grand Remplacement. Il faut en prendre conscience et faire un choix rapidement : une stratégie de survie autochtone est à ce prix ! Donc, selon nous, il faut soit dénoncer le Grand Remplacement et dénoncer aussi le régime en place (la République), soit adhérer au régime et ignorer le processus de Grand Remplacement. C’est soit l’un, soit l’autre. Nous allons tenter de montrer pourquoi.
Deux « remplacements » ont fait le « Grand Remplacement »
On ne peut valablement analyser le Grand Remplacement sans avoir compris qu’il est double et qu’il s’est fait en deux temps.
Le premier Grand Remplacement est juridique. Il a eu lieu le 14 juillet 1790.
Le second Grand Remplacement est ethnique. Il a commencé à la fin des années 1970.
Le premier remplacement est le plus important des deux, car il va conditionner et rendre possible le second. Il est une cause.
Le second remplacement découle du premier comme le fruit découle de l’arbre. Il est une conséquence.
Le premier remplacement remplace le peuple français traditionnel par un « corps d’associés » artificiel. Il remplace le peuple entendu comme résultat d’une lignée, d’une culture et d’une religion (cf. le peuple juif) par le « peuple » entendu comme somme d’individus « sans distinctions ».
Le second remplacement modifie au détriment des Autochtones la composition ethnique du « corps d’associés ». Il remplace les Autochtones par des allochtones.
Jusqu’au 14 juillet 1790, le peuple Français est composé de 24 millions d’individus « de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne » (de Gaulle).
Le 14 juillet 1790, à la Fête de la Fédération à Paris, ce peuple est remplacé par une « agrégation de 24 millions d’individus » (Philippe-Frédéric de Dietrich, maire de Strasbourg, 1790), dont on se fiche de connaître la race, la culture et la religion. Le liant de cet agrégat n’est en effet ni la race, ni la culture, ni la religion, mais le « contrat social » ou « pacte républicain ».
Le pacte républicain permet le « vivre-tous-ensemble »
Le pacte républicain est fondé sur le principe d’universalité. Il est ouvert à tous les hommes qui acceptent les termes du pseudo-contrat. Ainsi, dès 1790, les Juifs de France intègrent individuellement l’agrégat et deviennent « Français ». Bientôt, à l’issue d’une procédure administrative ou automatiquement, des millions d’immigrés africains et asiatiques obtiendront eux-aussi leur intégration dans l’agrégat. Nous l’avons dit, le pacte républicain est fondé sur le principe d’universalité. Cela signifie que ni l’origine, ni la race, ni la culture, ni la religion ne sont des obstacles à l’intégration et au « vivre ensemble ».
Ajoutons à cela, point tout aussi important, que c’est justement le pacte républicain qui rend techniquement possible ce « vivre ensemble ». Le pacte républicain est un moyen et une méthode qui permet d’organiser et de faire fonctionner harmonieusement une société avec des hommes venus de tous les horizons. Seuls le racisme et la xénophobie pourront alors expliquer la volonté de fermer l’agrégat à certains demandeurs en raison notamment de leur identité ou de leur religion. Dès lors, l’immigration n’est pas en soi un problème, puisqu’un vivre-tous-ensemble, mutuellement enrichissant, est techniquement possible. Pourquoi s’en priver, d’autant que, nous dit-on, les immigrés sont nécessaires à notre économie ?
Le peuple français comme « concept juridique »
On ne peut donc comprendre le remplacement en France (et dans tout le monde occidental, organisé selon les principes du contrat social) d’une population blanche par une population colorée si l’on n’a pas compris les bases juridiques qui ont rendu ce remplacement possible. Dans un de ses arrêts, le Conseil Constitutionnel dit que le peuple français est une « catégorie » et un « concept juridique » (décision n°91-290DC du 09 mai 1991). C’est une manière de répéter que le peuple français est une sorte d’association loi 1901, une association construite selon un ordre juridique et non, comme autrefois, selon un ordre identitaire. Ce club, qui se dit « peuple », est régi par un « règlement intérieur » (la Constitution et les lois). Comme dans tous les clubs, on trouvera, dans le « peuple français » comme concept juridique, des « invités » qui vont plus ou moins participer aux activités du club (les membres du Bureau parleront d’immigrés et de « politique d’intégration ») avant de définitivement y adhérer, espère-t-on (les membres du Bureau parleront de « naturalisations »). L’adhésion se fait selon des critères strictement administratifs et non discriminatoires, en fonction du règlement, comme tout ce qui concerne la vie du club.
On ne peut dénoncer le Grand Remplacement sans récuser ses fondements idéologiques
Toutes les sociétés ouvertes sont organisées selon le contrat social. Toutes les sociétés organisées selon le contrat social sont des sociétés ouvertes. Le contrat social certifie que la société fonctionne selon des lois en accord avec les droits naturels de l’Homme. Tous les hommes, quels qu’ils soient, peuvent donc « faire société » et « vivre ensemble » sur la base de ce Droit universellement acceptable. Ce postulat légitime l’immigrationisme. Les intérêts économiques de l’oligarchie le rendent nécessaire. Les objectifs de l’ingénierie sociale républicaine le rendent indispensable.
Toute analyse du Grand Remplacement qui ne repose pas sur la compréhension du processus juridique qui l’a rendu possible, donc sur une dénonciation des fondements idéologiques du régime en place, repose sur du vent.
De cela il découle qu’on ne peut à la fois dénoncer le Grand Remplacement et se dire républicain. On ne peut espérer endiguer l’islam au nom de la laïcité, car la laïcité est une « méthode » ou une « technique » permettant le vivre-tous-ensemble, donc la présence de musulmans au milieu de nous. On ne peut à la fois se vouloir « Français de souche » et « citoyen » (c'est-à-dire membre de l’agrégat) car la citoyenneté est fondée sur l’indistinction. Comprenons bien : le « corps d’associés », ou la « République » (c’est la même chose), est « indivisible ». Cela signifie qu’il n’y a que la somme des individus, c’est-à-dire l’agrégat, le tas, et rien d’autre. Autrement dit, le peuple autochtone de France, la nation d’autrefois, spécifiée par son histoire, sa lignée et son identité, a été absorbée et dissoute : en théorie, elle n’existe plus. Elle n’existe pas plus que les communautés juives qui ont elles aussi été individuellement intégrées dans l’agrégat ou que les masses immigrées qui ont subi le même processus. Le régime en place ne différencie pas les Autochtones et les allochtones. Il ne les distingue pas. Il ne voit que ceux qui, ayant subit le processus individuel d’intégration par le contrat, sont devenus des « citoyens », c’est-à-dire membre de l’agrégat, et ceux qui, n’ayant pas encore accepté ce processus, sont juridiquement (et temporairement) des étrangers. Du point de vue du régime en place, seul existe l’agrégat multiethnique, dans lequel le peuple autochtone a été dilué, et rien en dehors de lui. C’est l’agrégat, la bouillabaisse d’Autochtones et d’allochtones standardisés par la citoyenneté, qui possède (théoriquement) la souveraineté. C’est l’agrégat que le régime appelle « peuple » et même « peuple français », enlevant au peuple autochtone jusqu’à son nom.
Choisir son camp : l’agrégat dissolvant et la République… ou le peuple autochtone
Pour chacun d’entre nous, les choses sont donc très simples :
Nous pouvons affirmer l’agrégat et nier l’existence du peuple autochtone. C’est l’option républicaine.
Ou nous pouvons affirmer le peuple souche et dénoncer l’agrégat qui l’enferme (ou tout au moins proclamer le droit de ce peuple à disposer de lui-même). C’est l’option, conforme au droit des peuples, que nous retenons dans ce blog.
A partir de là, il faut être cohérent.
Si on affirme l’agrégat multiethnique, on valide la République, et on doit récuser la réalité du Grand Remplacement. Dans un agrégat, un nouveau contractant ne remplace personne. Un tas de sable aux grains identiques peut diminuer ou augmenter de volume mais ne peut changer dans sa composition. Là où le réel nous montre des Français de souche européenne, des Africains, des Maghrébins et des Asiatiques, le républicain ne peut voir (en théorie) qu’une somme d’individus sans distinctions, tous « Français », ou destinés à le devenir. Pour lui, le Grand Remplacement ne peut être qu’un « fantasme ».
Si, ce républicain peut idéologiquement dénoncer ce « fantasme », il devra par contre, cohérence oblige, s’attendre à devoir répondre d’un crime de génocide. En effet, la Convention des Nations unies pour la prévention et la répression du crime de génocide (1948) énonce que la « soumission intentionnelle d’un groupe [national, ethnique, racial ou religieux] à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle » est un acte de « génocide ». La destruction, en 1790, du peuple français en tant que groupe national, ethnique, racial et religieux et son remplacement par un agrégat artificiel multiethnique, multiracial et multireligieux est donc un acte de génocide. La problématique est donc simple : soit les partisans de l’agrégat reconnaissent la persistance du peuple souche jusqu’à aujourd’hui, et ils doivent alors reconnaître les droits de ce peuple (et lui accorder des réparations) ; soit les partisans de l’agrégat estiment que l’agrégat a fait disparaître le peuple souche, et alors ils doivent répondre d’un crime de génocide !
Inversement, si on affirme le droit à l’existence du peuple souche et que l’on dénonce l’agrégat qui emprisonne celui-ci, on tiendra pour nul et non avenu le premier remplacement, c’est-à-dire la désintégration du peuple français en tant que groupe national, ethnique, racial et religieux. Ce faisant, on remettra en cause la doctrine du contrat social et du pacte républicain. Bref, on contestera la légitimité du régime en place. A partir de cette position, il sera possible de lutter pour les droits du peuple autochtone et pour les droits civiques des Autochtones. Il sera possible, au nom de la Déclaration des nations unies sur les droits des peuples autochtones, de poser la prééminence politique, économique, sociale et religieuse du peuple souche sur son territoire ancestral. Il sera cohérent de dénoncer le Grand Remplacement : la tentative de remplacer un peuple par un agrégat, puis le processus de remplacement des Autochtones par des allochtones.
En conclusion…
Il n’est plus possible de dénoncer le Grand Remplacement sans s’attaquer à ses racines profondes. Au risque de la voir encore proliférer, une mauvaise herbe ne se coupe pas : elle se déracine ! Il faut aller au fond des choses et extirper les fondements idéologiques qui légitiment le Grand Remplacement. L’extrême droite, tétanisée par la peur de ne pas paraître « républicaine », n’a jamais osé remettre en cause le pacte républicain qui ouvre notre société aux quatre vents. La dissidence (intellectuelle pour le moment, faute de mieux), doit franchir ce Rubicon. La survie du peuple souche doit obliger à penser la sécession. Il n’y a pas d’alternative. Il faut donc mettre fin aux compromissions intellectuelles, électorales ou politiques avec le régime en place. Un militant autochtone ne peut être qu’indépendantiste !
Chacun doit maintenant se poser cette question et en tirer les conséquences logiques, ou se taire : suis-je solidaire du destin de l’agrégat ou suis-je solidaire du destin de mon peuple ?
Etre un traître ou un indépendantiste : entre les deux termes de cette alternative, il n’y a rien si ce n’est de l’hypocrisie. Et parfois de l’ignorance…
Le travail à faire est immense.
Antonin Campana