Tous les tours de magie, d’illusionnisme et même toutes les escroqueries font appel aux mêmes mécanismes. On trouvera toujours un « bonimenteur », une « cible » et un « prétexte » assorti d’un « scénario ». Tout l’art consiste à jouer sur ces trois éléments pour, selon le cas, éblouir la cible, la séduire ou en faire, comme ici, une victime.
Le bonimenteur développe le discours qui accompagne l’exécution du tour. Il met en scène, montre et explique. Il prétend à la transparence mais détourne l’attention par des actions qui en dissimulent de plus importantes. Il crée un environnement susceptible de leurrer les sens.
La cible est la victime du bonimenteur. Le bonimenteur est capable de cerner le profil psychologique de sa future victime. D’une certaine manière, il a longuement étudié la nature humaine. Il en connaît les faiblesses, les préjugés, les manières de raisonner et les ressorts intimes qui dictent ses décisions.
Le prétexte est l’occasion qui va permettre au bonimenteur d’engager sa cible. Quand cette occasion se présente, le bonimenteur développe un scénario soigneusement préparé pour hameçonner la cible et bientôt la soumettre à sa volonté.
Ajoutons qu’il y a encore le « climax ». Le climax est le point culminant du tour. Généralement, c’est le moment où la cible comprend qu’elle est une victime. A ce moment, bien sûr, les jeux sont faits et il est trop tard pour faire machine arrière.
Nous allons voir que, dans ces grandes lignes, la crise sanitaire lié au Covid-19 pourrait assez bien ressembler à un tour de magie, à un exercice d’illusionnisme et même, peut-être mieux encore, à une escroquerie d’Etat. Notre hypothèse est que la Chine pourrait être le bonimenteur, que l’Empire américain pourrait être la Cible et que le Covid-19 pourrait être le prétexte.
Le bonimenteur
Admettons ici que le bonimenteur soit la Chine. Depuis les années 1980-90, la Chine échange des produits manufacturés contre du vent (de l’argent-dette) et des transferts de technologie (via les délocalisations). Grâce à ces échanges, la Chine est devenue une grande puissance industrielle. Mais aujourd’hui, ce pays n’a plus grand-chose à apprendre des pays occidentaux et il n’a que faire du papier qui sort de leurs Banques centrales. Les Occidentaux, de leur côté, n’ont plus d’industries et sont complètement dépendants des produits chinois (entre autres), produits qu’ils sont incapables d’échanger contre des biens réels ou même de nouvelles technologies. Les Occidentaux n’ont donc plus aucune utilité pour la Chine. Par contre, ils restent un obstacle à l’hégémonie mondiale de ce pays.
Ajoutons que la Chine a de vieux comptes à régler avec l’Occident (par « Occident » nous désignons ici l’Empire états-unien), d’autant plus que la guerre commerciale menée par les Etats-Unis ravive de vieilles douleurs.
Cela est important et pour le comprendre il faut savoir que le face-à-face sino-américain ne peut pas être appréhendé de la même manière par un Occidental et un Chinois. L’Occidental (d’aujourd’hui) se cantonne au présent et se désintéresse du passé. Pour lui, le face-à-face se résume à un vague désaccord commercial sur lequel se greffent des tensions en mer de Chine. La volonté de Donald Trump de renégocier à son avantage les traités commerciaux avec la Chine, les menaces, les volontés de nuire au fleuron des télécommunications chinois (Huawei), les tentatives de forcer le marché chinois à s’ouvrir et l’augmentation des taxes douanières… ont pour l’Occidental une signification strictement économique, quand ce n’est pas théâtrale.
Les Chinois, quant à eux, ne séparent pas spontanément le présent du passé. La volonté agressive des Etats-Unis de renégocier les traités commerciaux réactive les humiliants « traités inégaux » du XIXe siècle, et cela d’autant plus que cette volonté est appuyée par des menaces militaires et des tentatives d’encerclement à peine voilées. Pour rappel, ces traités, que chaque collégien chinois connaît par cœur, sont l’aboutissement d’un « désaccord commercial » entre le Royaume-Uni, qui depuis 1773 a le monopole du commerce de l’opium en Chine, et l’empereur Qing qui, en 1839, veut interdire ce commerce sur son territoire. Deux guerres vont suivre, perdues par la Chine (les « guerres de l’opium »), à l’issue desquelles des traités vont obliger l’empire du Milieu à s’ouvrir au commerce étranger, faisant ainsi perdre au pays son indépendance. Pour un Chinois, les menaces états-uniennes (anglo-saxonnes), ne sont donc qu’un bégaiement de l’histoire, à ceci près qu’il sait aussi que le rapport de force a changé.
La cible
L’Empire américain est la cible. Cet Empire, Etats-Unis et Europe compris, connaît depuis 2008 une crise dont il ne se relèvera pas.
L’Empire produit de l’argent-dette à partir de rien. Il n’a plus d’industries et ses infrastructures se délabrent, mais il produit de la monnaie que tous les pays lui achètent. Plus de 80% des échanges internationaux s’effectuent en dollars. Celui qui veut acheter du pétrole devra le payer en dollars. Autrement dit, il devra préalablement acheter des dollars (c’est-à-dire fournir aux Etats-Unis des biens réels contre du papier). Mais, à force de produire du papier, la valeur de ce papier tend vers zéro. D’autre part, une gigantesque crise économique a commencé dès le mois d’août 2019 : crise de liquidité sur le marché du repo américain, doute sur la valeur des bons du Trésors américain, réactivation de la planche à billets, effondrement de l’indice du Fret (Baltic Dry Index), difficultés de l’industrie du pétrole de schiste…
La position du dollar est donc de plus en plus fragile, de plus en plus contestée. Chinois, Russes, Indiens… vendent leurs dollars et achètent de l’or. Mais refuser les dollars comme moyen de paiement est un acte de guerre. D’autres s’y sont risqués, comme l’Irak de Saddam Hussein. L’Empire repose sur le dollar mais aussi sur une armée puissante chargée de le faire respecter. Dès lors, comment échapper à cette forme d’esclavage qui consiste à échanger des produits manufacturés contre du papier dont la valeur diminue au fur et à mesure que la crise s’accentue et que la masse monétaire augmente ? Jusqu’alors, la Chine y trouvait son compte par le transfert de technologies. Mais aujourd’hui les Etats-Unis veulent faire cesser ces transferts et entendent payer uniquement avec leur monnaie de singe ! Et puis même : quelles sont les technologies que la Chine ne possède pas encore ? Bref, pour le bonimenteur, la situation se résume à cette question : comment faire cesser ces échanges odieux sans déclencher une guerre ?
Le prétexte et le scénario
Officiellement, le covid-19 est apparu en Chine. Peu importe ici que ce soit vrai ou faux, que ce virus soit naturel ou pas, qu’il ait été répandu par erreur, par volonté de nuire, ou tout simplement qu’il provienne d’un marché aux animaux. Cela ne changerait rien sur le fond. Dans les tours de magie ou les escroqueries, le bonimenteur peut provoquer l’évènement qui servira de prétexte ou profiter d’une situation fortuite. Admettons ici que l’occasion qui permettra de dérouler le scénario soit purement accidentelle. Ce qu’il nous importe de savoir, c’est que le Covid-19 existe, qu’il est dangereux et qu’on peut en mourir.
Quelle est la létalité réelle du virus et comment les autorités chinoises ont-elles communiqué sur l’épidémie ? Les autorités chinoises possèdent toutes les clés technologiques et conceptuelles qui permettent de développer une stratégie de communication efficace, tant en interne qu’en externe. Elles savent construire un message cohérent et le diffuser efficacement. Elles savent aussi bloquer ce qui le contredit ou le parasite. On imagine mal que des flots importants d’images ou de témoignages puissent sortir de ce pays sans avoir été d’une manière ou d’une autre filtrés. L’emprisonnement d’un lanceur d’alerte doit par exemple nous paraître suspect si les vidéos de celui-ci continuent à circuler sur les réseaux sociaux. Les autorités chinoises ont suffisamment de compétences à leur disposition, et dans tous les domaines, pour décider des informations qui doivent ou ne doivent pas parvenir au monde extérieur (d’autant plus si ces autorités font face, selon ce qu’elles disent, à une « guerre »). On considérera donc que, globalement, les images, les messages et les témoignages qui nous sont parvenus de Chine entrent dans le scénario du bonimenteur.
Donc, le bonimenteur nous a d’abord montré la dangerosité extrême du virus. Il nous a montré des gens qui s’écroulent brutalement dans la rue. Il nous a montré des infirmiers qui par précaution s’habillaient comme des cosmonautes. Il nous a laissé voir des palettes entières d’urnes funéraires. Il nous a montré un hôpital qu’il fallait, tant la situation était grave, construire en moins de dix jours. Il nous a montré les plus hautes personnalités, Xi Jinping lui-même, agissant comme si le pays était en guerre. Il nous a montré un confinement absolu de la population. Il nous a montré une économie à l’arrêt…
Paradoxalement, le bonimenteur nous a aussi laissé entrevoir subtilement le caractère dictatorial du régime, confirmant du même coup les perceptions des Occidentaux et les laissant imaginer que le régime dissimule en partie la réalité épouvantable de la situation. On nous a montré ce jeune médecin mort de n’avoir pas été écouté. On nous a montré ces vidéos de lanceurs d’alerte emprisonnés. On nous a montré les drones de surveillance, les barrages de l’armée, l’organisation militarisée du système de santé. On nous a montré la brutalité du confinement, avec les comités de quartier, les immeubles que l’on mure, les étrangers que l’on chasse. Enfin, on nous a annoncé le chiffre ridicule des décès, à peine plus de 4000, ce qui confirmait à coup sûr le caractère dissimulateur du régime totalitaire.
Et, c’est alors, après avoir montré tout cela à nos yeux sidérés… que le bonimenteur a fait disparaître l’économie mondiale ! Magique !
Le climax
La communication chinoise fait appel à des émotions primaires comme la peur. Elle exploite les faiblesses de sociétés occidentales fondées sur des représentations qui excluent le tragique, la maladie et la mort au profit de la jeunesse éternelle et de la jouissance éphémère. La manipulation psychologique consiste à perturber l’organisation de ces sociétés en atteignant leurs représentations par des impressions qui les contredisent. Nous assistons à un véritable piratage psychologique. De fait la série d’impressions laissée par le bonimenteur est que : 1. Le virus est très dangereux. 2. le régime chinois, totalitaire comme chacun sait, donc menteur, nous cache la vérité (il dissimule le nombre réel des morts). 3. Le virus est donc encore plus dangereux qu’on ne pense.
La « cible » a donc amplifié le message délivré par le bonimenteur. Plusieurs raisons à cela. Nous l’avons dit, le régime Chinois était soupçonné de masquer « par nature » la réalité des faits et de minimiser les chiffres. D’autre part, pour des raisons d’audimat, les médias avaient intérêt à accentuer le caractère anxiogène des informations venues de Chine. Les oligarques, de leur côté, avaient intérêt à mettre sur le compte du coronavirus l’effondrement économique dont ils étaient entièrement responsables. Enfin, les opposants aux dirigeants politiques en place ont eu tendance a participer au phénomène d’amplification à seule fin de nuire à ces derniers. C’est particulièrement évident pour Trump (tous les relais de l’Etat profond ont amplifié la dangerosité du virus, soit pour desservir le Président, soit pour le forcer à prendre des décisions, comme le confinement, qui, en provoquant l’effondrement boursier et économique, pourraient lui coûter sa réélection). Force est de constater que la stratégie de communication chinoise a parfaitement su jouer des apriorismes et des travers des sociétés occidentales.
Si les médias oligarchiques ont tous entonné un refrain soupçonneux sur la Chine et ont tous contribué à répandre une véritable psychose dans la population, il faut ici noter que les dirigeants d’Etat (Trump, Macron, Poutine, Bolsonaro, Johnson…), ont tous manifesté des doutes sur la dangerosité réelle du virus. Etaient-ils mieux renseignés ? Le 06 mars Macron va ostensiblement au théâtre, disant que les Français n’ont aucune raison de modifier leurs habitudes de sortie. Le 16 mars, il confine : la pression médiatique était-elle trop forte ? La force du « piratage psychologique » sur les populations, via l’utilisation subtile des médias occidentaux, a-t-elle obligé les dirigeants à changer de politique, au risque de couler leur économie par le confinement ?
Quoi qu’il en soit, le discours du bonimenteur a parfaitement réussi puisqu’au final il a convaincu la cible de confiner sa population, de saborder ce qu’il lui reste d’économie, de faire encore tourner sa planche à billets et… de mettre fin au commerce avec la Chine !
La mise en scène du Coronavirus par les Chinois a donc atteint son but :
Le « commerce odieux » qui consistait à échanger des biens réels chinois contre du papier monnaie sans valeur, s’est arrêté. La Chine a atteint cet objectif sans déclencher une guerre avec l’Empire états-uniens. Mieux : l’Empire états-uniens est complice puisqu’il a lui-même fermé ses frontières.
Le commerce avec la Chine va sans aucun doute reprendre. Mais, si notre hypothèse se vérifie, il se fera désormais sur d’autres bases. La suprématie du dollar va se terminer. Sa valeur va probablement s’effondrer au profit de la monnaie chinoise et surtout de l’or. Ne pouvant plus fournir à la Chine du papier ou des technologies innovantes en échange des biens réels importés, l’Empire commencera à lui céder ses infrastructures, ses ports, ses aéroports, ses terres et bientôt sa liberté. Nous assisterons à de nouveaux traités inégaux, mais à rebours de ceux du XIXe siècle.
Tout en douceur, sous nos yeux émerveillés, le bonimenteur-magicien fait donc disparaître l’Empire états-unien et fait sortir du chapeau l’Empire du Milieu. Cette substitution d’Empire sera le point culminant du tour de passe-passe dont l’Occident a été la victime : le « climax » !
Conclusion
Nous cherchons à donner un sens à l’ensemble des faits contradictoires, paradoxaux, incohérents qui nous submergent depuis plusieurs semaines. Nous formulons une hypothèse, et cette hypothèse, résumée, est donc celle-ci :
- La Chine n’avait plus aucun intérêt à commercer (servir) avec l’Empire états-unien, d’autant que celui-ci voulait encore renégocier à son avantage les traités commerciaux existants.
- Mettre fin brutalement à cette servitude, en refusant la monnaie de singe de l’Empire, revenait à lui déclarer la guerre.
- Arrive alors le coronavirus.
- La Chine décide de surjouer la dangerosité du virus.
- L’Empire états-unien mord à l’appât et amplifie encore cette dangerosité.
- La Chine met fin à son commerce avec l’étranger (elle arrête ses usines).
- L’Empire en fait autant.
- L’économie mondiale s’effondre.
- Sans guerre ouverte, le « commerce odieux » entre l’Empire états-unien et la Chine est alors terminé (il reprendra, mais sur des bases qui assureront la domination chinoise).
La Chine a donc pu profiter du virus pour mettre fin à un commerce inéquitable sans provoquer un casus belli. Elle a surjoué la dangerosité du virus en arrêtant son économie, en confinant une partie importante de sa population et en diffusant des images angoissantes. Elle a ainsi mis fin brutalement à des échanges internationaux qui lui rappelaient de plus en plus les traités inégaux du XIXe siècle. De leur côté, les Etats occidentaux, victimes de sidération, ont d’autant mieux accepté cette rupture qu’ils ont eux-mêmes, sous la pression de populations affolées par les médias, fermé leurs frontières.
L’Empire états-unien va bientôt comprendre qu’il a été la cible d’une guerre psychologique… et qu’il a perdu cette guerre. Une banale stratégie de communication, une illusion si l’on veut, a provoqué un basculement du monde. De l’ennemi, Sun Tzu disait « la grande science est de lui faire vouloir tout ce que vous souhaitez qu’il fasse, et de lui fournir, sans qu’il s’en aperçoive, tous les moyens de vous seconder ». Dans cette affaire de coronavirus, l’Occident, berné, a de son propre chef fait exactement ce que la Chine pouvait souhaiter. La Chine, il est vrai, avait effectivement "fourni" à l’Occident fragile des angoisses qu'il ne pouvait supporter...
Antonin Campana