Il y a quelques années, dans le massif du Mont-Blanc, un de mes amis a été surpris par une forte tempête de neige. Il ne pouvait ni rejoindre un refuge, ni espérer l’arrivée des secours. Cet ami a eu la présence d’esprit de creuser un igloo dans la pente enneigée. Il s’y est blotti toute la nuit, s’obligeant à ne pas dormir et, pour pouvoir respirer, à dégager l’entrée que la neige et le vent venaient régulièrement obturer. Au petit matin, il a été évacué sur Chamonix. Il avait d’importantes gelures aux mains, mais il était vivant, au contraire de certains autres randonneurs moins chanceux, moins expérimentés ou trop « contemplatifs ».
Car, mon ami aurait pu, comme d’autres, rester figé devant les éléments, se lamentant, sans prendre de véritables décisions, sur l’arrivée du brouillard, sur le vent qui lève, sur la température qui baisse, sur la neige qui tombe ou sur le refuge trop loin pour être atteint.
Il en est de même des peuples. Certains réagissent comme mon ami. J’ai déjà parlé dans ce blog du peuple juif, du peuple rom ou du peuple albanais au Kosovo. D’autres, au contraire, réagissent comme de futures victimes. Plutôt que de se remuer, ils préfèrent se lamenter passivement sur l’invasion migratoire, sur le Grand Remplacement, sur l’islamisation de leur société ou sur l’insécurité.
Les premiers se sont donné les moyens d’écrire leur propre histoire. Ils se sont rassemblés et se sont organisés pour cela : ils ont conquis leur droit à l’existence. Les seconds confient à d’autres le soin d’écrire leur futur et même d’éclairer leur passé. Ils geignent devant le destin fatal qui leur est promis mais ne cherchent surtout pas à reprendre la plume : ils ont perdu leur droit à l’existence.
Tous les peuples ont leur « fraction consciente ». C’est la fraction consciente du peuple juif qui a fondé l’Etat d’Israël. C’est la fraction consciente de l’Oumma qui a engendré les Frères musulmans. C’est la fraction consciente du peuple noir qui a créé le CRAN. La fraction consciente de notre peuple n’a rien créé : elle n’est qu’un mur des lamentations. Elle ne sait que pleurer sur l’insécurité liée à l’immigration, sur l’insécurité culturelle, sur le recul démographique, sur le Grand Remplacement, sur les trahisons, sur l’islamisation rampante, sur les émeutes urbaines, sur le racisme anti-français... Le présent la fait geindre. Le passé la fait soupirer. Pour le reste, rien. Elle est au mieux, en étant gentil, un thermomètre qui décrit fidèlement l’effondrement de notre société. Rien de plus. Bref, la fraction consciente des peuples autochtones européens est totalement stérile !
Le constat est terrible : nos traîtres et nos ennemis agissent, notre fraction consciente ne fait que commenter leurs actes. Nos traîtres et nos ennemis disent, notre fraction consciente ne fait que commenter leurs paroles. Nos traîtres et nos ennemis détruisent, notre fraction consciente ne fait qu’ergoter sur l’ampleur des destructions. Vrai ou faux ? Vous qui me lisez et qui connaissez parfaitement les sites et les forums où s’expriment réfractaires, anti-Systèmes, patriotes, nationalistes ou nationaux, appelez-les comme vous voulez, vous savez que cela est parfaitement exact !
Nous avons créé ce blog il y a cinq ans. Notre but n’était pas d’ajouter des lamentations aux lamentations mais d’inciter notre fraction consciente à se mettre au travail, à creuser notre igloo si l’on veut. C’est pourquoi nous avons tenté une analyse objective des raisons de notre situation présente, tout en proposant aussi une « stratégie globale », des « tactiques d’engagements » et même une « méthode » qui nous permettent d’atteindre, par le travail, une situation dans laquelle l’avenir de nos peuples serait assuré. Ce plan d’action, qui consiste essentiellement à reproduire à notre façon ce qu’ont fait les Juifs, les Roms ou les Kosovars, pouvait sembler absurde, naïf, maladroit, inadéquat ou extravagant. J’ai entendu cette critique et je l’accepte. Mais ce n’était pas le sujet ! Ce que nous voulions, c’était que la fraction consciente de notre peuple arrête de se lamenter et commence à agir. Au moins un appel du 18 juin ! Au moins un C.N.R. national-autochtone ! Au moins un Congrès national-autochtone ! Peu importe la stratégie qui serait alors adoptée, peu importe les décisions qui seraient prises, peu importe le plan de bataille, pourvu que nous reprenions enfin notre destin en main. Ne plus être passifs devant les éléments déchaînés ? Etait-ce trop demander ?
Nous avons dit que nous avons créé ce blog il y a cinq ans. C’était juste après l’attentat contre Charlie Hebdo, et deux ans avant les élections présidentielles. La société multiethnique et remplaciste révélait son vrai visage aux plus obtus. D’autre part, la défaite programmée du Front National aux Présidentielles, malgré l’urgence de la situation, devait être, pour la fraction consciente, une sorte d’électrochoc qui pouvait la faire sortir de sa léthargie. J’avais deux ans pour expliquer que par le fait du régime en place, notre peuple vivait une situation d’enfermement dans un milieu dissolvant et qu’il lui fallait donc en sortir s’il voulait continuer à exister. Les choses se posaient en termes très simples : soit la dilution dans l’universel de la société multiethnique, soit, d’une manière ou d’une autre, la sécession. Le Front National a toujours été une sorte de trou noir qui absorbait et faisait disparaître toutes les énergies réfractaires et tous les talents du camp anti-Système. Objectivement, le FN a été la soupape de sécurité du Système. On pouvait espérer qu’une nouvelle fois défait sur le terrain électoral que ce parti républicain avait choisi, les réfractaires soucieux de leur peuple se tourneraient vers des solutions hors Système plus en adéquation avec une réalité dramatique qui interdisait désormais toute solution politicienne. Erreur sur toute la ligne !
Nous sommes en 2020 et rien n’a changé ! Le Rassemblement National est toujours un trou noir. Tout ce qui vit et bouge dans la fraction consciente de notre peuple, ou peu s’en faut, est attiré dans son champ gravitationnel. Il absorbe toutes les énergies, comme en 2017. Ni plus, ni moins. Pourtant, tout le monde sait que le RN perdra les élections de 2022 et que, même si par magie il les gagnait, il lui serait impossible de bloquer le processus de remplacement de notre peuple. Alors on fait semblant de ne pas voir et de ne pas savoir. On se ment et on se berce de faux espoirs. On veut croire.
Il faut avoir le courage d’admettre les réalités : les peuples autochtones européens ont perdu leurs patries, leurs noms, leur liberté, le droit d’écrire leur propre histoire, leur dignité et même le droit à l’existence sans que cela suscite la moindre réaction digne de ce nom. Nous pensions en 2015 que notre fierté européenne nous interdirait de nous réfugier longtemps derrière de pauvres endonymes de substitution (« Français de souche », « Autochtones », « Blancs »…) en lieu et place des noms glorieux qui, volés, ont été distribués à d’autres. Nous nous trompions. Nous pensions en 2015 qu’avant peu notre dignité autochtone nous interdirait de lier le destin de nos enfants aux préjugés raciaux de gens qui nous sont étrangers. Nous nous trompions. Nous pensions en 2015 que le souvenir de nos Pères nous interdirait bientôt de délaisser les terres qui furent abreuvées de leur sang. Nous nous trompions. Nous pensions en 2015 que l’exemple encore vivace de nos aïeux nous obligerait à brandir le droit à l’existence qu’ils avaient conquis. Nous nous trompions. Nous pensions en 2015 qu’un rassemblement autochtone sur une base nationale entreprendrait bientôt la sortie planifiée des peuples européens des agrégats multiethniques qui les étouffent. Nous parlions « sécession », « libération », « décolonisation » et même d’une sorte de « sionisme européen ». Encore une fois, nous nous trompions.
La négation du droit à l’existence des peuples européens nous paraissait si grossière et si évidente que nous avons espéré que s’instaure, après dissipation des dernières illusions électoralistes, au moins un débat sur la stratégie à adopter pour assurer notre survie. Nous savions bien sûr que l’initiative ne viendrait pas prioritairement des mouvements « populistes », incapables de se penser en-dehors du cadre de l’agrégat multiethnique. Mais il nous semblait que la fraction la plus consciente des peuples européens pourrait poser le problème et commencer à réfléchir à des solutions. Force est de constater qu’il n’y a eu ni débat, ni début de réflexion, ni même le moindre intérêt pour le droit des peuples européens à disposer d’eux-mêmes.
Depuis sa création, ce blog a reçu plus de 200 000 visiteurs uniques. Nos articles ont été repris par quelques sites engagés, que nous remercions. Citons par exemple et notamment : La ligue du midi ; Le blog à Lupus ; Euro-synergies ; France origine garantie (Made in France) ; Politique, émois et moi… (que ceux que j’oublie veuillent bien m’excuser). Certains articles (peu nombreux) ont même fait l’objet de traductions, en allemand ou en espagnol par exemple. Je sais encore que l’université gauchiste de Berkeley suit nos travaux. Cependant, notre visibilité sur les forums « patriotes » est quasi nulle. On nous cite rarement et on y reprend encore plus rarement notre appel à la résilience. Fait encore plus significatif, ce sont les articles « de lamentation », ou appréhendés comme tels, qui sont les mieux lus, alors que ceux, plus austères sans doute, qui posent la question d’une stratégie de résilience autochtone sont carrément ignorés. A titre d’exemple, le PDF Grand Remplacement : Que Faire ? a été très peu lu et partagé à peine plus de 32 fois. Il était destiné à être diffusé par messagerie électronique, il ne l’a quasiment pas été ! Certains autres articles ont du leur succès (relatif) à un malentendu. Ainsi l’article sur le Parlement Juif Européen a été très lu et, lorsqu’il a été partagé, il l’a été souvent avec l’intention de montrer l’ampleur de la « puissance juive ». Mon objectif n’était cependant pas de montrer l’ampleur de cette puissance (que je ne nie pas) mais d’exposer un modèle que nous aurions, nous autres autochtones européens, tout intérêt à reproduire. La plupart des « réfractaires » qui me lisent n’ont pas perçu ou ont totalement ignoré cet aspect.
Pour finir, voici la raison de cet article. Régulièrement, des lecteurs me demandent si l’idée d’un Congrès national autochtone, tel que décrit dans ce blog, fait son chemin dans le milieu réfractaire. D’autres, qui adhèrent aussi à notre « programme », se soucient du nombre de retours positifs venus de personnalités connues de notre milieu. Certains, enfin, me demandent ce qu’il faut faire.
Voici ma réponse :
Il n’y aura sans doute pas de Congrès national autochtone, ni de rassemblement autochtone, ni de sécession autochtone organisée, avant plusieurs années, et même peut-être, comme les choses sont parties, avant plusieurs décennies. Ce qui compte aujourd’hui pour la fraction consciente, ce sont les élections présidentielles de 2022, en attendant celles de 2027 et de 2032. Après…
Nos retours positifs venus de « personnalités » plus ou moins influentes dans notre milieu se comptent sur les doigts d’une main. Et encore, il s’agit plutôt de marques d’estime…
Enfin, ce qu’il faut faire, dans ces conditions, est très simple : si vous êtes suffisamment jeune quittez ce pays. Emmenez votre famille loin d’ici, dans quelque pays d’Europe de l’Est par exemple, et refaite votre vie. Nous allons bientôt basculer soit dans un scénario à la Houellebecq, si l’énergie disponible permet encore à l’économie d’acheter la paix civile, soit dans un scénario à la Obertone, si, comme il est probable, l’économie s’effondre. Dans tous les cas, inutile de risquer la vie de ses enfants pour des veaux. Si vous en avez les capacités, vous pouvez aussi créer une petite communauté autour de vous, qui vous permettra de mieux résister. Si, comme moi, vous êtes trop vieux pour partir et trop associable pour fonder une communauté, vous pouvez toujours vous préparer à vendre chèrement votre peau. Ce n’est pas la pire des solutions.
Dans dix ans, tout sera terminé. Les Européens vont connaître un destin tragique. En toute honnêteté, je ne crois plus en un sursaut collectif. Il faudrait un miracle. Chacun doit donc se préparer dans son coin, en fonction de ses idées, de ses possibilités, de son entourage. Il nous reste nos familles. Protégeons-les.
Antonin Campana