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Terre Autochtone

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Le blog des aborigènes d'Europe, par Antonin Campana


Comme les Berbères ?

Publié par Antonin Campana sur 3 Novembre 2019, 11:59am

Catégories : #Perspectives Autochtones

Comme les Berbères ?

Selon Bernard Lugan, les nationalistes qui ont pris le pouvoir en Algérie au début des années 1960 appartiennent tous à un courant « arabo-musulman » (1) . Le fait est d’autant plus étonnant, explique l’africaniste, que la population algérienne est très majoritairement berbère !

Pour justifier leur hégémonie politique, ces nationalistes arabo-musulmans vont affirmer, malgré les évidences, que l’Algérie est un pays arabo-musulman. Ils vont créer une idéologie arabo-musulmane qui s’affirmera contre l’identité berbère. Cette idéologie arabo-musulmane va nier la berbérité et décrire celle-ci comme une pure création coloniale. Elle va essayer de faire croire que les Berbères ont disparu au point de vue culturel et politique et qu’ils ont rejoint l’arabité dans laquelle, islam aidant, ils se seraient totalement dissous. Pour les nationalistes arabo-musulmans, à la tête d’un Etat algérien qui désormais ne se pensent qu’à travers l’identité arabo-musulmane, parler de berbérité revient à nourrir l’idée d’un complot contre l’unité de l’Etat.

Nous posons une question : ces hommes qui adhèrent à l’idéologie arabo-musulmane et qui constituent de fait l’encadrement de la nation algérienne appartiennent-ils au peuple berbère ? S’ils appartiennent au peuple berbère (ce qui est souvent le cas au niveau de leur lignée), alors ils trahissent à la fois leur peuple et leur identité. S’ils n’appartiennent pas au peuple berbère (puisqu’ils nient l’existence d’un peuple berbère et se disent arabo-musulmans), alors le peuple berbère est dominé par des étrangers. Il est colonisé !

Alors, traîtres ou étrangers ?

Ce petit détour par l’Algérie va nous permettre de revenir à la France et au régime français. Dès la Révolution, des républicains vont affirmer la France comme « république ». Ils vont créer une idéologie républicaine fondée sur une mythologie qui substitue à la francité identitaire une francité de papier. Ils vont ainsi faire subir aux français de souche européenne une véritable aliénation identitaire (« il n’y a pas de culture française »).

Dès lors, le régime va affirmer l’idée que les Français ont disparu en tant que « groupe national, ethnique, racial et religieux » (les « Français de souche, ça n’existe pas ») et qu’ils ont rejoint le corps d’associés républicain, dans lequel ils se seraient définitivement dissous. Pour le personnel politique à la tête de l’Etat en place, Etat qui ne se pense qu’à travers les valeurs universelles de la République, parler de francité, au sens ethnique du terme, revient à nourrir un complot contre la République indivisible.

Nous posons donc une question : ces hommes qui adhèrent à l’idéologie républicaine appartiennent-ils au peuple français en tant que peuple autochtone et « groupe national, ethnique, racial ou religieux » (Cf. Convention des Nations unies pour la prévention et la répression du crime de génocide, 1948) ? S’ils appartiennent à ce peuple (ce qui est souvent le cas au niveau de leur lignée), alors ils trahissent leur peuple. Ce sont des « Français reniés » qui désertent le peuple français réel pour le corps d’associés multiethnique, l’identité spécifique pour les valeurs universelles, la France pour la République. Mais s’ils n’appartiennent pas à ce peuple, puisqu’ils nient l’existence de celui-ci et se disent membres d’une sorte de résumé du genre humain, alors le peuple français est dominé par des étrangers. Il est colonisé !

Donc : traîtres ou étrangers ?

C’est un fait dont il faut tirer les conséquences : tous les apparatchiks du régime français affirment représenter le corps d’associés multiethnique et indivisible ; tous  les apparatchiks du régime français disent que le peuple français de souche n’existe pas et que s’il a autrefois existé en tant que « groupe national, ethnique, racial ou religieux », il a aujourd’hui disparu. En bref, les apparatchiks du régime français se conduisent comme ceux du régime algérien, s’appuyant sur une histoire mythologique pour dénier ses droits au peuple dominé, exploité et emprisonné. Devons-nous encore considérer ces gens comme des membres à part entière de leur peuple ? En vérité, ayant fait sécession de leur peuple, ce sont des étrangers ! Il faut appeler un chat un chat : ceux qui ont choisi l’agrégat humain artificiel, c’est-à-dire la République, plutôt que le peuple autochtone enraciné, ont renié leur appartenance d’origine et littéralement changé de peuple. En reniant et trahissant leur lignée, ils sont devenus étrangers.

Un Français républicanisé est donc aussi étranger (et dangereux) à son peuple qu’un Berbère arabisé ! Mais le parallèle s’arrête là. Durant le « printemps Berbère » (1980), les Berbères ont réclamé face à l’arabisation rampante, la reconnaissance de leur identité niée. La langue berbère a été reconnue après le « printemps noir » de 2001. En 2016, la langue berbère est même devenue « langue officielle » au côté de l’arabe, « langue nationale et officielle ». Certes, les Berbères arabisés parlent une langue différente de celle des Berbères ethniques, ce qui fortifie le sentiment d’altérité de ces derniers. Cependant, le sentiment d’avoir été colonisés et dominés par le courant arabo-musulman a été un facteur clé de la prise de conscience identitaire et une cause profonde de révolte.

Rien de tel en France. Le remplacement du peuple souche, la négation du peuple souche, la marginalisation progressive de l’identité ancestrale du peuple souche génère une souffrance de plus en plus insupportable mais ne débouche sur aucune prise de conscience particulière. Nous sommes un peu comme des rats qui s’en tiennent aux chocs électriques qu’ils reçoivent sans établir de relations avec l’expérimentateur qui les administre. Dans un précédent article, nous disions que ce n’était pas les situations préjudiciables qui généraient les révoltes populaires, mais la conscience du rapport de domination qui provoquait ces situations. La grande différence entre les Berbères et nous est que les Berbères ont conscience du rapport de domination. Le processus de conscientisation berbère est le fait d’intellectuels (Mouloud Mammeri, Taos Amrouche,  Mohand Arab Bessaoud…) et de l’Académie berbère qui, depuis son siège à Paris, travaillera à l’éclosion d’une conscience d’appartenance berbère.

Malheureusement, pour ce qui nous concerne, nous n’avons ni intellectuels, ni organisations qui travaillent à faire comprendre aux Autochtones qu’ils font partie d’un peuple séquestré dans un corps d’associés multiethnique. Nous avons tenté de poser, dans ce blog, une stratégie de résilience nationale-autochtone. Voyez ici un résumé en PDF. A la réflexion, cela est peut-être prématuré. On ne peut vouloir s’émanciper d’un rapport destructeur de domination si l’on n’a pas conscience de celui-ci. Mais comment convaincre les Autochtones en souffrance de s’intéresser moins aux chocs électriques qu’ils reçoivent qu’à ceux qui les administrent ?

Faire comme les Berbères peut-être ?

Antonin Campana

 

1.  Bernard Lugan, Algérie, l’histoire à l’endroit, 2017

 

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G
230 ans de République, c'est 230 ans de destruction de la France. Lire Bainville ou des historiens propagandistes, il faut choisir.
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Y
C'est plus compliqué pour nous parce que si la culture arabozulmane peut-être clairement identifiée comme étant issue de l'extérieur, la culture "républicaine" ne vient pas d'un autre pays ou d'un autre peuple, c'est une partie des "français" eux même qui ont fait sécession avec l'autre partie.<br /> <br /> D'autre part, le terme "français" prête à caution lui aussi. Si on remonte plus loin encore dans le temps ne pourrait-on dire que le "français" lui même n'est qu'une colonisation des gaulois par les Francs ? peut-être aidés par Rome, je ne sais pas, mais colonisation tout de même.<br /> <br /> En tout cas, personnellement la "France Catholique" ce n'est certainement pas ma France. Cette religion, tout comme l'Islam est venue du moyen orient à la base, et colporte des concepts et une théologie qui est contraire à la notre. Bien sûr, dit comme ça en 1 phrase, pour celui qui n'a pas creusé la question, ça n'a aucun sens, et c'est certainement choquant. Mais si on veut bien étudier la culture païenne et ses différences avec la culture sémitique catholique alors toute l'histoire de France s'éclaire d'un jour nouveau. <br /> On a forcé une religion et une identité au peuple gaulois qui n'était pas dans leur valeurs et leur nature profonde. D'ou les lumières, première tentative pour s'en extraire. D'ou la décapitation du roi, 2ème tentative, et d'ou mai 68, 3ème tentative.<br /> <br /> Attention, je ne suis pas en train de dire que la république ou la laïcité sont un retour au paganisme. Non, c'est l'inverse, ce sont les réponses du système aux tentatives du peuple de revenir à sa nature. La république c'est le catholicisme sécularisé, mais c'est toujours le catholicisme, les mêmes structures mentales et de pouvoir.<br /> <br /> Il faudrait un livre entier pour expliquer et ne pas paraître à coté de la plaque tellement l'ignorance est grande sur ces sujets (je ne dis pas que j'ai forcément raison et que les autres n'ont rien compris, mais il faut pas mal de notions pour comprendre ce dont je parle).
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R
Il est exact que tout est contre nous : nos élites depuis longtemps, le pape lui-même qui ne se cache pas de détester la France, politiques, media, une partie des juges. De plus, nous sommes aussi cernés par des structures d’autorité nationale et étrangère. On pourrait considérer que tout est perdu mais il ne le faut pas car la virulence de l’ennemi nous montre aussi sa faiblesse et ses incertitudes. Or, malgré des moyens dérisoires, la dissidence met en difficulté le « système » pourtant doté de tous les pouvoirs. Dès lors, tant que la dernière petite étincelle d’espoir ne s’est pas éteinte, il faut poursuivre le travail de résistance et d’opposition. Nous ne verrons sans doute jamais la victoire mais cela importe peu. Notre génération a pour destinée de démolir le temple du Baphomet mondialiste et de poser les premières pierres d’un renouveau. De surcroît, ce travail doit être efficace et pas forcément visible car nous croyons, nous, que l’invisible recèle quelque chose. En face, au contraire, si ce n’est pas voyant et bruyant, rien n’existe.
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