Il y a exactement quatre ans, j’ai commencé ce blog. A la question « Pourquoi ce blog ? », j’expliquais que l’Histoire s’accélérait et que le chaos, de possible il y a 20 ans, de probable il y a 10 ans, était désormais, en 2015, « presque certain » (en 2019, pour ce que j’en pense, le chaos ethnique et social est devenu inévitable). J’affirmais alors que l’autochtonisme, une notion que je m’apprêtais à approfondir, pouvait être le fondement d’une nouvelle relation entre les peuples et les gens, et que ce système de pensée et d’organisation pouvait, peut être, constituer une solution palliative. Je concluais enfin en citant le mot célèbre de Guillaume d’Orange : « il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre… ».
Pour quels résultats tout cela ? Il me faut faire aujourd’hui un premier bilan. En quelques chiffres, ce blog qui compte seulement 214 abonnés a enregistré à ce jour 147 064 visiteurs uniques, visiteurs qui ont lu 249 751 « pages » provenant des 350 articles que j’ai rédigés. A titre de comparaison, pour avoir une idée claire de l’influence de ce blog, les vidéos faites par les youtubeurs à la mode comptent plusieurs millions de vues chacune ! L’influence idéologique et politique de mon travail est donc dérisoire pour ne pas dire nulle. Mais il y a peut-être plus grave !
En hiérarchisant les articles du point de vue du nombre de lecteurs, je m’aperçois que les articles purement « descriptifs » (je m’explique plus loin) sont beaucoup plus lus que les articles proposant des solutions ou un projet pour notre peuple. Par exemple l’article sur Coudenhove-Kalergi a été lu plusieurs milliers de fois (538 partages), l’article sur le bilan du président Obama a eu un succès « retentissant » (à la mesure de ce blog, bien sûr : plus de 11 000 partages !), alors que notre article de synthèse sur les droits autochtones a eu moins de 1000 lecteurs (31 partages), que celui sur le Grand Rassemblement n’en n’a eu que quelques centaines (23 partages) et que celui proposant de changer de « modèle » n’a pas franchi la barre des 200 lecteurs (8 partages). De la même manière, ce qui est peut-être plus inquiétant, les sites et blogs amis ont davantage repris les articles « descriptifs » que les articles prospectifs et d’analyse.
Qu’est-ce que j’entends par l’expression « articles descriptifs » ? Je veux parler essentiellement des articles qui exposent une situation de fait (et non un simulacre-Système de la situation de fait) en relation plus ou moins serrée avec la problématique ethno-survivaliste de ce blog. Par exemple l’article sur Coudenhove-Kalergi expose les conceptions mortifères d’une icône-Système. Celui sur le GIEC (321 partages) essaie de montrer les rouages d’une possible arnaque climatique. Celui sur les No-Borders (4200 partages) décrit l’utilisation de supplétifs-Système par les Gouvernements et les lobbies contre les peuples. Tous ces thèmes sont à l’évidence très intéressants, mais honnêtement n’apportent pas grand-chose et surtout ne font pas bouger d’un iota la situation-de-fait. Tous ceux qui ont lu ces articles et qui les ont partagés n’étaient plus à convaincre. Ils avaient depuis longtemps abordé ces thèmes et s’étaient probablement déjà forgés leur propre opinion avant de les avoir retrouvés dans ce blog. Il est sans doute très plaisant, et vous voyez que je ne résiste pas à ce plaisir, de montrer, dire et redire dans notre petit milieu fermé que ce sont Soros, l’Union européenne et le patronat allemand (entre autres) qui financent les renégats immigrationnistes, mais cela fait-il pour autant avancer la cause de notre peuple ? A l’expérience, je ne crois pas.
Le problème que je soulève à travers cette critique, excède très largement les dimensions de ce modeste blog. J’écoutais l’autre jour un entretien télévisé de Laurent Obertone. L’écrivain venait d’exposer une situation-de-fait (la submersion migratoire) et la journaliste lui demandait alors ce qu’il proposait. Laurent Obertone lui a répondu, je cite de mémoire, qu’il ne proposait rien, que ce n’était pas son rôle de proposer des solutions et qu’il se contentait de rapporter des faits. Michel Onfray, quant à lui, décrit fort bien la « décadence » et l’effondrement de la « civilisation judéo-chrétienne » mais ne se sent pas davantage obligé d’apporter des solutions. Il constate, et voilà tout. Même posture chez Eric Zemmour ou Douglas Murray (auteur de L’étrange suicide de l’Europe). Le travail de ces écrivains contribue à décrire dans les détails une situation-de-fait catastrophique pour nous. Et alors ? Ils vendent leurs ouvrages à des dizaines de milliers d’exemplaires à des gens qui pour l’essentiel ont déjà vu et compris tout ce qu’ils rapportent. Qui parmi ces lecteurs ignore encore l’ampleur de la submersion migratoire, la multitude des problèmes qu’elle engendre, la trahison des « élites », l’effondrement des valeurs, la délinquance immigrée, les problèmes démographiques ? A mon avis, ils sont peu nombreux. Celui qui aujourd’hui s’en tient encore au simulacre-Système de la situation-de-fait (nous vivons tous ensemble dans une société aussi harmonieuse que métissée) est soit un imbécile, soit quelqu’un qui depuis 1975 ne sort plus de chez lui, soit un collabo-Système. Les autres savent en toute conscience. A quoi cela sert-il de leur traduire par des chiffres, des statistiques ou des mots, ce qu’ils peuvent voir simplement en se promenant dans les rues ? Dans les années 1970-1980, nous étions demandeurs de ces chiffres et faits. Nous avions compris que quelque chose commençait à se passer mais nous étions avides de « preuves » documentées pour convaincre les sceptiques. Nous nous sommes jetés sur le Dossier immigration (1985) de Jean-Pierre Stirbois et Jean-François Jalkh comme la misère sur le monde. Mais aujourd’hui ? Je le répète : qui aujourd’hui ignore encore ce qu’il se passe ? Qui a encore besoin de lire Obertone, Zemmour ou Murray pour savoir qu’aujourd’hui est pire qu’hier et que demain sera pire qu’aujourd’hui ?
Comprenez bien : je ne remets pas en cause le travail des lanceurs d’alerte. Il est nécessaire d’avoir périodiquement un état des lieux de la situation-de-fait. Et puis cela peut encore réveiller quelques retardataires. Mais doit-on se contenter de commenter notre effondrement civilisationnel ? Doit-on se contenter de décrire méthodiquement et parfois d’analyser avec beaucoup d’acuité l’actualité politique, médiatique, culturelle ou migratoire faite par d’autres, nos ennemis en l’occurrence, actualité qui est à la fois cause et conséquence de cet effondrement ? Publier constamment et seulement les signes de notre submersion, de notre repli et de notre disparition n’est-il pas anxiogène ? Le lecteur qui s’intéresse constamment et seulement à ces signes, pour mieux les déplorer, s’alarmer et se désespérer, n’est-il pas lui-même un signe de cet effondrement ? Ce que j’interroge ici n’est pas la légitimité d’une description de l’effondrement. Cette description est nécessaire. Ce que j’interroge est la passivité devant cet effondrement. On a conscience d’un phénomène, on sait qu’il va inexorablement s’accentuer et se terminer par une extinction des peuples ethno-européens, mais on est comme sidéré devant l’événement, que nous subissons pourtant, et l’Histoire qui s’écrit devant nos yeux. L’idée d’infléchir le cours de cette histoire ne semble pas nous traverser l’esprit. On lira Obertone pour mieux se persuader de la situation-de-fait que l’on voit, mais on ne réfléchira pas un instant sur la manière de modifier cette situation-de-fait.
Comment modifier une situation-de-fait qui ne peut qu’aboutir à la disparition de notre peuple ? Y réfléchir était l’objectif de ce blog, avec le succès que l’on sait. Je suis un autodidacte et en aucun cas un intellectuel. Je viens d’un milieu populaire. J’ai fait des études supérieures après l’âge de trente ans, alors que je travaillais depuis plus de dix ans et que j’avais déjà trois enfants. J’ai aujourd’hui une activité professionnelle qui occupe l’essentiel de mon temps. Tout cela pour dire que mes dispositions, mes capacités, mon caractère sans doute, expliquent largement les faiblesses de ce travail et sa faible diffusion. D’autres que moi étaient mieux placés pour l’entamer. Ils ne l’ont pas fait, je le regrette pour mon peuple. Je ne trouve en effet, dans le milieu réfractaire, aucune stratégie de mise en résilience de notre peuple. Je ne vois aucune proposition allant dans ce sens, ni aucune intention de cesser des luttes, souvent courageuses mais toujours stériles, qui nous font faire du surplace depuis quarante ans. Je ne vois aucune imagination, aucun désir de tout remettre à plat, aucun projet susceptible de modifier le destin promis à notre peuple. Le milieu réfractaire ne manque pourtant ni de talents, ni d’intelligences. Pourquoi cette passivité ? Il y a une élite réfractaire : qu’attend-elle pour fixer une stratégie de résilience nationale autochtone ? Le temps presse, elle doit le faire maintenant. Dans dix ans il sera peut-être trop tard !
Malgré ces insuffisances et pour sortir de l’approche purement descriptive et anxiogène, ce blog a donc voulu proposer une stratégie possible de résilience du peuple autochtone européen (une stratégie de conservation, par le « Grand Rassemblement » et la constitution d’un Etat parallèle autochtone, et une stratégie de libération par la conquête non violente de droits collectifs autochtones). On peut sans doute en imaginer d’autres. L’essentiel est qu’un débat ait lieu et qu’une ligne soit fixée. Petite lumière dans ce ciel où rien ne luit, dans le dernier Terre et Peuple (N°78) Jean-Patrick Arteault propose à son tour une stratégie de résilience. Il explore avec réalisme, à partir d’un état des lieux lucide, ce qu’il est possible de faire pour assurer la survie d’une partie de notre peuple. Il cherche des solutions : « ou bien nous effectuons un saut qualitatif, ou bien nous disparaîtrons dans les poubelles de l’Histoire ». Cette démarche est non seulement la bonne, c’est aussi et surtout la seule démarche qui nous permettra de répondre au défi qui nous est posé.
Nous devons faire ce saut qualitatif dont parle Jean-Patrick Arteault. Et ce saut implique selon nous un changement complet des psychologies. Nous devons nous défaire de cette propension à enregistrer passivement les éléments nous renseignant sur l’effondrement de notre peuple. Ces éléments nous sont visibles et familiers maintenant. Il ne faut surtout pas les ignorer (ils conditionnent notre « état présent ») mais ils neutralisent ceux qui ne parviennent pas à les dépasser. Or pour les dépasser il n’y a qu’une solution : les inscrire dans une stratégie qui les prend nécessairement en compte pour construire «l’état futur » recherché (état qu’il faut atteindre pour que le peuple autochtone soit mis en résilience). Obertone seul n’est qu’un facteur générateur de déprime. Obertone associé à une stratégie ethno-survivaliste est un outil. A celui qui parle « submersion migratoire », il faut répondre : « d’accord, mais on fait quoi ? ». A celui qui veut faire un « coup » pour dénoncer cette submersion migratoire, il faut demander : « d’accord, c’est courageux, mais dans quelle stratégie globale s’inscrit ton opération ? ». Il faut s’interdire de penser l’effondrement si l’on n’est pas capable d’associer à cette pensée démobilisatrice la possibilité d’une lutte qui le contrecarre.
Le problème est psychologique car la sidération qui nous menace est psychologique. De nombreux réfractaires s’auto-neutralisent parce qu’ils pensent au fond d’eux-mêmes qu’il n’y a plus rien à faire, que c’est trop tard (ou trop tôt) pour faire quelque chose, que « c’est foutu ». Ce n’est pas vrai, même s’il reste peu de temps pour agir. Certains autres se lancent dans un survivalisme familial ou un survivalisme de groupe. Ils ont raison, ils doivent continuer, ils agissent dans le bon sens. Sans cesser leur action (on ne sait jamais), ils doivent l’élargir à la fraction consciente de leur peuple. Nous proposons un survivalisme ethnique qui peut et doit s’emboiter avec un survivalisme familial et communautaire. L’élite réfractaire, elle-même, est neutralisée par le blocage psychologique dont nous parlons. Chacun doit essayer de faire pression sur les dirigeants de partis, d’associations, de groupes identitaires, de médias autochtones… pour qu’ils se réunissent tous ensemble et élaborent une stratégie nationale de mise en résilience du peuple autochtone. Nous n’avons plus guère de choix. Le temps nous est compté, il faut agir maintenant !
Je viens de terminer l’ouvrage que j’annonçais dans un autre article. Il aura pour titre « Le Grand Rassemblement – pour une stratégie autochtone de libération ». Si cet ouvrage ne trouve pas d’éditeur, ce qui est probable, je le mettrai à disposition sur ce blog, en version PDF (et en téléchargement libre bien sûr).
A tous bonne année 2019.
Antonin Campana