Le « pacte républicain », clé de voûte du régime, est fondé sur le principe d’universalité. Il est ouvert à tous les hommes sans distinction d’origine, de race, de religion, de culture, de sexe, de « genre », etc. Jamais la République ne dira à un individu qu’il ne peut devenir « Français » en raison par exemple de sa culture d’origine, trop éloignée de la culture française, ou de sa religion, incompatible avec les structures chrétiennes de notre civilisation.
La vocation du régime est, depuis 1789, d’accumuler des « individus isolés » pour en faire un « corps d’associés vivant sous une loi commune » (Sièyès, Qu’est-ce que le Tiers Etat ?, 1789). Autrement dit, l’idéologie du pacte républicain est à l’origine du Grand Remplacement. C’est cette idéologie qui donne l’illusion que le vivre-tous-ensemble sous les auspices de valeurs prétendument universelles est possible. C’est cette idéologie qui renvoie au racisme celui qui en doute.
Le « corps d’associés » multiethnique est désormais une réalité. Néanmoins, cette agrégation artificielle d’individus apparaît comme sociologiquement très hétérogène. Sa cohésion est très faible.
Au sommet du corps d’associés, nous pouvons facilement distinguer une « élite » de quelques milliers d’individus : patrons de presse, banquiers, politiciens d’envergure nationale, faiseurs d’opinion, grands journalistes, hauts fonctionnaires, experts médiatisés, dirigeants de grands groupes industriels ou financiers, artistes, juges, procureurs, dignitaires religieux, écrivains médiatisés, dirigeants syndicaux ou d’ONG, fonctionnaires de la culture, administrateurs du patrimoine, hauts gradés, universitaires médiatisés, publicitaires, etc. Ce groupe restreint dispose de tous les leviers de pouvoir. Il a une mainmise totale sur l’Etat, c’est-à-dire sur l’administration, la police, la justice, l’armée et d’une manière générale sur tous les moyens de contrainte. Ce sont les membres de cette « grande noblesse » de nouveau régime qui contrôlent les moyens d’influence : presse, télévision, publicité, Enseignement, intelligentsia, culture… Ce sont ces gens qui choisissent notre « mémoire » et font écrire notre histoire, à charge pour nous d’assumer l’une et l’autre. Ce sont ces gens qui décident de la création monétaire, de notre subordination aux « institutions internationales », des politiques d’immigration. Ce sont ces gens qui, un œil sur ce que nous avons en banque, ont décidé que ce sont nos comptes qui allaient les renflouer. Ce sont ces gens qui manipulent l’opinion, qui font les lois, qui fixent le montant de nos impôts et qui décident de tout ce qu’il convient de penser, de dire et de taire. Ce groupe a un pouvoir total.
Solidaire et subordonnée à cette « grande noblesse » se trouve la « petite noblesse » urbaine. Christophe Guilluy, dans son ouvrage La France périphérique (Flammarion, 2014) estime que 26 millions d’individus (40% de la population) vivent dans des aires urbaines importantes. Si l’on soustrait à ce nombre les classes sociales allochtones vivant en banlieue des métropoles (15 à 17 millions d’individus) on obtient environ 10 millions d’Autochtones résidant dans les beaux quartiers et composant cette « petite noblesse » urbaine : cadres, médecins, avocats, notaires, journalistes, politiciens locaux, enseignants, étudiants, fonctionnaires de catégorie A, consultants, professionnels du marketing, chargés de communication, « community manager », « traffic manager », informaticiens, ingénieurs, etc. Cette classe sociale est une classe bien pensante totalement acquise à la « grande noblesse ». Elle profite de la mondialisation, elle est favorable à l’accueil des migrants et soutient le vivre-tous-ensemble… ce qui ne l’empêche pas de dépenser une bonne part de son énergie afin d’éviter une mixité sociale préjudiciable à ses enfants (contournement de la carte scolaire…), ou à sa propre sécurité (entre-soi, quartiers réservés, résidences protégées…).
Le troisième groupe est celui des Allochtones. Il est donc composé de 15 à 17 millions d’individus et n’est pas aussi cohésif qu’on le croit généralement.
Le quatrième groupe est composé des Autochtones rejetés hors des métropoles. Ce groupe occupe la « France périphérique » (Christophe Guilluy). Trop pauvre pour vivre dans les quartiers occupés par la « petite noblesse », trop bête pour profiter de l’enrichissement apporté par le vivre-tous-ensemble des banlieues, le petit peuple autochtone a été marginalisé. Guilluy estime que cette France largement autochtone rassemble 39 millions d’habitants (60% de la population) dans 34 014 communes. Qui compose ce « petit peuple » autochtone ? Essentiellement des employés, des agriculteurs, des ouvriers, des fonctionnaires catégorie B ou C, des chômeurs, des personnes âgées, des salariés, des artisans… C’est le groupe des perdants, celui qui connaît la désindustrialisation, les trajets infernaux pour se rendre dans les bassins d’emploi, la désaffection des services publics, la fermeture des hôpitaux, l’insécurité. C’est le groupe qui paie cash l’arrivée des migrants et la mondialisation.
Quelles relations y-a-t-il entre ces quatre grandes classes sociologiques.?
Ceux qui composent le petit peuple autochtone sont fortement « dissociés ». Ils ont subi de plein fouet la désagrégation (voulue) des structures familiales et communautaires. D’autre part, ils vivent sous l’influence d’une télévision qui défend les intérêts de l’élite au pouvoir. Elle leur dit quoi penser et délivre un discours culpabilisant, menaçant et incapacitant. Bien que ce discours soit souvent contesté dans leur for intérieur, il est très difficile pour les Autochtones de faire part de leurs opinions réelles auprès d’autres personnes. Cela étant réciproque, les gens s’abstiennent de communiquer ce qui accentue encore le sentiment d’isolement. La France périphérique, atomisée, ressemble davantage à une « dissociété » qu’à une société. Elle est dans une situation de complète dépendance. Du 80 km/h sur Nationales et Départementales jusqu’à l’augmentation des impôts en passant par l’installation forcée de migrants dans les villages, la France périphérique autochtone subit les décisions de l’élite apatride. Elle paie de plus en plus et reçoit de moins en moins. Cette manne financière et ces économies sur les infrastructures (fermeture de bureau de Poste, d’Hôpitaux, délabrement des routes…) remontent vers l’élite pour être redistribuées. Seule la fragmentation de cette dissociété peut expliquer son apathie.
L’élite s’enrichit du délabrement de la France périphérique. Les impôts autochtones irriguent la machinerie d’Etat et confortent les situations de pouvoir. Mais cet argent autochtone part aussi, et en grande partie, dans les banlieues. Au contraire de la France périphérique, les banlieues reçoivent des milliards d’euros tous les ans. Elles ne manquent ni de lignes de bus ou de tramways, ni de locaux associatifs, ni d’éducateurs sociaux, ni d’aides sociales multiples et variées, ni d’écoles, ni de bureaux de poste, ni de rénovations, ni de services d’entretien… En échange de cette manne financière les Allochtones soutiennent l’élite au pouvoir. Celle-ci les achète en même temps qu’elle achète la paix sociale. Ainsi les Allochtones ont-ils bien « renvoyé l’ascenseur » aux élections de 2017 : Marine Le Pen n’a récolté, selon l’Ifop, que 5% des voix des musulmans !
La « petite noblesse », quant à elle, méprise la France autochtone et ne se mélange pas avec la France allochtone. Elle fournit à l’élite quelques jeunes supplétifs chargés de faire avancer la cause immigrationniste et le progressisme sociétal (black blocs, no border…), avant de se ranger sagement. Le rêve de chaque petit noble est de rejoindre l’élite ou même de se faire remarquer par elle. Cependant, elle pressent confusément, cette petite noblesse, que le vivre-tous-ensemble qu’elle dit chérir pourrait bientôt devenir, pour elle aussi, un enfer bien réel. Pendant combien de temps encore les flics fournis par la France périphérique pourront-ils sécuriser les beaux quartiers ? Combien de temps encore pourra-t-on contourner la carte scolaire ? Dans combien de temps y aura-t-il un camp de migrants au bout de la rue ? Quand le prochain Bataclan ? Ami entends-tu ?
L’élite perdrait un sérieux allié si cette petite noblesse autochtone de trahison lui faisait défaut. Mais n’a-t-elle pas déjà commencé à la remplacer par une petite noblesse allochtone ?
Dans ma description sociologique du corps d’associés j’ai oublié une classe d’individus : celle des Réfractaires. Les Réfractaires ne sont que quelques milliers. Ils sont insérés dans le peuple autochtone de la France périphérique et en sont la fraction consciente. En quelque sorte, ils sont le pendant inversé de cette élite que, par dérision, je nommais « grande noblesse ». Toutefois, si cette dernière manifeste une forte cohésion (on se connaît, on se reconnaît, on fréquente les mêmes cercles, on va en vacances aux mêmes endroits, on défend les mêmes intérêts, on se marie ensemble…) l’élite réfractaire est aussi dissociée que peut l’être le peuple autochtone. L’élite réfractaire n’a aucun pouvoir, aucune force, aucun projet véritable, aucune solidarité. Pire peut-être, elle s’imagine naïvement renverser un jour l’élite au pouvoir. Pour prendre sa place ? A-t-elle bien analysé les rapports de forces que nous décrivons ? Est-il stupide de lui proposer de s’unir avant tout ? Est-il stupide de lui suggérer d’œuvrer pour que la dissociété autochtone devienne une société parallèle organisée ? Est-il naïf de croire qu’avec plusieurs millions d’Autochtones rassemblés derrière elle, cette élite réfractaire pourra vraiment envisager une libération nationale du peuple autochtone ? Pour peu qu’on les secoue un peu, même les peuples les plus endormis finissent par sortir de leur léthargie. Et quoi de plus beau que de réveiller un peuple ?
Antonin Campana