Changer de modèle est une nécessité lorsque le fait de raisonner selon ce modèle ne permet pas de répondre à une situation. En science, quand une conception théorique se révèle incapable de résoudre un problème ou d’expliquer une observation, on en change. Seule l’inertie intellectuelle, une croyance hallucinatoire ou un mimétisme moutonnier peuvent expliquer la persévérance de grilles d’analyse ayant depuis longtemps fait la preuve de leur fausseté, voire de leur nocivité.
Prenons l’exemple du Grand Remplacement. Peut-on penser le résoudre en restant dans le modèle républicain ? A l’évidence, puisqu’ils ne le contestent pas, la majorité des Réfractaires, c’est-à-dire des opposants au Grand Remplacement, pensent que oui. Nombreux sont ceux qui, parmi ces Réfractaires, invoquent même les valeurs de la France en ayant à l’esprit les valeurs républicaines ! Certains se replient derrière la laïcité pour en faire un rempart face à l’islamisation : ils n’ont pas vu que la laïcité était un moyen, une « méthode » (Manuel Valls), pour construire le vivre-tous-ensemble, ce vivre-tous-ensemble qui nous étouffe et qui est cause de l’islamisation. D’autres voudraient, au nom de l’égalité, que les femmes des populations immigrées quittent leur hijab ou leur burqa : ils n’ont pas vu que l’égalité républicaine était un amoindrissement, un amoindrissement qui nous touche en premier lieu et qui nous mène vers le transgenrisme de la termitière humaine indifférenciée. Il en est aussi qui se drapent dans le drapeau tricolore, qui chantent la Marseillaise et qui pleurent sur une France toujours associée à la République. Ont-ils oublié que ce patriotisme républicain n’a servi qu’à éradiquer le peuple français et à répandre un mondialisme nauséeux dont le Grand Remplacement est l’effet boomerang en même temps que la touche finale ?
Pourtant, il suffit de s’attarder un instant sur les fondements du républicanisme sauce 1789 pour s’apercevoir que le Grand Remplacement est inscrit dans le patrimoine génétique républicain, qu’il est dans son logiciel idéologique, qu’il est dans la nature de la République, bref qu’il n’est pas accidentel. En posant comme un fait établi que le fonctionnement de la société peut être organisé selon des valeurs et des principes acceptables par tous les hommes « sans distinction d’origine, de race ou de religion », la République signifiait que le vivre-tous-ensemble est possible. Dès lors, pourquoi fermer les frontières ? Pourquoi ne pas accueillir, alors que l’on sait avec certitude, les républicains nous le disent et nous le répètent depuis plus de deux siècles, que les hommes peuvent vivre tous ensemble, que le modèle républicain fondé sur le principe d’universalité permet ce cosmopolitisme enrichissant ? Qu’est-ce qui pourrait légitimer le rejet, si ce n’est un racisme stupide et un antirépublicanisme doutant illégalement de ce principe d’universalité, donc de la République elle-même ?
Oublions la doctrine, regardons seulement les faits. L’Etat républicain interdit aux Autochtones de contester ses domaines d’action fondamentaux et notamment sa politique globale d’immigration et de substitution de peuple, son progressisme sociétal et sa politique d’avilissement des Autochtones.
Contester les politiques d’immigration et leurs conséquences en matière démographique, de délinquance, d’insécurité culturelle ou d’islamisation, revient à prendre le risque de se retrouver devant la XVIIe Chambre correctionnel, de perdre son emploi si l’on est fonctionnaire, enseignant ou journaliste, voire de se faire agresser par les supplétifs d’extrême gauche du régime. Il est à noter que ces supplétifs, no borders, black blocs…, jouissent d’une impunité quasi-totale, même lorsqu’ils agressent des policiers.
De la même manière, il est devenu difficile de s’opposer au progressisme sociétal sans subir les foudres de l’Etat républicain. Souvenons-nous comment ont été traités de nombreux militants pacifiques de la Manif pour tous. Voyez les connivences d’Etat avec le mouvement LGBTQ, ainsi que la criminalisation de l’homophobie et de la transphobie (jusqu’à 5 ans de prison et 75 000€ d’amende !). Ce progressisme sociétal n’est pas une nouveauté. Il est consubstantiel à la République depuis son origine. Dans les années 1790 le régime voulait détruire la famille patriarcale, aujourd’hui il entend détruire l’ordre sexué. L’objectif ne change pas : niveler la société, rendre les individus interchangeables et redistribuables.
Enfin, l’avilissement des Autochtones est nécessaire à leur domestication… et cette domestication est indispensable à l’établissement d’une société multiraciale ouverte. C’est l’Etat républicain qui enseigne à nos enfants une histoire dégradante qui par la honte de soi en fera des adultes soumis. C’est l’Etat républicain qui par ses lois punit ceux qui contestent cette histoire. C’est l’Etat républicain qui soupçonne automatiquement de racisme un Autochtone s’opposant à un Allochtone. C’est l’Etat républicain qui oblige à se taire, à s’écraser, à éviter, à partir. Protéger sa demeure, ne pas changer de trottoir, demander des comptes vous fera accuser si cela tourne mal et vous mènera souvent au tribunal, voire en prison. L’Etat républicain est d’une sévérité exemplaire envers les Autochtones qui restent debout. Ne sont-ils pas « racistes » ? Il est d’une clémence toute républicaine envers les Allochtones qui, eux, simples sauvageons, seraient les victimes d’une société autochtone qui les exclut. L’Autochtone est psychologiquement domestiqué par un système d’avilissement essentiellement fondé sur une histoire falsifiée (nous nommons «antijaphétisme », ce système raciste d’avilissement) et physiquement assujetti par un système étatique qui sera d’une violence inouïe dès lors qu’il aura manifesté sa volonté de s’opposer concrètement au progressisme sociétal et au Grand Remplacement.
Inutile de faire de grandes théories : tout, dans la situation que nous connaissons, montre qu’il y a une volonté clairement exprimée de construire et de rendre viable la société multiraciale. Or, le Grand Remplacement n’est que la conséquence logique de la formation d’un tel type de société. Si nous rapprochons les faits objectifs des fondements doctrinaux du républicanisme, la conclusion qui s’impose est que le vivre-tous-ensemble « sans distinction d’origine, de race ou de religion » n’est pas fortuit : il a été projeté. Le modèle de société imaginé dès 1789 par les républicains impliquait à terme la disparition de la France et de la francité dans une société mondialisée. Il ne pouvait en être autrement. Il ne faut plus refouler les réalités : tout dans la République montre son désir de diluer le peuple autochtone dans l’universel, rien dans la République montre un quelconque souci de préserver la survie d’un peuple autochtone dont l’existence est d'ailleurs explicitement niée !
Quand on fait ce constat, et le bon sens commande de le faire, il y a deux solutions :
- Soit on reste dans le modèle républicain. Dans ce cas, il nous faudra croire et proclamer que des hommes venus de toute la terre peuvent vivre tous ensemble dans une société harmonieuse organisée autour de la laïcité par exemple ou de la démocratie représentative. Mais alors, pourquoi s’opposer à l’immigration de peuplement, d’autant, nous explique-t-on, que le système de retraite et l’économie du pays en a besoin ? On se contentera d’adapter les flux. Il sera mal venu aussi de soulever le problème du Grand Remplacement puisque l’appartenance est juste une affaire de « papiers » et qu’un Malien fraîchement naturalisé est autant Français qu’un Français de souche (souvenez-vous : « il n’y a pas plus d’étrangers aujourd’hui qu’en 1930 »). Bref, si l’on reste dans le paradigme républicain, on se contentera au mieux de proposer des solutions boiteuses pour que la société multiraciale fonctionne plus ou moins bien (l’interdiction du voile, la tolérance zéro, la laïcité, l’interdiction de l’abattage hallal, la fermeture des mosquées salafistes, la liberté des femmes, etc.). On aménagera cette société mais on n’en changera ni les dynamiques internes, notamment démographiques, ni les fondamentaux idéologiques qui sont pourtant la cause de ce que nous vivons et de ce que nous vivrons. Un Réfractaire qui resterait dans ce paradigme républicain travaillerait à l’évidence contre son peuple puisque, last but not least, ce paradigme lui interdit même de reconnaître l’existence de celui-ci.
- Soit on sort du modèle républicain. Nous parlons ici d’une véritable sécession psychologique, intellectuelle, morale et politique. Notre peuple, le peuple autochtone, est enfermé dans un « corps d’associés » (Sieyès) multiethnique qui fait « république » ? Organisons-le sans faire de bruit, dotons-le sans raffut d’institutions représentatives, créons souterrainement des réseaux de sociabilité autochtones locaux et nationaux (voire européens), formons une société parallèle autochtone dotée d’un Etat parallèle autochtone, puis, lorsque nos ressources seront suffisantes, exigeons des droits collectifs autochtones croissants, du droit à l’existence jusqu’au droit à l’autodétermination. Bref libérons le peuple autochtone, notre peuple, de la gangue qui l’étouffe, l’emprisonne et le prive du droit d’écrire sa propre histoire.
Pour tout Réfractaire, le choix est donc très simple. Soit il accepte le paradigme républicain et il accepte ce qu’a produit ce paradigme. Soit il s’extrait de ce paradigme et il en élabore un autre. Nous proposons un autre modèle, un modèle qui en revienne au peuple réel. Nous posons que le peuple réel de ce pays n’est pas le « peuple français » au sens républicain de l’expression qui renvoie à un « ramassis de gens » de toutes les origines, mais le peuple autochtone : peuple blanc dont la culture sociétale est européenne et dont la religion sociétale est chrétienne (voyez notre Glossaire).
Le modèle que nous proposons ne suppose pas une stratégie de « prise de pouvoir » politique (ou culturelle !), tout au-moins pas immédiatement. L’axe moteur de ce modèle n’est pas le « corps d’associés » multiethnique, axe républicain, mais le peuple autochtone emprisonné dans ce corps d’associés, axe autochtoniste. En bonne logique, ce modèle doit donc formuler une stratégie de libération de ce peuple.
Ici, nous le voyons, le système de représentation a complètement changé. Nous laissons aux naïfs et aux Harkis de la République les symboles républicains, le roman républicain, les valeurs républicaines, les espérances cosmopolites républicaines… Nous interpellons la République pour le mal qu’elle a fait à notre peuple, pour le sang versé, pour l’avilissement, pour l’exploitation, pour le Grand Remplacement… Nous considérons la République comme une ennemie et un régime étranger. Nous voyons l’Etat comme un Etat de domination et de coercition : un Etat d’occupation. Nous revendiquons pour notre peuple le droit à l’existence nationale, le droit à la prééminence culturelle, religieuse et politique sur ces terres ancestrales. Nous revendiquons le droit à l’autodétermination. Comprenez-bien : nous voulons l’indépendance !
Ce changement de paradigme fait passer la lutte du terrain politicien truqué, car circonscrit par le régime d’occupation, à une lutte de libération. Nous renversons la table et nous jouons selon nos propres règles du jeu. Mais qui dit « lutte de libération » dit aussi changement total des psychologies : la psychologie d’un militant ou d’un contestataire politique n’est pas celle d’un combattant pour l’indépendance. Il ne s’agit plus d’infléchir le régime, mais de s’en émanciper. Il ne s’agit plus de « collaborer » avec celui-ci, il s’agit de le saper. Nous ne proposons pas des actions d’éclat, nous proposons un travail lent et patient, un travail non-violent d’organisation et de structuration du peuple autochtone, pour commencer. Nous n’avons pas besoin d’exaltés, nous avons besoin de bâtisseurs discrets capables d’agir sur le long terme, à petit bruit, avec méthode et constance, capables de fédérer autour d’eux un petit groupe d’Autochtones ou de s’investir dans une autre tâche à leur mesure, capables de s’inscrire humblement dans un projet historique et de servir un Etat souterrain. Nous avons besoin de gens persévérants et endurants. Puis lorsque le moment sera venu, lorsque le rapport de forces commencera à basculer de la République oppressive au peuple autochtone oppressé, cet Etat souterrain pourra se vouloir Etat souverain. Ce sera le moment de la lutte pour les droits.
Défendre la République ou ses « valeurs » est absurde d’un point de vue autochtone, et peut même s’assimiler à de la trahison si la nature réelle de cette République a bien été comprise. Seule la sécession, sécession de la République et du « corps d’associés » multiethnique qui l’incarne, a du sens pour un Réfractaire. Or cette sécession ne doit pas rester une affaire intime. Elle doit se manifester en acte, et cet acte doit s’inscrire dans un projet. Le projet autochtoniste que nous proposons est une stratégie non-violente de libération qui s’inscrit dans un modèle qui permet de penser la libération. Il sera de plus en plus difficile d’ignorer ce modèle et de ne pas adopter cette stratégie.
Antonin Campana