[Ce petit texte rapidement écrit avant des vacances d’été. Des vacances, pas tout à fait cependant : je dois terminer la rédaction de mon livre et encore trouver un éditeur compatissant (et çà, ce n’est pas gagné !). Nous nous retrouverons au mois de septembre…]
L’expression « Etat de droit » renvoie à une société constituée d’un ensemble d’individus mutuellement associés par « contrat ». L’idée a été proposée par Rousseau (Contrat social) et a été mise en œuvre pour la première fois par la République « française » à travers le « pacte républicain ». Cette association contractuelle forme un corps politique, une république, un Etat. Or, le contrat est un acte juridique. L’Etat qui émerge de cet acte circonscrit par le droit peut donc être nommé à bon escient « Etat de droit ».
L’idée d’un Etat cimenté par le droit (contractuel) s’oppose à l’idée d’un Etat cimenté par une identité partagée (culturelle). Cela signifie, puisque l’Etat est l’image de la nation, que la nation fondée sur le droit, nation civique, s’oppose à la nation fondée sur l’identité, nation ethnique.
On observera que, dans l’histoire, la nation civique apparaît toujours au terme d’une déstructuration radicale de la nation ethnique (par l’ingénierie sociale). Progressivement, sous l’action de forces politiques dissolvantes, la nation ethnique, groupe à la fois national, ethnique, racial et religieux, mute en nation civique, corps d’associés sans distinction d’origine, de race, ou de religion. C’est ce qu’il s’est produit pour le peuple français sous l’action républicaine, à partir de 1789. Nous avons nommé « Grand transfert » ce processus désintégrateur de basculement du peuple français de la « nation ethnique » à la « nation civique ».
Or, la convention des Nations unies pour la prévention et la répression du crime de génocide (1948) énonce que la « soumission intentionnelle d’un groupe [national, ethnique, racial ou religieux] à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle » est un acte de « génocide ». Si l’on s’en tient à cette Convention, l’Etat de droit est fondé sur le génocide puisque, par nature et nécessité, il doit absolument détruire le groupe en tant qu’ensemble ethnique, racial et religieux, pour former ensuite une association contractuelle, c’est-à-dire un agrégat juridique ouvert à tous les hommes « sans distinction d’origine, de race ou de religion » (Constitution, article 1).
La République est un Etat de droit. Elle nie d’ailleurs le peuple autochtone en tant que groupe national, ethnique, ou religieux. Elle ne reconnaît pas son existence. Elle le remplace progressivement. La République confirme donc que l’Etat de droit implique le génocide. Les historiens du futur, s’il en reste, seront effarés par la somme de crimes, d’humiliations et d’infamies que notre peuple a supportés stoïquement : « Il a été maltraité et opprimé, Et il n'a point ouvert la bouche, Semblable à un agneau qu'on mène à la boucherie, A une brebis muette devant ceux qui la tondent; Il n'a point ouvert la bouche » (Esaïe 53-7). Jusqu’à quand cela peut-il durer ?
Antonin Campana