La République s’adresse à « l’homme » générique (l’homme des « droits de l’homme »). Elle se veut universelle en ses fondements, en son modèle d’organisation (le « vivre-ensemble ») et en ses principes de fonctionnement. D’un point de vue républicain, cette universalité postulée justifie que le « pacte républicain » soit ouvert à tous les hommes sans distinction d’origine, de race ou de religion. D’un point de vue républicain toujours, cette universalité postulée rend possible le vivre-tous-ensemble dans une société égalitaire (les frères Kouachi n’étaient pas d’accord).
Autrement dit, le modèle de société multiraciale établi par la République ne peut se justifier que par son universalité. Si ce modèle ne reposait pas sur des valeurs, des principes, une organisation et un fonctionnement acceptables par tous les hommes « sans distinction », alors intégrer au milieu du peuple français de souche européenne des millions d’extra-européens serait moralement condamnable, politiquement destructeur et historiquement suicidaire. Le modèle républicain de société serait à l’évidence voué à l’échec, le vivre-tous-ensemble ne fonctionnerait pas et l’on assisterait à une concurrence culturelle plus ou moins conflictuelle entre les différents groupes ethniques, jusqu’à ce que l’un d’entre eux impose à tous son propre modèle de fonctionnement.
Bref, la République est enfermée dans l’universalité qu’elle proclame et dont elle ne peut sortir sans reconnaître le caractère utopique et dangereux de son modèle de société.
Cependant, en prétendant participer de l’universel, la République avoue ne pas participer du spécifique. L’universel et le spécifique s’excluent mutuellement. Tout ce qui est universel est extérieur au spécifique et tout ce qui est spécifique ne peut être universel. Or la France est une nation spécifique et la francité est une identité spécifique. La République universelle n’est donc pas plus « française » que « moldave ». Les valeurs universelles de la République ne relèvent pas plus de l’identité française que de l’identité pachtoune, puisqu’elles relèvent de l’Homme.
L’Etat « français », au service de la République, est donc mis au service de l’universel. Et comme la République est aussi étrangère à la France que l’universel est étranger au spécifique, nous pouvons dire que l’Etat républicain est au service de l’étranger.
Poser la République comme étrangère change complètement la manière d’analyser la situation politique et d’envisager le destin du peuple autochtone. La lutte ne peut plus être une lutte pour avoir un strapontin dans les structures du pouvoir : ce doit être une lutte de libération, dans un schéma anticolonial. Car si la République est étrangère, alors elle s’inscrit dans une logique de domination coloniale. Faut-il rappeler ce que la République a fait depuis deux siècles à notre peuple ? Faut-il rappeler que pour s’imposer elle a expérimenté sur les Français les premiers génocides ? Faut-il rappeler que pour étendre son empire, elle a fait des Français ses premiers Tirailleurs sénégalais ? Faut-il rappeler que pour enrichir ses élites bourgeoises, elle a fait des Français ses premiers Nègres ? Faut-il rappeler que le premier peuple nié fût le peuple autochtone de France ? Faut-il rappelé comment elle avilit aujourd’hui les Autochtones et se sert de leur peuple pour recevoir et nourrir des masses immigrées ? Un régime véritablement « national » ferait-il cela ?
Si la République et l’Etat à son service doivent être stratégiquement considérés comme étrangers, qu’en est-il des républicains eux-mêmes ?
Il faut faire ici une distinction entre les républicains « innocents », au sens biblique du terme, et les républicains conscients. Les premiers, l’immense majorité en fait, ne connaissent ni les tenants ni les aboutissants de leur républicanisme superficiel. Le royaume des cieux leur appartient sans doute. Les seconds, ceux qui « savent », sont à l’évidence à considérer comme étrangers, ou traîtres. Ils sont « Français » au sens juridico-administratif du terme mais se sont exclus de leur peuple spécifique en voulant rejoindre un « corps d’associés » ouvert sur l’universel. Ce sont des « colons » qui participent à la mise en esclavage et à la destruction du peuple autochtone. Nous ne devons pas les considérer comme des compatriotes, même si leur nom, leur lignée, leur langue, leur religion ou la couleur de leur peau disent le contraire.
Poser l’Etat républicain comme « Etat colonial » permet d’avoir une conscience plus claire de la situation. L’Etat républicain est au service d’une entité qui dilue le peuple autochtone dans l’universel. Cette entité est dissolvante par nature et non de manière accidentelle. Elle n’a rien à voir avec la France. Elle possède la France comme un démon possède un corps. Certains se sont ralliés à ce démon, d’autres non. Il faut envisager la libération du peuple autochtone comme un prêtre envisage un exorcisme. On ne peut négocier avec le démon républicain. Il se servira du corps national jusqu’à ce qu’il l’ait détruit. La lutte doit être totale. Désigner l’ennemi, reconnaître ceux qui se sont ralliés à lui sera le premier acte de résistance. Ne pas comprendre la nature « diabolique » de la République revient à s’y soumettre… et à perdre son âme.
Antonin Campana