Suite au texte « Preuves à l’appui : Le « Pacte républicain » est une fiction et la « nation civique » est un coup de force permanent ! », quelques lecteurs nous ont fait observer que la République se voulait fondée sur un « pacte » mais aussi sur un « consensus social ». Cela est tout à fait juste. Pour le Haut Conseil à l’Intégration, que nous citions, les « valeurs républicaines » sont ainsi « le résultat d’un consensus social et politique toujours renouvelé où les Français issus de l’immigration ont d’ailleurs historiquement eu leur part » (Faire connaître les valeurs de la République, rapport 2009).
Un consensus est un « accord des volontés sans opposition formelle » (Wikipedia). En droit, un « accord » n’est valable que s’il est librement consenti. Un accord par obligation, donné sous la contrainte, la menace ou la tromperie, n’a par conséquent aucune valeur. Autrement dit, il ne peut par définition y avoir un « consensus » là où la libre discussion n’est pas possible. Or le régime politique républicain n’est pas discutable puisqu’il est interdit de le remettre en cause sous peine de poursuites pouvant aller jusqu’à l’emprisonnement (Constitution article 89, Code Pénal article 410-1, loi 2013-711 article 706-5, loi 2015-912 article L-811-3). Ce régime est donc moins le résultat d’une décision consensuelle que d’une volonté dictatoriale utilisant la violence, en atteste d’ailleurs l’histoire révolutionnaire comme celle des débuts de la IIIe république.
Le manque « d’opposition formelle » au régime républicain établit-il quant à lui la réalité d’un « consensus » qui légitimerait la République ? Nous ferons remarquer qu’un tel « consensus » existait à propos du régime soviétique au temps de Staline, de Brejnev, de Gromyko… ce qui n’a pas empêché ce régime de s’effondrer peu après le départ de ce dernier. Il ne faut donc pas confondre « consensus » et « résignation » (momentanée). Peut-on réellement invoquer un consensus autour des valeurs républicaines quand 75% des Français considèrent que l’emploi de termes comme « République » et « valeurs républicaines » ne les touchent pas et ne leur parlent pas (85% chez les sympathisants du FN. Sondage IFOP, septembre 2016) ?
Cette passivité et cette résignation, toute relatives, apparaissent clairement comme le produit d’une violence physique, morale, psychologique, idéologique, sociétale exercée en amont depuis des décennies. Laissons de côté ici les violences révolutionnaires (un génocide quand même !), coloniales (des centaines de milliers de jeunes Français sacrifiés au nom de l’universalisme républicain !), politiques, intellectuelles, religieuses, migratoires… et contentons-nous, pour faire court, d’une citation du Haut Conseil à l’Intégration (rapport 2009, cité plus haut). Celui-ci se targue sottement de l’odieuse manipulation mentale qui a permis au régime de formater l’esprit des Français à son avantage :
« Les stratégies symboliques développées par le volontarisme républicain des années 1880-1920 avaient bien pour objectif d’unir la République et ses citoyens dans un contexte d’hostilité au régime (on pensera notamment à la crise boulangiste ou à l’affaire Dreyfus) voire d’indifférence citoyenne à l’égard de l’idéal politique républicain. C’est dans ce contexte que les Républicains ont mis en œuvre un ensemble d’outils visant à encourager l’attachement sentimental au régime. C’est ainsi dans ces années 1880-1900 que la symbolique républicaine s’est imposée : buste de Marianne, fête nationale du 14 juillet, promotion de La Marseillaise, exposition du portrait présidentiel, célébration du centenaire de la Révolution de 1789. (…) la culture républicaine (…) résulte d’une longue imprégnation commencée dès l’enfance, à l’école » !
En éthologie, « l’imprégnation » vise essentiellement à déclencher un « comportement instinctif » chez l’animal. La République a donc traité les Français comme des animaux. Elle a voulu qu’ils soient « instinctivement » républicain. Elle leur a fait subir un intense processus de dressage et de domestication jusqu’à ce qu’ils ne soient plus ni « hostiles », ni « indifférents » à l’égard de l’idéal politique du régime. Pavlov n’aurait pas fait mieux, mais peut-on encore parler d’un « accord librement consenti » et d’un « consensus social » ?
En résumé, les plus hautes instances républicaines que nous citons, hautes instances qui, notons-le, n’ont jamais été contredites, avouent que le pseudo « consensus républicain » n’est que le produit d’une domestication sociale faite dès l’école. Pour elles, un Français n’est guère plus qu’un chien qui salive au son d’une clochette. Tout est dit et cet aveu condamne le régime.
Antonin Campana