Quel déferlement médiatique organisé à l’échelle mondiale ! Ou plutôt, puisque les pays d’Asie et d’Afrique ne semblent pas concernés, quel déferlement organisé à l’échelle occidentale ! Ou plutôt, puisque l’Amérique latine semble encore épargnée, quel déferlement organisé dans le « monde blanc » seulement. Je veux parler bien sûr de cette véritable opération de guerre psychologique soigneusement conçue et planifiée, se répercutant « spontanément » telle une onde de choc dont l’épicentre serait un producteur de film hollywoodien et touchant les « porcs », c’est-à-dire, suivez mon regard, principalement ceux qui en mangent. Nul n’ignore en effet que le mot « porc » est une insulte réservée par certains musulmans aux mécréants. C’est donc bien le mâle blanc, hétérosexuel et chrétien qui est visé ici. Cette opération internationale participe à l’évidence d’un système d’avilissement du mâle blanc, un système qui vise à littéralement le castrer. Ce harcèlement est donc, pour le coup, un véritable harcèlement sexuel, un harcèlement sexuel aux effets bien plus destructeur qu’une simple main aux fesses.
Revenons à l’affaire et à ce déluge de dénonciations de « porcs ». De quoi se plaignent ces actrices, ces journalistes et même ces quelques femmes qui « font de la politique ». Principalement (je laisse ici de côté les véritables prédateurs sexuels, il y en a, mais ça n’est pas la majorité du genre), de mots grossiers («Tu as des gros seins. Tu es mon type de femme. Je vais te faire jouir toute la nuit»), de gestes déplacés, de chantage sexuel à la promotion, d’exhibitionnisme, etc… Autrefois, il était de bon ton que les femmes d’honneur règlent cela par une paire de claque, une sévère remise en place verbale, un mot à leur époux, voire une plainte dans les cas les plus graves. Celles qui préféraient leur carrière à leur dignité pouvaient « laisser faire ». Je lis que l’actrice Lysette Anthony s’est faite violée par le producteur de film Weinstein mais qu’elle « s’est sentie obligée de continuer à le voir pour le bien de sa carrière ». Une autre se tait « pour ne pas perdre son emploi », une troisième pour ne pas porter préjudice au film dans lequel elle avait un rôle. Etc. Donc, si je comprends bien, ces femmes avaient le choix entre leur honneur et leur carrière. Elles ont choisi leur carrière ! Libre à elles, mais pourquoi se plaindre « après », quand leur carrière, précisément, n’est plus en jeu ? Trop facile ! En faisant cela, ne se conduisent-elles pas comme des « truies » ? N’ont-elles pas encouragé et en quelque sorte engendré le « porc » qu’est devenu Weinstein ? Car, Weinstein serait-il devenu Weinstein si cette stagiaire qui a consenti à le masser lui avait plutôt donné une bonne paire de gifles ? Si cette jeune étudiante qui a bien voulu se déshabiller devant lui avait pris ses jambes à son cou ? Si toutes celles qui ont préféré faire des « accords amiables » avec le producteur avaient plutôt déposé une plainte contre lui ? Car c’est un fait, si toutes ces femmes avaient préféré leur dignité à leur carrière, si elles s’étaient conduites convenablement, le producteur Weinstein aurait changé d’attitude ou n’aurait rien produit du tout.
Mais pourquoi limiter cela au sexe ? Toutes les relations hiérarchiques peuvent obliger à faire un choix entre le respect qu’on se doit et des avantages matériels. Est-il honorable de se soumettre à une décision que l’on juge mauvaise ? Jusqu’à quel point cela est-il compatible avec l’estime de soi ?
Souvenons-nous du massacre de My Lai en 1968. Des soldats américains avaient reçu l’ordre d’exterminer tous les habitants d’un village vietnamien. L’ordre a été respecté par la plupart d’entre eux. Quelques uns s’y sont opposés au péril de leur vie (pas d’une « carrière » !). Si certains soldats ont choisi leur honneur, d’autres ont donc préféré se soumettre à l’inacceptable. Dit-on que ces derniers sont des « victimes » ? N’ont-ils pas une part de responsabilité dans ce massacre ? De la même manière une starlette, une « politicienne », une journaliste, une personne quelle qu’elle soit qui est dans une situation inacceptable pour son honneur, et qui laisse faire par intérêt direct ou indirect, est autant complice que victime.
Si Weinstein est un porc, et il l’est sans conteste, alors celles qui le « balancent » en différé et toute carrière préservée, sont un peu des truies.
Antonin Campana