[Pour nos nouveaux lecteurs, je rappelle que la « restauration nationale » dont nous parlons ici concerne exclusivement le peuple autochtone (le peuple des Français de souche européenne pour faire court). En République, le peuple autochtone forme avec le « ramassis de gens » (Bible, Nombres 11.4) installé au milieu de lui, un « corps d’associés » (Sieyès), « corps d’associés » qui ne forme, si ce n’est pour le dogme républicain, ni un « peuple », ni une « nation ». Pour plus d’explications nous renvoyons le lecteur à nos textes précédents (ici par exemple, ou ici , voire également notre Glossaire].
Par nature, le Réfractaire au « vivre ensemble » n’est pas un mouton aimant à cheminer dans un troupeau. C’est généralement un individu qui raisonne en toute autonomie, peu influençable, au caractère parfois rugueux. Prenez deux Réfractaires, vous aurez deux partis différents. C’est comme ça.
Le profil psychologique du Réfractaire comporte donc un avantage et un inconvénient. L’avantage : vous pourrez toujours compter sur le Réfractaire pour être un caillou dans la chaussure du pouvoir. L’inconvénient : vous pourrez attendre longtemps avant de voir deux Réfractaires unir leur force pour être davantage qu’un caillou ! On conviendra que c’est un inconvénient majeur si l’on attend des Réfractaires qu’ils soient les éléments déclencheurs du Grand Rassemblement. Pourtant, ils sont la partie consciente de notre peuple et l’avenir de celui-ci reposera uniquement sur leur capacité à taire leurs divergences.
L’Histoire nous montre que cela n’est cependant pas impossible. Dans des situations d’urgence, la psychologie du Réfractaire ne lui interdit pas de travailler avec ses pairs. Cette union paradoxale produit en général de fortes répercussions historiques. Voici deux ou trois exemples, il y en a d’autres. Je tire délibérément le premier de l’histoire juive, car celle-ci comporte de nombreuses similitudes avec la nôtre, nous y reviendrons dans un prochain texte.
En 70 de notre ère, le Second Temple est détruit par les légions romaines de Titus. Cet évènement majeur interdit définitivement la pratique de la religion yahviste centrée sur le Temple, et risque d’entraîner la disparition de la population hébraïque par assimilation. C’est en effet le yahvisme qui structure l’existence religieuse, culturelle, sociale, idéologique de la population hébraïque, qui empêche aussi les mariages avec les étrangers (donc le métissage) ou l’adoration de faux dieux (donc l’acculturation). Certains Réfractaires Hébreux opteront pour l’enfermement dans un « camp des saints ». Ce sera Massada et le suicide collectif. D’autres, plus avisés, se réuniront dans une ville du nom de Yahvné, sous l’impulsion de Yohanan Ben Zakkaï et de Gamaliel II, deux Maîtres connus et reconnus. Les Réfractaires de Yahvné ont, comme il se doit, des opinions fréquemment contradictoires. Néanmoins ils les subordonnent toujours à la nécessité de restaurer la nation juive. Ils vont ainsi prendre la direction du peuple juif dispersé, qu’ils vont rassembler et souder grâce à une nouvelle religion : le judaïsme. Ce sont les Réfractaires de Yavné qui ont véritablement sauvé le peuple juif d’une dilution certaine.
Je tire le second exemple de la Résistance française durant la seconde guerre mondiale. Dans les premières années de la guerre, les différents mouvements de résistances étaient fortement cloisonnés, autonomes, voire hostiles. Les relations entre les maquis étaient inexistantes. Il n’y avait pas d’action organisée et coordonnée entre les différents groupes, ce qui nuisait fortement à l’efficacité de l’ensemble. Bref : les Réfractaires ne travaillaient pas ensemble, voire se combattaient. Pourtant, les uns et les autres avaient un but commun : libérer le territoire national. Sous l’impulsion du général de Gaulle et de Jean Moulin, deux personnalités connues et reconnues, un Conseil National de la Résistance, va unir les Réfractaires à l’Occupation, toute tendance politique confondues (de la Cagoule au Parti Communiste et de la CGT à la droite catholique) ! Ce sont les Réfractaires du CNR qui ont permis une relative indépendance de la France après la « Libération ».
Dans ces deux exemples, des Réfractaires ont été capables d’unir leurs forces pour sauver leur nation et leur peuple d’une destruction physique et identitaire, malgré leurs divergences et leurs antagonismes antérieurs. Notons que cette unité dans l’intérêt supérieur de la Nation n’a pas eu pour condition l’arasement de ce qui les différencait. Dans le CNR, les communistes sont restés communistes et les gaullistes sont restés gaullistes. Les Grecs qui mettent fin à leurs querelles face aux Perses, restent pleinement Spartiates ou Athéniens. Jusqu’à la fin des périls menaçant la Nation, les uns et les autres mettent de côté leurs ressentiments et subordonnent leurs intérêts particuliers à l’intérêt général. Contre exemple : les Gaulois face à Rome. On sait ce qu’il advint.
De ces quelques exemples, il est sans doute possible de tirer un enseignement. Revenons aux Grecs : à Platée (479 avant notre ère), le hoplite Grec sait que son devoir est de lutter pour la Grèce toute entière et non seulement pour sa Cité. Il comprend que c’est par l’union de tous les Grecs que la Grèce sera sauvée. Il sait que cette unité passe outre les oppositions politiques qui divisent traditionnellement les Cités. Il reconnaît que tous les Grecs sont bienvenus à ses côtés et il sait qu’il n’est nul besoin de se remémorer les querelles d’antan. Encore mieux : il considère comme un frère d’arme le Corinthien et l’Athénien qui est dans ses rangs et à ce titre ne les abandonnera jamais sur le champ de bataille.
Platée sera une grande victoire dont le Réfractaire doit s’inspirer. Le Réfractaire est un hoplite Grec, un Juif de Yahvné, un Résistant du CNR. Il doit faire siens les principes simples qui ont permis à des gens différents, aux personnalités marquées, de s’entendre malgré ce qui les séparaient, avec pour seul objectif de libérer leur peuple. Transposés à notre situation présente, ces principes pourraient s’énoncer ainsi :
Principe 1 : Le Réfractaire reconnaît que la sauvegarde du peuple autochtone est son premier devoir.
Principe 2 : Le Réfractaire reconnaît que c’est seulement par l’union des forces réfractaires et l’organisation du peuple autochtone que cette sauvegarde pourra être assurée.
Principe 3 : L’unité des forces réfractaires se fait sur une base apolitique et areligieuse : seul compte l’intérêt supérieur de la Nation autochtone et notamment le droit du peuple autochtone à disposer de lui-même.
Principe 4 : Tous les Réfractaires voulant agir dans l’intérêt supérieur de la Nation autochtone sont les bienvenus dans le corps politique naissant. Nul ne peut les ostraciser en raison de leurs convictions personnelles, notamment politiques ou religieuses.
Principe 5 : Le Réfractaire s’engage à ne pas faire état de ses convictions politiques ou religieuses au sein des forces réfractaires unies et de toujours subordonner ses choix et ses actes aux intérêts fondamentaux du peuple autochtone.
Principe 6 : Le Réfractaire est en toute circonstance solidaire des autres Réfractaires, quels que soient par ailleurs leurs convictions, voire leurs engagements dans la société multiethnique (si tant est que ceux-ci n’aillent pas à l’encontre des intérêts fondamentaux du peuple autochtone).
Ces principes très simples doivent permettre de concilier à la fois la liberté individuelle et la nécessité de subordonner cette liberté au devoir de travailler ensemble pour libérer notre peuple. Sans se renier, chacun trouvera sa place dans la construction d’un Etat autochtone « laïque » et politiquement neutre. Il faut bien comprendre qu’il s’agit d’entamer une restauration nationale, non de fonder un nouveau mouvement politique.
Patriotes, nationalistes, souverainistes, monarchistes, identitaires, régionalistes, catholiques, traditionnalistes, protestants, orthodoxes, païens, athées… nous avons tous vocation à nous rassembler pour sauver notre peuple d’une destruction physique programmée. L’unité ne signifie pas le renoncement à nos convictions ou l’acceptation de nouveaux principes philosophiques. Libérer son peuple est un devoir, ce n’est en aucun cas un programme politique ou une doctrine religieuse.
Antonin Campana