[Dans Synthèse autochtone 12, nous avons posé la question de la survie du peuple autochtone et noté que pour répondre à cette question d’un point de vue réfractaire il y avait essentiellement quatre options :
Option 1 : le « Camp des saints »
Option 2 : L’entrisme politique ou métapolitique
Option 3 : Le remigrationnisme
Option 4 : L’autochtonisme
Nous avons envisagé (ici) la première option, puis (ici) la seconde et (ici) la troisième. Le texte ci-dessous traite de la dernière option, la seule valable dans la situation actuelle : la solution autochtoniste]
Puisque la République représente la société globale, c’est-à-dire l’ensemble des individus appartenant administrativement à l’Etat républicain, quelles que soient leurs lignées, leurs origines, leurs cultures et leurs religions…;
Puisque le peuple autochtone de lignée européenne, de culture européenne et de religion helléno-chrétienne, subit la pression de la société hétérogène engendrée par la République, se faisant notamment « remplacer » sur ses propres terres ancestrales ;
Puisque la République nie l’existence du peuple autochtone de lignée européenne tout en continuant d’apporter des populations étrangères au milieu de lui ;
Puisqu’aucune instance représentative autochtone n’est reconnue par la République au contraire du CRIF pour les Juifs, du CRAN pour les Noirs, du CFCM pour les Musulmans, du CRAAF pour les Asiatiques ou du CCMTF pour les Turcs ;
Puisqu’un racisme d’Etat, que nous nommons « antijaphétisme », fait du peuple autochtone le peuple bouc émissaire de l’échec du « vivre tous ensemble » républicain ;
Puisque par la « démocratie » républicaine, le destin incertain du peuple autochtone dépend de plus en plus largement de gens qui n’en font pas partie, voire qui lui sont hostiles ;
Alors le peuple autochtone de lignée européenne est fondé à faire usage du droit international, notamment la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des peuples Autochtones.
Alors le peuple autochtone de lignée européenne est fondé, conformément à ce Droit, à réclamer le droit à l’existence, le droit d’être reconnu, le droit d’être protégé et le droit de disposer de lui-même ;
Alors les Autochtones sont fondés, conformément à ce droit, à s’administrer eux-mêmes, organisant leur peuple et le dotant d’institutions politiques, juridiques, sociales, culturelles, scolaires… distinctes ;
Alors les Autochtones, conformément à ce droit, peuvent revendiquer une nationalité distincte, une identité distincte et la libre possession de leurs terres ancestrales;
Alors, le peuple autochtone de lignée européenne a un devoir de résistance jusqu’à ce que la République dite « française » reconnaisse ses droits fondamentaux.
Il ne sert à rien d’investir la République, ni de lutter contre la République : il suffit de la « vider » en s’émancipant de la République. Le système qui nous détruit ne fonctionne qu’avec notre complicité, parce que nous suivons ses règles. Qu’est-ce qui nous interdit, si ce n’est notre aveuglement, de fonder un Conseil Représentatif Autochtone mandaté pour relier les Autochtones sur une base apolitique (étant entendu que la défense de la Nation – nation autochtone s’entend- transcende tous les clivages politiques) ? Qu’est-ce qui nous empêche, si ce n’est notre aliénation, de fonder une nation structurée au sein du melting pot républicain ? Qu’est-ce qui nous empêchera ensuite de recouvrer ce qui nous appartient et qu’un régime politique illégitime a fait sien, à commencer par nos terres et notre nom ?
Historiquement, seules les communautés organisées sont en mesure de survivre dans des milieux hostiles. Les autres disparaissent inexorablement. Nous avons montré à partir de l’exemple des Juifs, des Druzes, des Chaldéens ou des Roms quels étaient les points communs des communautés résilientes :
Forte endogamie
Pratique de l’entre-soi et refus du « prosélytisme »
Refus de l’assimilation
Conscience ethnique affirmée
Double règle de moralité (une règle valable à l’intérieur du groupe –ne pas pratiquer le prêt à intérêt par exemple – et une règle valable à l’extérieur du groupe – l’usure est légale avec les étrangers. Dt 23,20-21)
Aptitude à la violence légitime (autodéfense)
Mise en place d’institutions parallèles à celle du groupe dominant (institutions religieuses, d’entraide, de justice, de pouvoir…).Exemple : les achirets tribaux chez les Chaldéens, les Ukkal chez les Druzes, la kris chez les Roms, synagogues ou consistoires chez les Juifs…).
Au contraire des communautés résilientes, les communautés qui ont disparu ne présentaient ni lignes d’autorité structurantes, ni règles de fonctionnement interne, ni institutions qui assuraient leur cohésion et leur défense, ni autonomie par rapport à l’Etat dominant (Pieds-noirs d’Algérie, Blancs de Rhodésie, Gorani du Kosovo, Slaves d’Italie…). Autrement dit, soit, à l’instar des Pieds-noirs, nous comptons sur la République pour nous représenter et nous protéger, avec les conséquences que l’on sait, soit comme les Serbes du Kosovo groupés derrière leur Eglise, nous formons un peuple dans l’Etat et une nation unie dans la soupe mondialisée. L’Histoire nous apprend qu’il vaut mieux prendre en charge son destin plutôt que de le faire dépendre d’un régime politique qui vous ignore.
L’autochtonisme est la condition de notre survie. Mais l’autochtonisme n’est pas un but en soi : c’est seulement une « technique de survie ». Son ambition est de restructurer notre peuple, de le mettre en ordre de bataille pour surmonter les défis mortels qui lui sont lancés. Le but final est notre Libération : la maîtrise de notre destin par le droit à disposer de nous-mêmes, la possession pleine et entière de nos terres ancestrales, la réaffirmation sur notre territoire du caractère sociétal de notre culture et de notre religion.
En tant que « technique de survie » et modèle d’organisation, l’autochtonisme n’est pas « politique ». Autrement dit, il est en capacité de rassembler tous les Autochtones quels que soient leurs choix politiques ou métapolitiques du moment… si tant est qu’ils soient conscients de la nécessité de construire une arche à leur peuple. Il apparaîtra bientôt à tous que les différentes sensibilités qui divisent aujourd’hui le camp réfractaire sont insignifiantes au regard des enjeux et des périls. Que quelques centaines de dissidents décrètent aujourd’hui la renaissance de la nation autochtone et nous serons demain plusieurs millions. Un boulevard s’ouvre à nous : il suffit de s’y engager !
Antonin Campana