[Dans Synthèse autochtone 12, nous avons posé la question de la survie du peuple autochtone et noté que pour répondre à cette question d’un point de vue réfractaire il y avait essentiellement quatre options :
Option 1 : le « Camp des saints »
Option 2 : L’entrisme politique ou métapolitique
Option 3 : Le remigrationnisme
Option 4 : L’autochtonisme
Nous avons envisagé (ici) la première option, puis (ici) la seconde, le texte ci-dessous traite de la troisième]
Le remigrationisme se réduit trop souvent à un slogan masquant une radicalité de salon ou à une utopie justifiant l’inaction par des déclarations guerrières. Brandir L’idée de remigration sans envisager ni sa faisabilité, ni sa mise en œuvre relève de la posture. La remigration est évidemment le but à atteindre si l’on espère libérer notre peuple du « corps d’associés » qui dispose de lui. Mais par quels moyens et dans quel contexte cette remigration peut-elle se produire ?
Laurent Ozon, ancien membre du Bureau politique du Front National, fondateur d’un éphémère « Mouvement pour la Remigration », est sans doute l’un de ceux dont la pensée sur le sujet est la plus aboutie.
Ozon définit la remigration comme un processus construit et politique d’inversion des flux migratoires. Il estime que ce processus est matériellement possible sur des délais historiques très courts, comme l’a prouvé l’Histoire à de multiples reprises, mais aussi qu’une majorité de Français pourrait être sensible à ce projet. 75% d’entre eux estiment en effet qu’il y a « trop d’étrangers en France » (sondage CNCDH, avril 2014). Or dit Ozon, lorsqu’on pense qu’il y a trop de quelque chose, c’est que l’on voudrait qu’il y en ait moins. La Remigration s’imposera donc comme la solution en adéquation avec cette volonté. Cependant, pourrait-on lui opposer, une majorité molle, dispersée, apathique et non organisée est-elle en capacité de contrecarrer le projet d’ingénierie sociale menée par une oligarchie disposant de tous les moyens de contrainte ?
Sans doute que non et Ozon est bien conscient du problème. Le mouvement de remigration suppose ainsi, selon lui, plusieurs « préalables ».
Il faut tout d’abord que le rapport de force soit favorable et que « les temps soient mûrs ». La question ne pourra se traiter que dans un contexte tourmenté, avec une conflictualité extrême et des tensions insurmontables.
Des phases transitoires doivent être envisagées avant la remigration. Le regroupement et la communautarisation des allogènes aujourd’hui saupoudrés sur le territoire national doit être encouragé. Des alliances temporaires seront dès lors possibles avec certaines communautés contre d’autres.
Quand le niveau de stress de la société aura radicalisé le contexte politique et social, la répression d’Etat qui s’ensuivra provoquera, selon Ozon, un basculement violent qui imposera une élite nouvelle.
En attendant que les « temps soient mûrs », il faut se « préparer », il faut produire des élites, il faut « anticiper », il faut « relier », il faut « faire des choses ensemble », il faut « révéler » et se placer dans une « sociologie de combat ».
On le voit ce remigrationnisme n’est pas du « çavapétisme », même s’il suppose que le « vivre tous ensemble » explosera inéluctablement. Il ne propose pas d’attendre passivement le Grand Soir en affûtant ses couteaux. Au contraire, il commande de se préparer en tant que groupe organisé faisant face à d’autres groupes (déjà) organisés. Comment envisager la remigration quand les Autochtones ne sont plus « reliés » et n’ont pas d’autres choix que le chacun pour soi ?
Cette lucidité distingue un Laurent Ozon de la plupart des remigrationnistes. Si nous n’organisons pas le peuple autochtone, ou au moins sa fraction consciente dans un premier temps, non seulement il n’y aura pas de remigration, mais face à des communautés qui, elles, sont déjà structurées, nous serons les grands perdants de la « conflictualité » à venir. En soi, le remigrationnisme ne mène à rien et ne permettra pas la survie du peuple autochtone : il n’est qu’une illusion démobilisatrice. Pour qu’il devienne une potentialité politique, le remigrationnisme doit être subordonné à un long et patient travail de rassemblement des autochtones puis de reconstruction de leur nation dispersée.
Seul l’autochtonisme pourra donc faire de la Remigration une réalité historique. La Remigration sans l’autochtonisme n’est qu’un fantasme démobilisateur.
Antonin Campana