Horreur et damnation : Marine le Pen vient d’affirmer que la France n’était « pas responsable » de la rafle du Vel’ d’Hiv' !
La « violence du propos » (Huffingtonpost) a immédiatement déclenché un immense tollé et l’intervention d’historiens de cour pour qui la responsabilité de la France est bien sûr « accablante ». Sur un air connu, les bonnes âmes se sont emparées de « l’affaire » : Israël condamne, les journalistes polémiquent et les politiciens s’indignent. Pourtant, nos grands esprits se sont-ils réellement interrogés sur ce que signifie la mise en accusation de la France ?
Si la France est responsable du Vel’ d’Hiv', cela veut dire que ceux qui ont ordonné et exécuté la rafle incarnaient la France, qu’ils agissaient en son nom, qu’ils étaient les représentants de la Nation tout entière et que donc, conséquence troublante de ce postulat, le pouvoir qu’ils exerçaient était de ce point de vue tout à fait légitime. Je rappelle que nous parlons ici du régime de Vichy !
Donc, soit on estime avec Marine Le Pen que le régime de Vichy ne représente que lui-même et on ne peut imputer à la France les crimes que celui-ci a commis. Bonne nouvelle : dans ce cas ledit régime n’a aucune légitimité.
Soit on estime avec Chirac, Hollande ou Mélenchon que les crimes de Vichy sont ceux de la France et il faut admettre alors que Vichy incarne la France. Et puisque Vichy est l’image de la Nation, la légitimité du régime en question n’est plus contestable… ce qui pose quand même un léger problème historiographique !
En effet, si un régime politique incarne pleinement une nation, au point même que les actes de ce régime puissent être attribués à cette nation, alors ceux qui s’opposent à ce régime ne sont-ils pas des factieux et pour tout dire des traîtres à la nation ? Quid de Jean Moulin, Tom Morel, de Gaulle ?
Pour sortir de cette impasse absurde, les contempteurs de la France sont contraints à de déchirants reculs. Ce n’est pas toute la France « bien sûr » qui serait responsable de la rafle, mais une France minoritaire seulement : celle de la collaboration, celle de Pétain, celle de Vichy, bref : la France instaurée par la République elle-même lorsque le 10 juillet 1940 son Assemblée nationale a voté les pleins pouvoir au Maréchal (569 députés républicains pour, dont 71% des socialistes, et 80 contre !) !
Mais ne nous laissons pas abuser, car l’objectif de cette falsification de l’histoire qui ramène une nation millénaire à un régime qui dura quatre ans est d’avilir les Français de souche. Qui compose en effet cette France prétendument responsable de la rafle du Vel’ d’Hiv ? Les Juifs sont les victimes et les futurs Français de préfecture n’ont pas encore immigré. Cette France est donc bien celle des Français de souche, chacun le sait. Accuser la France revient donc à discriminer les Autochtones dans le « corps d’associés », puis à les culpabiliser, à les avilir par la honte, à salir leur identité nauséabonde, cette « idéologie française » qui expliquerait tous les crimes commis pendant l’occupation. L’accusation de la France, de la France autochtone seulement, alimente donc le système d’avilissement qui est au cœur de l’antijaphétisme et du racisme antiblanc. C’est un élément clé de l’histoire empoisonnée et de l’enseignement du mépris que subissent aujourd’hui les autochtones.
Ceci nous ramène à la rafle du Vel’ d’Hiv. Car, au-delà des circonstances, n’est-ce pas le racisme qui en est la cause première ? Ceux qui accusent la France, et à travers elle avilissent volontairement les Autochtones européens de France, sont donc, dans l’esprit, les dignes héritiers de leurs précurseurs antisémites à l’œuvre en juillet 1942. Certes, la cible est différente, les circonstances aussi mais, antijaphétistes dans l’âme, ils restent comptables du racisme intemporel et de ces conséquences, dont la rafle du Vel’ d’Hiv' a été un des aspects. Accuser la France, ce n’est pas seulement falsifier l’histoire : c’est aussi se situer dans une continuité. Une continuité malsaine.
Antonin Campana