En 1969, Laurence J. Peter exposait le principe qui porte son nom et selon lequel tout individu tend à gravir les échelons d’une hiérarchie jusqu’à atteindre son seuil d’incompétence. D’où le « corollaire de Peter » : « avec le temps, tout poste sera occupé par un employé incapable d’en assumer la responsabilité ».
Le nombre élevé d’incompétents qui hantent nos assemblées parlementaires ou nos ministères (j’ignore charitablement l’ectoplasme élyséen, dont l’incompétence mériterait d’être déposée au Pavillon de Breteuil), montre que le principe s’applique aussi au politique, ce qui au passage explique en grande partie l’état de délabrement dans lequel se trouve notre pays. Beaucoup de politiciens ont d’ailleurs littéralement pulvérisé leur seuil d’incompétence avant même d’avoir atteint le poste qu’ils occupent aujourd’hui. Une Vallaud-Belkacem par exemple, porte parole méritée de la « bravitude », fut une piètre vice-présidente de la région Rhône-Alpes, une désastreuse conseillère municipale de Lyon et une ministre catastrophique.
Emmanuel Macron, quant à lui, a atteint son seuil d’incompétence lorsqu’il est devenu ministre. L’occupant de Bercy que Michel Sapin surnommait affectueusement « le taré du troisième étage » a porté l’incompétence à un niveau stratosphérique. Parfaitement incapable de limiter le ralentissement économique ou de juguler le chômage, le Ministricule s’est borné à retranscrire scrupuleusement les directives bruxelloises qu’il trouvait le matin sur son bureau. Comment expliquer, même si quelques frémissements médiatiques pourraient laisser supposer un retournement du Système en faveur de Fillon, comment expliquer donc que le Système lui offre sur un plateau cette promotion au grade de président de la République « française » ?
Laurence J. Peter appelle « sublimation percutante » ce type de « promotion » paradoxale. La sublimation percutante aurait pour but, selon Peters, de « tromper les gens qui ne font pas partie de la hiérarchie », autrement dit du Système. Lorsque ce but est atteint, écrit Peters, la manœuvre est réussie.
Mais en quoi les gens seraient-ils trompés par cette « manœuvre » en faveur de Macron ?
La condition sine qua non de la promotion de l’incompétent est que son nouveau poste ne requiert aucune compétence réelle. De fait, Macron, nommé gauleiter d’une subdivision territoriale bruxelloise, aura un poste sans réel pouvoir de décision puisqu’il accepte que l’essentiel des compétences relatives à sa fonction soit délégué à Bruxelles et aux pouvoirs oligarchiques. Comme tous les sublimés, Macron fera de la figuration, des discours creux et laissera les « vrais travailleurs » (Peters) faire tranquillement leurs petites affaires.
Le peuple est donc trompé parce qu’il se figure que la promotion est le résultat de la compétence du promu alors qu’elle est d’abord due à son incompétence. Le Système a choisi Macron non pas malgré son incompétence mais en raison de son incompétence. Le peuple ignore que Macron sera, comme Hollande avant lui, un sublimé qui laissera ses « protecteurs » non élus décider de l’avenir du pays. Le peuple est trompé parce qu’ainsi la « hiérarchie » se maintient : eux en haut, lui en bas.
Emmanuel Macron est candidat à la sublimation parce qu’il sait que le poste qu’on lui promet a été vidé de sa substance. C’est un poste « non productif » tout à fait adapté à un incapable préférant figurer plutôt que gouverner. Loin de lui, donc, toute volonté de récupérer la moindre parcelle de pouvoir régalien. C’est ce qui le rapproche des autres candidats à la sublimation et l’oppose à une Marine Le Pen qui, préférant gouverner plutôt que figurer, ne cache pas sa volonté de redonner à la France les « souverainetés »abandonnées. Le Système ne l’entend pas ainsi et fera tout pour mettre sur le devant de la scène un incompétent qui le laissera tranquillement faire sa petite tambouille mondialiste. Le peuple se laissera-t-il tromper par la sublimation percutante qui se prépare ? Après tout, le principe de Peter n’exclut pas que les peuples atteignent eux-aussi leur « seuil d’incompétence vitale » !
Antonin Campana