Une polémique est en train de naître en Allemagne. Il apparaîtrait que durant la campagne électorale états-unienne, les contribuables allemands ont donné 2.4 millions d’Euros à la Fondation Clinton via l’Agence allemande de coopération internationale (GIZ), ainsi que 4,5 millions d’Euros via le ministère fédéral de l’Environnement. En tout, s’il n’y a pas d’autres « révélations », près de 7 millions d’Euros ! Une telle forfaiture ne pourrait bien sûr pas se produire chez nous : en France, c’est bien pire !
C’est pire car depuis 2007, chaque voyageur partant d’un aéroport français verse son obole aux Clinton ! Comment ? Voici le mécanisme :
En 2005, Philippe Douste-Blazy, alors ministre des Affaires étrangère, rencontre Bill Clinton. Celui-ci lui souffle une idée « géniale » : pour sauver l’Afrique du Sida, de la tuberculose ou du paludisme, il suffirait d’instaurer une taxe sur les billets d’avion qui servirait à acheter des médicaments. Les recettes financières iraient dans les caisses d’une organisation internationale dont Douste-Blazy serait le président. Puis cet organisme verserait les sommes ainsi collectées à la Fondation Clinton qui serait chargée de mettre en œuvre le projet humanitaire, à savoir l’achat des médicaments et leur envoi dans les pays concernées. Douste-Blazy et Chirac, des poulets de l’année sans doute trop jeunes pour subodorer le caractère potentiellement mafieux du montage, accèdent à la proposition Clinton en 2006. A tout seigneur tout honneur, la taxe prendra le nom de « taxe Chirac » (entre 4,51€ et 45.07€ par billet, selon la classe de voyage !) et l’organisme de collecte se nommera « UNITAID », son président étant Douste-Blazy comme prévu. L’UNITAID versera ainsi plusieurs centaines de millions d’Euros à la Fondation Clinton (en 2013 l’UNITAID avait déjà perçu plus de 1 milliard d’Euros depuis sa création). La Fondation, de son côté, entreprendra des négociations avec les fournisseurs de l’industrie pharmaceutique, dont la probité et le sens moral sont connus de tous. Où est le problème ?
Le problème est que les Clinton ne sont pas des parangons d’honnêteté. La comptabilité de leur Fondation est des plus opaques et selon l‘analyste financier Charles Ortel ce serait plusieurs dizaines de millions d’Euros par an, en provenance d’UNITAID, qui auraient été détournés au profit des Clinton. Un audit de la Fondation Clinton en 2011 établit d’ailleurs qu’UNITAID, dont les comptes sont disponibles en ligne, aurait versé, entre 2006 et 2009, 341.5 millions de dollars à la Fondation Clinton mais que celle-ci n’aurait dépensé sur cette somme que 215.4 millions. Où sont passés les 126 millions manquants ? En France, la Cour des Comptes observe que la Fondation Clinton « demeure discrète sur ses résultats (…), sur ses comptes (non publiés) comme sur ses moyens » ! Dans son rapport (2010) la Cour précise que la Fondation Clinton « a reçu 541 millions de dollars » d’UNITAID en quatre ans et que cet organisme « n’a pas de contrôle direct sur les fonds qu’il attribue ». Vous avez bien lu : les Français paient une taxe qui atterrit dans les caisses d’une Fondation américaine et ils n’ont aucun droit de regard sur les sommes énormes qui sont versées ! Est-ce cela qu’on appelle du vol ? Le rapport de la Cour des comptes enfonce le clou :
« Rien n’indique que les aides d’UNITAID sont exactement employées comme le souhaite l’organisme, ni que les médicaments initialement choisis par UNITAID sont bien ceux livrés. S'y ajoute le fait que, comme il est fréquent, CHAI [un département de la Fondation Clinton] exige d’avoir la totalité des fonds d’un projet, ou six mois d’avance, avant de commencer à le mettre en œuvre : des sommes considérables (70 M$ sur l’un des projets par exemple) peuvent être ainsi immobilisées, et les commandes, différées pendant plusieurs mois dans l'attente de ces fonds au risque d'interruption des traitements ».
Le rapport insiste lourdement :
« UNITAID ne contrôle pas la distribution de la marchandise, alors que les contrôles permettant de s'assurer qu'elle est effectivement distribuée, aux normes et au prix convenus, et au bon destinataire responsable de leur distribution, demeurent incomplets » (Cour des Comptes, rapport 58-2, 30 novembre 2010).
On touche le fond, mais ce n’est pas tout !
Ce n’est pas tout, car à propos des « médicaments initialement choisis », sur lesquels Douste-Blazy n’a aucun contrôle, il y aurait beaucoup à dire. Bill Clinton s’est notamment adressé à une société pharmaceutique indienne (Ranbaxi) pour obtenir des médicaments antirétroviraux génériques à bas coût destinés aux pays africains et aux Caraïbes. Le seul problème est que ces médicaments peu chers étaient aussi « considérablement inférieures aux normes » et n’avaient aucune chance de soigner un malade. En mai 2013, Ranbaxi a admis avoir vendu des médicaments frelatés avec intention de frauder et a été condamné à 500 millions de dollars d’amende. Quelques semaines auparavant, de passage à Mumbai (11 avril 2013), Bill Clinton félicitait encore Ranbaxi pour les efforts consentis sur le prix des médicaments anti-sida !
On le voit, la taxe sur les billets d’avion n’est qu’un gigantesque racket d’Etat fait pour enrichir les Puissants. Un racket d’argent mais aussi de sang, puisque de nombreux malades l’ont sans doute payé de leur vie en Afrique ou ailleurs. Au dîner d’UNITAID à Paris en 2013, Bill Clinton a pu dire avec cynisme que cette organisation « est le don le plus exceptionnel de la France au monde ». A ce dîner se trouvaient, outre Douste-Blazy qui proposa qu’une taxe sur les transactions financières emprunte les mêmes circuits, de nombreux autres larbins de l’oligarchie apatride. Citons pour mémoire Alain Juppé, Pierre Moscovici, Christiane Taubira, Najat Vallaud-Belkacem, Nathalie Kosciusko-Morizet, François Bayrou, Bruno Lemaire ou Elisabeth Guigou…
A vomir.
Antonin Campana