Ainsi Donald Trump a remporté les élections américaines ! Quelques lecteurs me demandent si cela (un candidat hors-système se hissant grâce à sa fortune au sommet du pouvoir d’Etat) serait susceptible de remettre en question la stratégie autochtoniste que nous préconisons (sous entendu : pourquoi ne pas recentrer le combat identitaire sur les élections de 2017 ?).
Rappelons rapidement que l’autochtonisme est un système de pensée qui veut imposer la reconnaissance politique du peuple autochtone (en l’occurrence, pour ce qui nous concerne, le peuple des autochtones européens de France, ou d’Europe, c’est comme on voudra), puis le droit pour celui-ci à disposer de lui-même et, en attendant cette libération salvatrice, son droit à la prééminence politique, culturelle, religieuse sur ses terres ancestrales. En fait, l’autochtonisme cherche à construire une contre société et un Etat parallèle qui rendent le peuple autochtone insoluble dans la nation melting-pot.
A l’évidence, Trump va faciliter l’accès au pouvoir de Marine Le Pen. On le dit « populiste », on la dit « populiste », après le « populiste » Brexit cela ne peut que décomplexer le vote « populiste » en France. D’autre part, dans l’éventualité où Marine Le Pen arrive au pouvoir et applique son pouvoir anti-UE, anti-Euro, anti-OTAN, et dans l’éventualité toujours où Trump tienne ses promesses non-interventionnistes, il est peu probable que ce dernier organise en France une révolution de couleur basée sur le « malaise des banlieue » et la classe urbaine surprotégée des gaucho-bobos, ce qui n’aurait probablement pas été le cas si la sociopathe du Département d’Etat avait été élue.
Enfin, la classe politico-médiatique française a commis l’exploit extraordinaire de diaboliser et insulter les Présidents des deux principales puissances mondiales : Poutine et Trump ! Seuls des niais ont pu se mettre dans une telle position. Gageons qu’il y aura dans les mois qui viennent de déchirants revirements qui vont nous faire bien rire et qui, là encore, serviront Marine Le Pen.
Il est donc presque certain que la présidence Trump va faciliter la campagne de Marine Le Pen (à condition que d’ici les élections en France il n’y ait pas de guerre civile larvée aux Etats-Unis, que le complexe militaro-industriel, Wall Street et le Pentagone soient contenus, que Trump ne connaisse pas le sort de Kennedy…).
Admettons que dans le sillage de Trump, Marine Le Pen soit le futur « Président de la République ». Elle présidera non pas le peuple autochtone, dont elle veut ignorer l’existence, mais, si les mots ont un sens, un régime politique (la République), voire, si l’on veut, une nation melting-pot globale composée de populations de diverses origines. Ces populations étrangères sont pour l’instant minoritaires mais, même en admettant que Marine Le Pen coupe les vannes de l’immigration, elles seront majoritaires entre 2040 (Chauprade) et 2050 (Gourévitch). L’arrivée au pouvoir de Marine Le Pen ne changera donc pas grand-chose à la problématique du Grand Remplacement. Tout au plus fera-t-elle gagner 10 ans au régime politique qui est la cause de nos malheurs.
Il serait donc suicidaire pour le peuple autochtone de ne pas adopter une stratégie autochtoniste. Voter pour Marine le Pen est une (bonne) chose dans la mesure où l’immobilisme est pire que tout (si les choses restent en l’état, notre peuple va disparaître). Mais ne compter que sur une élection pour inverser le processus inexorable qui conduit au génocide est une folie. Notre peuple doit se prendre en charge sans compter sur les dirigeants de la nation melting-pot, et cela quels que soient ces dirigeants. Le combat identitaire doit être un combat communautaire (ou « national identitaire») et non un combat électoral mené selon les règles du régime qui nous opprime. Trump a été élu, c’est très bien. Encore faut-il que cela ne mobilise pas les énergies dans une mauvaise direction. L’avenir de nos peuples en dépend.
Antonin Campana