Le concept républicain de « naturalisation » repose sur l’idée que la nationalité détermine l’identité. La République veut croire qu’un étranger change subitement de « nature » et d’identité par l’alchimie de la procédure administrative et après administration d’une « carte d’identité » qui atteste de la transmutation miraculeuse. Rien n’est plus faux pourtant puisque c’est toujours l’identité qui détermine la nationalité, et non l’inverse.
Une nation est un peuple qui a une conscience politique de lui-même. C’est par le sionisme que le peuple juif devient une nation. Si le peuple fait la nation, l’identité fait le peuple. Donc, l’identité précède toujours la nationalité. Ainsi, au XIXe siècle, l’identité italienne précède la nationalité italienne. Il en est de même des identités hongroise, tchèque ou croate qui toutes précèdent et conditionnent les nationalités qui en découlent.
La nationalité française n’échappe pas à la règle. On considère généralement que c’est durant la guerre de 100 ans qu’une conscience véritablement « nationale » émerge en France. A la frontière zonale, juxtaposition de territoires vassaux, se substitue la frontière linaire qui circonscrit les hommes se reconnaissant de même appartenance : un peuple devenu nation. Dès lors, celui qui prend le parti de l’étranger est un « Français renié ». L’identité du « très chrétien peuple de France » (Christine de Pisan), « nation choisie de Dieu » dont Jeanne d’Arc sera la quintessence, peuple libre (« La France seule est libre royaume des franci » écrira Philippe le Bel) de langue française (déjà !), cultivant ses propres goûts et ses propres mœurs devient le signe d’appartenance à une patrie commune (communis patria) : la nation française.
C’est donc bien une identité qui, en France aussi, a déterminé une conscience nationale et par voie de conséquence une nationalité. L’identité a là-aussi déterminé la nature de la nationalité. Or l’appartenance à la chrétienté est dès les premiers moments un élément structurant de l’identité française. C’est autour de la conviction, incarnée par Jeanne d’Arc, d’avoir une relation particulière avec le divin, que se construit la nation française. Le christianisme est dans l’ADN de la nationalité française et, qu’on le veuille ou pas, la nationalité française est donc indissociable de l’appartenance à la chrétienté.
C’est pourquoi toute tentative de franciser des personnes qui ne sont pas culturellement chrétiennes ne peut se solder que par un échec. La greffe ne peut prendre car le greffon n’est pas compatible. L’assimilation est dans ce cas impossible. C’est pourquoi, vouloir accorder la nationalité française à des hommes de toutes appartenances oblige à détruire la nationalité (ou tout au moins, ce qui revient au même, à faire de celle-ci le résultat d’une banale procédure administrative), donc à priver l’identité de son expression politique et ainsi atteindre le peuple lui-même qui régresse à un stade pré-national.
La nationalité juridico-administrative est une illusion. C’est une appartenance fictive, hors sol, nécessaire à une entreprise d’ingénierie sociale qui veut la destruction des nationalités réelles, des identités et des peuples. Il n’y a que des nationalités identitaires, le reste ne compte pas.
Antonin Campana