[L’Histoire ne laisse aucune chance aux minorités qui sont désorganisées. Leur destin est de disparaître. Or nous devenons une minorité sur nos terres ancestrales et l’Etat républicain ne nous organise pas : il nous détruit. La dissidence identitaire doit s’émanciper du projet républicain d’ingénierie sociale et devenir le cœur d’une Communauté autochtone organisée, seule à même de libérer nos peuples]
Il y a les « minorités visibles » et la majorité invisible. La majorité invisible est la minorité réelle puisqu’elle n’a pas de visibilité, n’est pas nommée et que ses frontières sont déterminées en négatif par l’ethnicité de ses voisins. La majorité invisible autochtone relève du presque rien : elle est la minorité des minorités.
Or, ce groupe autochtone institutionnellement et moralement minoritaire (pas de CRIF, de CRAN ou de CFCM pour une majorité invisible qui n’apparaît qu’à travers sa xénophobie et son racisme supposés), sera bientôt démographiquement minoritaire. Selon le marketing ethnique, le marché des Allochtones serait de 16 ou 17 millions d’individus plutôt jeunes, soit 25% de la population vivant en France. Selon toute vraisemblance, les Autochtones seront démographiquement minoritaires entre 2040 (selon le géopolitologue Aymeric Chauprade, Chronique du choc des civilisations, Dargaud, 2009, page 58) et 2050 (selon le démographe Jean-Paul Gourévitch, Les Africains de France, Acropole 2009). 2040 : dans 23 ans ! Autrement dit, dans cinq élections présidentielles après celle de 2017, sachant que, comme nous l’avons montré, les Allochtones peuvent prendre « démocratiquement » le pouvoir dès lors qu’ils constituent environ 30 à 35 % de la population (ce qui devrait être le cas, à la louche, pour les élections présidentielles de 2032).
La plupart de ceux qui lisent ce texte connaîtront donc le grand basculement démographique. Les plus âgés qui ont vécu une jeunesse dans une France de souche finiront leur existence dans une société où leurs semblables raseront les murs. Nos enfants connaîtront une existence incertaine et chaotique et tôt ou tard ils se tourneront vers nous : « pourquoi n’avez-vous rien fait ? ». Nous leur répondrons que nous avions cru en Marine Le Pen, ou en la crise économique, ou en la guerre civile, ou en une rémigration miraculeuse, ou en une apocalypse salvatrice… Ils nous rétorqueront que nous avons été imprévoyants, que nous avons préféré croire plutôt que faire, que nous avons joué leur avenir sur un pari, que nous avons été de petits hommes repus, des minables incapables de construire une arche pour leurs enfants, même pas un radeau alors que la tempête arrivait ! Auront-ils tort ? Je ne crois pas.
Il faut donc sortir des rêves ou des espérances eschatologiques et s’interroger lucidement. Nous serons bientôt une minorité au milieu d’une population dressée à nous haïr : comment pourrons-nous surmonter cette situation, comment pourrons-nous survivre ?
Rationalisons le problème en considérant qu’une minorité est potentiellement une « organisation » (sociale en l’occurrence).
Toute organisation (une entreprise, un Etat, une armée…) suppose des relations de pouvoir (ligne d’autorité), une différentiation des fonctions, des règles de fonctionnement, une cohésion susceptible de lui faire surmonter les tensions internes et externes. Toute organisation poursuit aussi un objectif. L’objectif d’une minorité organisée est de survivre (dans un premier temps !). C’est la survie du groupe qui justifiera l’action collective comme la subordination stricte des intérêts individuels aux intérêts de la communauté.
L’observation des minorités, quelles que soient la période historique et la minorité considérée, nous montrent que les minorités résilientes sont toujours des minorités organisées et que les minorités disparues ou en extinction sont toujours des minorités déstructurées et sans liens organiques puissants entre leurs parties. En bref, les minorités sont comme des armées : celles qui sont sans discipline, sans hiérarchie, sans stratégie et sans ordre ont plus de chance d’être décimées que celles qui sont solidement organisées et coordonnées dans la poursuite d’un objectif clairement assigné. L’organisation doit donc être regardée comme le facteur clé de cohésion, de développement et de résilience des minorités.
Toutes les minorités résilientes présentent un certain nombre de caractères communs qui ont fait leur preuve dans l’Histoire et que nous aurions tout intérêt à reproduire.
Si nous prenons par exemple les minorités juives, druzes, chaldéennes ou roms, minorités résilientes s’il en est, nous constaterons les points communs suivants :
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Forte endogamie
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Pratique de l’entre-soi et refus du « prosélytisme »
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Refus de l’assimilation
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Conscience ethnique affirmée (y compris chez les Chaldéens qui se veulent «Assyriens »)
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Double règle de moralité (une règle valable à l’intérieur du groupe –ne pas pratiquer le prêt à intérêt par exemple – une règle valable à l’extérieur du groupe – l’usure est légale avec les étrangers. Dt 23,20-21)
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Aptitude à la violence légitime (autodéfense)
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Mise en place d’institutions parallèles à celle du groupe dominant (institutions religieuses, d’entraide, de justice, de pouvoir…).Exemple : les achirets tribaux chez les Chaldéens, les Ukkal chez les Druzes, la kris chez les Roms, synagogues ou consistoires chez les Juifs…).
Au contraire, les minorités non résilientes présentent des manques significatifs qui les distinguent radicalement de leurs homologues résilients. La communauté italienne de France, par exemple, pratiquait une endogamie très souple, un entre-soi relatif, avait certes conscience de ses origines mais ne refusait pas l’assimilation et ne disposait pas d’institutions parallèles susceptibles de lui donner sa cohésion : elle a disparu.
Plus significatifs : le peuple Pied-noir en Algérie et la communauté blanche en Rhodésie. Ces deux minorités présentaient toutes les caractéristiques des minorités résilientes précitées (endogamie, entre-soi, refus de s’assimiler, conscience ethnique, double moralité, aptitude à la violence légitime) mais ne disposait d’aucune institution propre ni d’aucune organisation interne. Les Pieds-noirs s’estimaient représentés par les institutions de la République, qu’ils considéraient comme « leurs » institutions, et se croyaient partie intégrante de l’organisation sociale de la « France ». La République c’était la France et, en Algérie, la France c’était eux. Aussi- n’ont-ils jamais pensé, sauf peut-être dans les derniers mois de leur tragique destin, à se doter d’un gouvernement parallèle, d’une armée parallèle, d’une administration parallèle… La défection de la République a brutalement scellé leur sort, car sans le cadre républicain les Pieds-noirs n’étaient plus qu’une minorité plus ou moins éparpillée et sans cohésion véritable : une proie.
La problématique a été similaire du côté de la communauté blanche en Rhodésie. Le cadre institutionnel de la communauté blanche était l’Etat rhodésien lui-même, construit par et pour la minorité blanche. Lorsque les Noirs ont investi les rouages de l’Etat, les Blancs ont été privés des institutions fondamentales qui les protégeaient et assuraient leur survie, à commencer par la Police, l’Armée, la Justice, le système de soins, l’Enseignement… La communauté blanche de Rhodésie, ainsi dépossédée des structures institutionnelles qui assuraient sa cohésion, a été quasiment éradiquée.
L’écart de résilience entre minorité organisée et minorité non organisée apparaît clairement si l’on considère les Serbes et les Gorani du Kosovo. Ces deux minorités ont en commun de vivre au milieu d’une population albanaise musulmane hostile. Les Serbes sont des Slaves de religion orthodoxe et les Gorani sont des Slaves islamisés. Les uns et les autres pratiquent une stricte endogamie, privilégient l’entre-soi, ont depuis des siècles refusé l’assimilation, font une distinction entre ceux qui appartiennent à leur communauté et ceux qui sont étrangers (double règle de moralité) et ont déjà montré une aptitude certaine à se défendre si nécessaire. La seule différence entre les Gorani et les Serbes tient dans leurs structures organisationnelles.
La minorité serbe s’organise autour de l’Eglise orthodoxe qui à travers ses églises et ses monastères assure le lien entre tous les Serbes du Kosovo. C’est l’Eglise qui représente les Serbes, leur donnant leur unité, leur cohésion, organisant l’entraide et alimentant toute la vie communautaire. L’Eglise orthodoxe, aidée par l’Etat serbe, est la véritable colonne vertébrale de la minorité serbe. Elle possède le statut d’Eglise de la nation serbe et à ce titre réglemente la vie religieuse des enclaves serbes, intervient dans la vie sociale, l’enseignement, les réseaux humanitaires, le système de soin. Grâce à l’Eglise, la minorité serbe ainsi organisée et soudée a pu se maintenir malgré les pogroms et les assassinats. Ceci explique que l’Eglise soit la cible prioritaire d’un pouvoir albanais (églises brûlées, monastères attaqués…) qui rêve de faire disparaître la présence serbe au Kosovo : pour éradiquer une minorité, il suffit de détruire ce qui la structure.
La situation des Gorani est complètement différente. Au contraire des Serbes, les Gorani ne disposent d’aucune institution ni d’aucun réseau susceptible d’assurer leur cohésion ou de les organiser en communauté soudée. Les Gorani sont une population sans hiérarchies communes, sans « consistoire », sans organes représentatifs, sans autorité assurant le lien social, sans système capable de coordonner les volontés de survie ou de résistance. Alors que les Serbes se maintiennent, les Gorani renient de plus en plus leur identité, préférant parfois se dire « Bosniaques », émigrent et disparaissent progressivement du Kosovo (ils seraient moins de 6000 aujourd’hui).
Dernier exemple : celui de la minorité slave vivant dans les Alpes juliennes à l’Est d’Udine (Italie). Cette minorité montagnarde est installée depuis le Ve siècle sur un territoire qui borde la Slovénie actuelle. Jusqu’aux années 1960, cette minorité, qui n’a jamais été véritablement opprimée, vivait en quasi autarcie. Celle-ci côtoyait très peu les Frioulans de la plaine et avait une conscience aigüe de sa différence tant linguistique que culturelle. Assez isolée, elle était endogame par la force des choses. Cependant, aucune structure communautaire ne lui a jamais donné une unité « politique » et aucun organe spécifique ne coordonnait la vie sociale de ses membres. A partir du début des années 1960, des routes ont désenclavé les lieux de vie, la télévision a envahi les foyers, l’émigration a dépeuplé les villages, les mariages avec des non Slaves sont devenus la règle, l’italien s’est substitué au slovène. Aujourd’hui, les villages sont quasiment déserts. La minorité slave des montagnes juliennes s’est diluée dans l’italianité : de fait, elle n’existe plus.
L’écart de résilience que nous observons tient donc uniquement au facteur d’organisation. Mieux une minorité sera organisée, plus elle résistera. Moins elle sera organisée, plus elle aura de chance de disparaître. Une minorité structurée pour atteindre un but collectif (survivre, maintenir une identité, reconquérir…) résistera mieux aux tensions externes qu’une minorité sans cohésion : l’organisation, répétons-le, est un facteur de développement et de résilience, c’est vrai pour les armées, les entreprises comme pour les communautés humaines.
Ceci énoncé, il faut en tirer les conséquences pour le peuple autochtone européen. Certes celui-ci n’est pas encore démographiquement une minorité, mais il le sera d’ici 25 ans environ. Autrement dit, il nous reste peu de temps. De plus, il faut avoir à l’esprit que nous vivons déjà dans la situation d’une minorité (opprimée) : on nous dénie le droit à l’ethnicité que l’on concède aux autres (les Français de souche, « ça n’existe pas »), on considère que notre histoire nauséabonde justifie notre flicage par les ligues « antiracistes », on nous stigmatise à travers notre racisme supposé, on nous refuse le droit de représentation que l’on accorde aux autres (pas de « conseil représentatif » pour les Autochtones)… Notre mise en minorité « morale » précède l’inéluctable minorité démographique, ce qui annonce des années très difficiles !
Inutile de rappeler que le peuple autochtone n’est pas organisé. Nous arrivons en ordre dispersé, sans solidarité et sans cohésion dans un monde qui ne nous aimera pas. Certains « croient », comme les Pieds-noirs d’Algérie, que la République est indissolublement liée à notre peuple, qu’elle le représente, qu’elle le protège, que ses institutions expriment l’identité de notre peuple et que l’organisation sociale qu’elle met en place sert notre peuple. C’est une erreur grossière. La République est une organisation autonome et distincte du peuple autochtone de France. Elle n’est liée à rien si ce n’est à elle-même, elle sert une communauté civique melting-pot qui enferme notre peuple, ses institutions expriment une idéologie mondialiste ouverte à tous les hommes « sans distinctions » et son organisation sociale met en place le « vivre ensemble » qui creuse notre tombe. La République est une organisation à part entière qui n’est d’aucun peuple, qui poursuit ses propres objectifs de construction d’une société métissée, et dont les projets s’opposent aux intérêts vitaux de notre peuple. Sans états d’âme, le moment venu, elle nous laissera tomber comme elle a laissé tomber les Pieds-noirs. Compter sur elle, c’est prendre appui sur une planche pourrie.
D’autres estiment, comme les Blancs de Rhodésie, qu’il suffit de prendre possession des rouages de l’Etat pour s’en servir au bénéfice de notre peuple. C’est vouloir ignorer qu’il n’y a pas actuellement d’offre politique en dehors du champ républicain, que le régime a d’ailleurs mis en place un arsenal législatif et pénal qui rend impossible une telle offre, et que celle-ci relève électoralement de l’utopie. Et puis, combien de temps un parti ethnique « blanc » (lequel ?) se maintiendrait-il au pouvoir vu l’évolution des rapports de force démographique ? 5 ans, 10 ans ? Et après ? La Rhodésie, l’Afrique du Sud ?
Il nous faut être lucide et cesser de rêver. Si nous voulons que notre peuple survive, nous devons l’organiser indépendamment des instances républicaines. Il n’y a pas d’alternative. Nous n’avons pas le choix, tout le reste est du bavardage. Un grand bouleversement s’annonce : soit nous nous y préparons, en structurant pour commencer la fraction consciente de notre peuple (les dissidents identitaires), soit nous le subirons avec brutalité. Les Juifs sont organisés depuis longtemps. Les Noirs et les Arabes commencent à l’être. Même les Asiatiques, les Sikhs, les Turcs, les Arméniens ou les Tamouls se sont dotés de Conseils représentatifs devant lesquels les républicains se couchent. Il nous faut, à notre tour, organiser une contre-société qui nous rassemble, un véritable Etat parallèle, un quasi Etat autochtone avec à terme son gouvernement, ses ministres, ses lois, ses impôts, sa police, ses services sociaux, ses banques et même ses forces d’autodéfense. Organiser notre peuple, à commencer par sa fraction consciente, c’est le mettre en ordre de bataille, c’est lui assurer une résilience forte. Car il n’y aura pas de rémigration tant qu’il y aura la République. Il faudra donc cohabiter d’une manière ou d’une autre sans se faire assimiler ou détruire. La reconquête ne viendra pas d’un peuple mou mais d’un peuple moralement régénéré par les épreuves de la survie. Mais cette régénération ne pourra se faire que dans un cadre communautaire organisé, faute de quoi il n’y aura pas régénération mais disparition : c’est ce qu’enseigne l’histoire des minorités ! Aujourd’hui, la mission historique de la dissidence identitaire est précisément de construire cette communauté organisée, ce peuple résilient dans un melting-pot corrosif.
Il y a urgence car les rapports de force évoluent très vite. Que chacun y réfléchisse, en parle autour de lui, véhicule cette idée d’une minorité organisée. Il faut que la majorité des Réfractaires autochtones ait compris qu’il n’y a pas d’autre solution que la sécession planifiée : une sécession de la République pour fonder une contre-société qui prépare notre peuple à la résistance. Lorsque la dissidence sera acquise à cette idée, les choses se feront d’elles-mêmes… avec l’aide des élections de 2017 puis de 2022 qui remettront à beaucoup les pieds sur terre.
Qu’on se le dise : la communauté organisée est la police d’assurance de notre peuple ! Nous avons tous les atouts humains pour commencer à la bâtir. Mais nous avons seulement quelques années pour le faire. Pas davantage.
Antonin Campana