Appliquant une stratégie du choc, le Système provoque chaos et traumatismes, puis apporte des solutions clés en main dont la seule vertu est d’étendre sa propre influence.
En intervenant en Afghanistan, en Irak, en Syrie, en Lybie… les Etats-Unis et leurs alliés ont engendré le chaos. A partir de ce chaos, ils ont pu créer un Etat islamique dont ils ont assuré le financement (par la vente de pétrole) et l’armement. L’objectif premier, jusqu’à l’intervention russe qui donne un coup d’arrêt brutal à l’opération, était de disloquer le Moyen-Orient pour mieux le dominer.
Le Système n’a pas créé le djihadisme, mais il l’a utilisé. Comme en Afghanistan à l’époque soviétique, il a instrumentalisé l’islam pour fournir l’E.I. en mercenaires venus du monde entier. La conséquence directe fut l’émergence du terrorisme au Moyen-Orient puis en Europe, terre d’une immigration suscitée, elle-aussi, par le Système.
L’islam n’est pas une « religion de paix et d’amour ». Son expansion s’est toujours faite par la guerre, conformément à ce que fit Mahomet et à ce qu’enseigne le Coran et les hadiths. Il n’y a guère que les hypocrites et les ignorants pour prétendre le contraire. Cependant, il faut reconnaître un lien certain entre le chaos engendré par les hommes aujourd’hui au pouvoir en Occident et l’émergence d’un djihad qui a pris la forme du terrorisme. Or, et les dernières déclarations de Valls le confirment, il est tout aussi évident que ces politiciens-Système instrumentalisent maintenant le « terrorisme » islamique afin de faire subir à l’Islam l’amoindrissement religieux vécu par l’Eglise à partir de Vatican II.
Avec Vatican II en effet, l’Eglise abandonne toute prétention à la prééminence au nom de Dieu. Désormais, la « Nouvelle Alliance » et les prérogatives bibliques qui lui étaient attachées, notamment la domination mondiale au nom du Christ, se courbe devant l’Ancienne Alliance qui promet la même domination mondiale… mais à un peuple élu. L’Eglise qui se voulait « Nouvel Israël », « nouveau peuple élu », « nouveau peuple de Dieu », se renie et abandonne ses titres de gloire au peuple juif à qui elle reconnaît de facto la prééminence. Le christianisme renié, réduit à n’être qu’une religion comme les autres, ne prétendant plus qu’il faut croire en Christ pour être sauvé, entre dans le rang : l’Eglise, matée, cède sa place eschatologique au judaïsme.
Or le Système justement, c’est le sens des propos tenus dernièrement par Manuel Valls, veut un islam assagi, ne prétendant plus au djihad, c’est-à-dire - puisque le djihad est la volonté d’islamiser toute l’humanité - ne prétendant plus à la domination mondiale. Derrière la remise en cause du djihad, derrière les niaiseries cent fois entendues sur l’islam « religion de paix et d’amour », nous pouvons deviner une volonté de faire abandonner à l’islam les prérogatives qu’il s’attribue sur le monde au nom de Dieu. Le « pacte » que Valls propose à l’islam sous prétexte « d’équilibre » ressemble fortement au « pacte » Vatican II : devenir une religion « comme les autres », une foi tranquille, relative et conciliante qui « refoule » les textes sacrés litigieux et ne promet plus l’enfer à ceux qui ignoreraient qu’il n’y a « qu’un seul Dieu et que Mahomet est son prophète ». Ce dont il est question ici, sous une menace à peine dissimulée, est bien la soumission de l’islam : « Si l'islam n'aide pas la République à combattre ceux qui remettent en cause les libertés publiques, il sera de plus en plus dur pour la République de garantir ce libre exercice du culte » (Valls, 31 juillet 2016).
La « Pacte » de Valls ferait à l’évidence de l’islam une religion aseptisée qui ne serait plus un intermédiaire à la fois unique et indispensable entre les hommes et Dieu. L’Eglise écartée par Vatican II, l’islam écarté par le « Pacte » de Valls, reste la Synagogue intouchable et intouchée et, confirmant Isaïe, un peuple prêtre qui à la fin des temps sera le lien unique entre une humanité asservie et Dieu.
Ainsi le chaos engendré par le Système a produit le terrorisme et le terrorisme est devenu prétexte à réformer une religion. Une réforme qui couplée à celle, réalisée, de l’Eglise, ferait naître une sorte de « religion noachide » (Pierre Hillard), sommaire, interconfessionnelle et destinée à une sous-humanité décérébrée ? Mais alors quid de la religion d’amour et de paix du peuple spécial se trouvant à la limite de l’humain et du divin ?
Le Système nous force donc à jouer avec un échiquier dont il a pré-positionné toutes les pièces. Si on joue, on est échec et mat. Si on ne joue pas, on est disqualifié. Si je joue le Pacte de Valls, je fragilise certes une religion hostile mais je renforce le Système qui tue mon peuple et tous les peuples. Si je joue la religion hostile, je joue certes contre le Système qui tue mon peuple et tous les peuples, mais je renforce la communauté étrangère qui nous remplace.
Eternel problème, donc : quel est l’ennemi principal ?
Antonin Campana