Le Front national dit que le clivage politique ne se situe plus entre la gauche et la droite, mais entre ceux qui croient encore en la Nation et ceux qui n’y croient plus. Cela est vrai assurément mais ne va pas assez loin dans l’analyse.
A notre sens, le véritable clivage « politique » sépare ceux qui vivent encore un enracinement dans un peuple et ceux qui ont choisi de servir une « élite » mondialisée. La nation est le visage d’un peuple qui a pris conscience de lui-même. L’histoire nous montre qu’un peuple peut exister hors du cadre national (le peuple juif depuis la destruction du Temple et jusqu’à la création de l’Etat d’Israël, par exemple). Ce qui compte n’est donc pas la « nation », mais le « peuple », âme véritable de la nation. Or l’élite mondialisée s’est émancipée du peuple et utilise les structures nationales (Etat, police, magistrature …) contre les peuples.
Pour signifier cette émancipation, l’historien américain Christopher Lasch parle de « sécession des élites ». Or si les élites se dissocient des peuples, n’allons pas chercher midi à quatorze heures, c’est tout simplement parce que cette « sécession » est dans leurs intérêts. Les peuples constituent par leur seule présence un obstacle à l’augmentation exponentielle des profits oligarchiques. Ils restreignent le marché et constituent des frontières qu’il convient d’éliminer : la destruction des peuples est la condition sine qua non d’une société planétaire sous domination oligarchique ! L’affaire des migrants est à cet égard significative. Les « élites », du pape François aux présentateurs de JT, ont toutes tenu un discours pro-migrants, bien qu’elles sachent (comment peut-il en être autrement ?) que l’immigration est une cause de souffrance pour les Autochtones et que la submersion migratoire est un crime planifié contre les peuples européens.
En 2005 l’investisseur et milliardaire Waren Buffet déclara : « Il y a une lutte des classes, évidemment, mais c’est ma classe, la classe des riches qui mène la lutte. Et nous sommes en train de gagner ». Mais Buffett se trompe, il n’y a pas de lutte des classes, il y a une lutte d’une hyper classe mondiale (les 1%, secondés par leurs valets médiatiques et politiques) contre les peuples et les appartenances identitaires.
Le drame dans tout cela, c’est que l’hyper classe mondiale va bientôt posséder les moyens de se passer des peuples et des individus qui les composent, mêmes si ceux-ci sont réduits à l’état de clones interchangeables, ce qui est déjà largement le cas. L’hyper classe mondiale dispose désormais des moyens de contrôle, de surveillance et de pouvoir (les institutions étatiques, les médias…). Elle dispose aussi des moyens de production et d’innovation (usines, laboratoires, télécommunication, agroalimentaire, centres de recherche….) qui peuvent fonctionner de plus en plus avec une main d’œuvre humaine réduite, voire quasiment inexistante : quel sera alors, pour l’hyper classe mondiale, l’utilité de 8 ou 9 milliards d’êtres humains ? Quel intérêt pour l’hyper classe mondiale, dont la raison d’être a toujours été la spoliation du plus grand nombre, de mettre bénévolement ses moyens de production au service de masses humaines oisives et potentiellement dangereuses, des masses inutiles que les nouvelles technologies (la robotique par exemple) vont rendre littéralement « obsolètes » ? Quel intérêt, sachant que le changement climatique menace, que les sols s’appauvrissent, que l’énergie se raréfie, que les matières premières sont de plus en plus rares et difficiles à extraire, bref, que le gâteau est de plus en plus petit alors que nous sommes de plus en plus nombreux ? La philanthropie ? Mais si l’hyper classe mondiale avait été philanthrope, elle n’existerait tout simplement pas ! Elle a toujours agi rationnellement selon ses intérêts et sans tenir compte des dégâts humains « collatéraux ». Et il n’y a aucune raison pour que cette hyper classe psychopathe ne continue pas ainsi. Autrement dit, avant peu, la « rationalité » du point de vue de l’hyper classe mondiale psychopathe pourrait consister à éliminer les masses humaines inutiles. La guerre mondiale et l’apocalypse nucléaire entreraient alors dans le champ des possibles.
Antonin Campana