Nous avons déjà fait observer dans ce blog que le régime politique républicain issu de 1789 n’était pas un régime démocratique : ses lois et sa Constitution interdisent aux citoyens de le remettre en cause, il n’autorise pas le peuple français à disposer de lui-même, il ne reconnaît pas le peuple autochtone de ce pays.
Le caractère non démocratique du futur régime républicain a été posé ouvertement dès septembre 1789 par l’abbé Sieyès. Les conceptions du député vont dicter l’essentiel de l’architecture du régime républicain et peuvent se résumer à cet extrait de son célèbre discours du 7 septembre 1789 :
« Les citoyens qui se nomment des représentants renoncent et doivent renoncer à faire eux-mêmes la loi ; ils n’ont pas de volonté particulière à imposer. S’ils dictaient des volontés, la France ne serait plus cet État représentatif ; ce serait un État démocratique. Le peuple, je le répète, dans un pays qui n’est pas une démocratie (et la France ne saurait l’être), le peuple ne peut parler, ne peut agir que par ses représentants. » ( Dire de l'abbé Sieyès, sur la question du veto royal : à la séance du 7 septembre 1789) ;
En fait, le régime républicain vole la souveraineté au peuple grâce à une escroquerie intellectuelle dont Sieyès est l’un des initiateurs. Les républicains vont tout d’abord affirmer que la souveraineté est « nationale » et non « populaire ». Or la « nation », selon les républicains, est une entité morale qui rassemble l’ensemble des citoyens vivants, mais aussi ceux du passé et ceux à venir. Le « peuple » composé seulement des citoyens vivants ne peut donc s’exprimer au nom de la « nation » toute entière. La démocratie, c’est-à-dire le pouvoir du peuple, remettrait en cause l’indivisibilité de la « nation ». C’est pourquoi, le peuple doit nommer des « représentants » qui seront seuls habilités à parler au nom de la « nation ». Ces « représentants », réunis dans une Assemblée « nationale », n’auront de comptes à rendre à personne (mandat non impératif) et détiendront la véritable souveraineté. C’est ainsi, grâce à ce tour de passe-passe, que la France est devenue un « Etat représentatif » et non un « Etat démocratique ».
La construction est intelligente car elle permet non seulement une captation du pouvoir au profit de la classe dominante, mais aussi la conservation par elle de ce pouvoir. En effet, qui seront les hommes élus par le peuple pour être ses représentants ? Forcément les hommes les plus instruits, les plus influents, les mieux placés pour convaincre. Donc, forcément les hommes les plus riches : dans les villages, plutôt le gros laboureur ayant profité des biens nationaux que le journalier ; dans les provinces, plutôt le notable que l’ouvrier ; à Paris, plutôt le grand bourgeois que le domestique. Mais le Pouvoir s’est toujours méfié du peuple, aussi a-t-il avancé avec prudence, vérifiant à chaque étape sa capacité à le dominer : d’abord le suffrage censitaire réservé aux plus riches ; puis le suffrage réservé aux hommes, car le mâle reconnaît et respecte les hiérarchies tandis que la femelle écoute encore les curés ; ensuite seulement le suffrage universel. Quel mépris : Sieyès, dans le même discours, explique qu’il faut au citoyen des « représentants » car celui-ci n’est même pas capable d’interpréter ses propres volontés ou de connaître l’intérêt général ! Montesquieu, déjà, avait expliqué que « le peuple ne doit entrer dans le gouvernement que pour choisir ses représentants, ce qui est très à sa portée » (Esprit des Lois, Livre 11)
Durant ces deux siècles, l’Etat représentatif s’est peaufiné et a gagné en efficacité. Plus besoin désormais, que le « représentant du peuple » soit issu de la Banque, de l’Industrie ou du Commerce. Aujourd’hui, le « représentant du peuple » gagne son élection grâce aux médias et aux réseaux qui « fabriquent le consentement ». Autrement dit, le « représentant du peuple » est adoubé par l’oligarchie qui possède les médias et se trouve à la tête des réseaux d’influence. Et le « représentant du peuple » sait ce qu’il doit aux maîtres qui lui remplissent en toute discrétion sa gamelle.
Le système a donc été construit pour favoriser le pouvoir des plus riches. Si autrefois le plus riche était membre de la grande bourgeoisie française, aujourd’hui le plus riche est un apatride qui fait partie d’une oligarchie mondialisée. Pourquoi croyez-vous que toutes les multinationales et tous les Soros de la planète militent pour la « démocratie » ? Parce qu’ils aiment le peuple, cette « humanité anonyme » selon l’expression pleine de mépris d’un des leurs (Coudenhove-Kalergi pour ne pas le citer) ? Bien sûr que non : c’est tout simplement parce que la « démocratie », version 1789, consiste justement à leur confier « l’autorité suprême » !
De ce qui précède il faut tirer deux conclusions :
D’une part, les lois du régime politique républicain n’ont aucune légitimité : elles sont le produit de pseudo représentants du peuple qui profitent du détournement de la souveraineté au profit d’une caste oligarchique.
D’autre part, les réfractaires et les dissidents n’ont aucune chance de parvenir au sommet du régime politique républicain : celui-ci s’est construit de manière à les écarter. Il est donc inutile qu’ils dépensent leur énergie dans des combats politiques stériles. Rassembler le « peuple », l’extraire de la « nation » trafiquée et grossie de masses immigrées, doit être désormais leur seul objectif. Face à la république oligarchique, il est temps de redonner le pouvoir à notre peuple !
Antonin Campana