Ainsi donc Sadiq Khan est le favori des élections qui ont lieu aujourd’hui à Londres. Les sondages le créditent de 10 points d’avance sur son principal adversaire. Quels que soient les résultats définitifs, cette élection est pour nous autres autochtones européens un nouvel avertissement.
Khan est un musulman d’origine pakistanaise. Un musulman « modéré », mêmes si quelques uns, dans l’entourage de Cameron, laissent entendre que Khan serait proche des islamistes. Un musulman « modéré » donc, qui commence toutefois ses meetings par un tonitruant salam aleykoum, manière d’en appeler au vote ethnique. Peut-il être vainqueur à ce jeu ?
En 2011, Londres comptait 60 % de Blancs. On se souvient que Boris Johnson avait été réélu maire en 2012 face à Ken Livingston, un Blanc lui-aussi. Cependant, Johnson n’avait pas manqué de proclamer ses origines étrangères (son arrière grand-père paternel est Turc), manière de dire « je suis des vôtres, votez pour moi» (enfin presque « des vôtres », car l’aïeul de Johnson était un ministre du grand vizir, pas le vendeur de loukoums du quartier). A Londres, il y a donc environ 40% d’allogènes (Asiatiques, Noirs, Métis…) : pas suffisant en théorie pour être élu sur un vote ethnique. A moins que les Blancs ignorent le réflexe ethnique, ce qui est bien sûr le cas pour nombre d’entre eux.
Voyez l’élection d’Obama. En 2008, Obama se définit comme « candidat noir », ce qui revient à solliciter implicitement le vote ethnique en sa faveur. Avec succès apparemment, puisque 95% des Noirs ont voté pour lui ainsi que, ce qui est plus surprenant mais peu s’expliquer par l’antijaphétisme ambiant, 67% des Latinos, 78% des Juifs… et 43% des Blancs ! En 2012, les proportions sont similaires (39% des Blancs ont voté Obama ainsi que 71% des Hispaniques, 93% des Noirs, 73% des Asiatiques et 69% des Juifs). Les Blancs (non hispaniques) forment alors 63% de la population. Bien que constituant « seulement » 37% de la population, les non-Blancs, unis dans un vote commun, ont donc réussi à faire basculer le pouvoir au profit d’un afro-américain.
Autre exemple : Rotterdam. En 2009, le conseil municipal de la seconde ville des Pays-Bas a nommé maire Ahmed Aboutaleb. Aboutaleb est un musulman marocain (musulman « modéré » lui aussi, fils d’un imam). En 2009, la ville compte 46 % d’étrangers dont 11% d’occidentaux, soit 35% de non-Européens (en provenance du Surinam, de Turquie, du Maroc, des Antilles, du Cap-Vert…). La présence de 35% d’extra-européens a donc suffit à faire basculer la ville !
Nouvel exemple : Oslo. Oslo compte, selon les sources entre 27 et 35 % d’étrangers (Pakistanais, Somaliens, Tamouls, Turcs…). A l’issue du premier tour de l’élection municipale d’octobre 2015, un musulman originaire du Pakistan, ancien secrétaire général du Conseil islamique de Norvège, représentant du parti écologiste et très engagé contre le « racisme » et « l’extrême droite », s’est trouvé en position de devenir le futur maire. Cela ne s’est pas fait mais Khamshajiny Gunaratnam, originaire du Sri Lanka, survivante du massacre d’Utoya et très engagée elle-aussi contre le « racisme », est devenue maire-adjointe.
Dernier exemple : Calgary. Cette ville, la troisième du Canada, a depuis 2010 un maire musulman originaire de Tanzanie (Naheed Nenshi). Comme par hasard, celui-ci a été nommé « meilleur maire du monde » ( !) par la Fondation City Mayor. Le cas est un peu atypique puisque Nenshi a obtenu seulement 39.6% des voix, ce qui était suffisant toutefois pour le placer en tête des postulants. Il faut rapprocher ce chiffre de celui des non-Européens (Chinois, Philippins, Noirs, Hispaniques…) qui forment « à peine » 21% de la population de Calgary. Là aussi, l’apport de voix blanches a donc été déterminant.
En conclusion, croire que les allochtones prendront le pouvoir lorsqu’ils seront majoritaires est faux : ils le prendront bien avant. Dans tous les cas précités, les allochtones élus l’ont été avec les voix des Blancs. Selon moi, mais cela devra être précisé bien sûr, le seuil de basculement politique en faveur des allochtones est atteint lorsque ceux-ci constituent entre 30 et 35% de la population. Si ce seuil est atteint, nous pourrons être certains qu’il se trouvera toujours entre 15 à 20% de Blancs (ou davantage, voyez Obama) qui, soit par ignorance, soit par ethnomasochisme, soit par conformisme, voteront pour le candidat allochtone. Reste toutefois une condition : à l’instar des personnalités dont nous avons parlé, le candidat allochtone devra avoir fait son cursus honorum au sein des partis du système, il devra faire figure de « modéré » et avoir été en quelque sorte adoubé par l’oligarchie (ainsi Obama a-t-il reçu le soutien de Soros, de Goldman Sachs, de JP Morgan…). Cela ne durera pas, mais à l’heure actuelle un candidat allogène « radical » n’a aucune chance d’arriver au pouvoir. Une Najat Vallaud-Belkacem aurait, de ce point de vue, tout à fait le profil d’un futur président de la république « française ». Houellebecq a donc peut-être raison : les « choses » vont se faire en douceur, on ne sentira presque rien….
Antonin Campana