Le pervers compassionnel est quelqu’un qui feint la compassion pour un tiers afin d’exercer sur vous une pression morale qui vous oblige à adopter un comportement contraire à vos intérêts ou à votre volonté. A la différence du pervers narcissique qui manipule son entourage immédiat, familial ou professionnel, le pervers compassionnel hante la sphère du pouvoir politique, médiatique, juridique, économique et manipule des collectivités entières. Le pervers compassionnel est un pervers narcissique « qui a réussi ».
Comment repérer le pervers compassionnel ? Voici quelques critères pour le reconnaître :
1. Il feint la compassion et cherche à la susciter
Le pervers compassionnel est adepte des discours humanitaires. Il manifeste une empathie apparente et sélective pour ceux qui souffrent et se dit « inquiet » par la situation de telle minorité opprimée, par les atteintes portées contre les femmes, les homosexuels ou la démocratie dans tel pays, pour la situation « préoccupante » de telle population victime de violences religieuses, de la guerre, du racisme, de la famine, etc. Le pervers compassionnel montre des sentiments très purs, très élevés et très désintéressés. C’est plus fort que lui : « il ne peut pas laisser faire » !
2. Il manipule sa victime et l’avilit si elle s’oppose à lui
La victime du pervers compassionnel finit par croire en la véracité du discours qui lui est servi. En 1999, elle pleure sur les « 700 000 Kosovars exécutés» (Télérama du 23 juin 1999). En 2003, elle croit aux armes de destruction massive de Saddam Hussein. En 2011, elle pense qu’il faut protéger le peuple Libyen et en 2016 elle veut accueillir les « migrants ».
Mais le pervers compassionnel va chercher aussi à culpabiliser et à avilir celui qui le conteste. Il va mettre en doute les compétences et les qualités puis la personnalité des opposants. Ceux qui refusent l’entrée en guerre pour aider les Kosovars sont des « équivalents de Céline et Drieu La Rochelle » (Philippe Val, Charlie Hebdo, 31 mars 1999). Ceux qui ne veulent pas la guerre en Irak sont complices de « Saddam Hitler ». Ceux qui sont hostiles à la guerre en Libye font le jeu d’un dictateur. Ceux qui sont hostiles à l’accueil des migrants sont de dangereux xénophobes d’extrême droite.
3. Il n’éprouve aucun sentiment, seul compte le résultat
Le pervers compassionnel se sert de la souffrance pour produire de la souffrance. Il n’en éprouve aucun remord. C’est un manipulateur qui culpabilise, infériorise, dévalorise, diabolise celui qui ne se soumet pas à sa volonté. A contrario il survalorise sa propre personne, mettant en avant le caractère désintéressé, moral, humain, nécessaire de son action. Des conséquences de celle-ci, il ne répond jamais. Clinton se moque de ce qu’il advint des Serbes du Kosovo, Buchs se moque de l’enfer irakien, le chaos libyen n’empêche pas Sarkozy de dormir, et la destruction du peuple allemand ne pose aucun problème à Angela Merkel.
Le pervers compassionnel est un monstre froid qui utilise cyniquement la souffrance des uns pour contraindre les autres… au besoin en avilissant ceux qui n’obtempèrent pas à sa volonté ! En assimilant la souffrance des Juifs fuyant Hitler à celle des migrants fuyant la guerre, il fait de la «société ouverte » une nécessité morale et il nazifie ceux qui sont hostiles à la submersion. La traite négrière et l’esclavage lui permettent de victimiser les Noirs et de culpabiliser les Blancs… et ainsi de faire accepter à ces derniers qu’ils versent des « réparations ». Les souffrances du peuple libyen lui permettent de diaboliser ceux qui ne veulent pas le secourir… et ainsi de rallier une majorité à la guerre. Des considérations victimaires sur l’enfance difficile des « jeunes sauvageons » lui donnent toute latitude pour accuser la « société » et placarder sur un « mur des cons » les récalcitrants. Le Bataclan lui permet de justifier la privation des libertés au nom de la Liberté et de railler l’irresponsabilité de ceux qui refusent le régime policier salvateur. Etc.
Le pervers compassionnel joue de la compassion pour se jouer des peuples et des gens. C’est un être qui par sa structure émotionnelle ignore le sentiment de justice et de vérité. Pour lui un peuple, ou un individu, n’est qu’un objet que l’on peut utiliser, avilir, détruire, soumettre ou culpabiliser pour assurer sa propre emprise : seul compte le résultat. L’expérience nous montre que le pervers compassionnel est un psychopathe qui met toujours ses capacités au service d’un projet global avec l’espoir d’en tirer un bénéfice personnel. Ce peut être un homme ou une femme, il peut être jeune ou vieux, Noir ou Blanc, Juif ou chrétien. C’est quelqu’un d’intelligent dont l’absence de sens moral lui a permis de se hisser aux plus hautes responsabilités. Il est menteur, manipulateur, sournois, comédien, affabulateur, arrogant. Il peut falsifier l’histoire comme l’actualité si cela le sert. Il manifeste de l’émotion mais n’en éprouve pas. Il n’est jamais responsable ni coupable de rien. Il n’a ni regret, ni remord. Et quand il passe, il ne laisse que des ruines.
Méfiez-vous de ceux qui pleurent sur les « victimes », Juifs, Noirs, immigrés, colonisés, Indiens, Syriens, migrants, réfugiés, clandestins, délinquants… et qui en retour vous somment de penser, de faire, d’agir, de réparer, de regretter, de s’ingérer… pour ne pas être « complice des bourreaux ». Leur compassion est fausse, ils vous manipulent et vous veulent du mal : ce sont des pervers compassionnels !
Antonin Campana