Il suffit d’ajouter le mot « république » à un mot pour lui faire perdre sa signification. Ainsi la « Justice » républicaine est à la Justice ce que la musique militaire est à la musique : une caricature. Cette libre paraphrase de Clémenceau se vérifie amplement avec les évènements de Calais.
Un ancien général de la Légion âgé de 75 ans ayant manifesté illégalement (sic) contre la présence des clandestins à Calais est emmené manu militari au Poste de Police. Il reste 48 heures en garde à vue dans des conditions ignobles, son état de santé se détériore et il est finalement emmené en urgence à l’hôpital. Durant ces 48 heures il a été interrogé seulement trois heures. Autrement dit, l’objet essentiel de cette garde à vue a consisté à humilier un homme malgré son âge et ses antécédents militaires ! Aujourd’hui, les mois de prisons fermes ont commencé à pleuvoir sur les autres interpellés. Le Général Piquemal sera quant à lui jugé dès sa sortie d’hôpital.
Tout cela est « normal » : seuls ceux qui se méprennent sur le régime politique en place peuvent s’étonner de ces dénis de droit et de cette parodie de justice.
La République est fondée sur le « pacte républicain », c’est-à-dire sur le « principe d’universalité », principe qui suppose une « société ouverte » à tous ceux qui veulent rejoindre le « corps d’associés ». Nombreux sont les réfractaires qui n’ont pas encore compris la nature réelle du monstre républicain et qui pense encore pouvoir le domestiquer sur le mode FN. Les magistrats, comme les journalistes, les universitaires ou les politiciens, savent, quant à eux, exactement de quoi il en retourne : ils occupent leur poste parce qu’ils ont parfaitement intégré les principes républicains essentiels et qu’ils ont périodiquement fait acte d’allégeance au système politique qui en est l’expression.
La Justice se veut « républicaine » et « de la République ». Autrement dit, cette institution déclare ouvertement son inféodation à une idéologie et à un régime politique qui veulent une société ouverte et métissée. Le système judiciaire « français » n’est donc pas, sur le principe, différent du système judiciaire soviétique : son rôle politique est de protéger le régime en place. Ainsi le juge remplit sa fonction lorsqu’il acquitte des no-borders ayant agressé des policiers : le no-border travaille pour le Système (et c’est d’ailleurs le Système qui le finance : voir notre article sur le financement du mouvement no-border). Le juge remplit aussi son rôle lorsqu’il condamne des résistants calaisiens coupables d’avoir manifesté leur souffrance : sans le savoir, le calaisien remet en cause le « pacte républicain » et la société ouverte qu’il implique. Le juge trahit son peuple mais sert ses maîtres. Quid du policier ?
Tous ces procès sont donc politiques. Une Justice « républicaine » est une justice qui appartient au régime en place et dont le personnel a été sélectionné pour sa servilité. Certes, il faut dénoncer l’iniquité de ces procès, mais il faut aussi dénoncer le régime politique, sous peine de perdre son temps. Mais en attendant, soutenons Piquemal !
Antonin Campana