[« Laïcité », « Système » : voici deux nouveaux mots-concepts que nous intégrons dans notre petit Glossaire impertinent. N.B. : Les mots avec un astérisque sont repris dans ce Glossaire]
Laïcité
Hier (1880- 1914) : Substitution de la religion* républicaine à la religion chrétienne.
Aujourd’hui (à partir des années 1970- 1980) : méthode pour construire une société* composée de populations différentes par la culture*, la religion, les manières de vivre…
Cette méthode consiste à rogner progressivement la fonction sociétale des identités afin de leur substituer une sociétalité froide fondée sur une loi républicaine « neutre ». Aux cultures sociétales qui organisent la vie en société (manière de vivre, de manger, de se marier, de travailler, de régir les relations sociales, de croire…) se substitue ainsi la loi sociétale (le « mariage pour tous » par exemple) censée construire une mécanique sociale autorégulée, non soumise aux identités. Depuis quelques années, la laïcité consiste ainsi à éjecter toutes les identités du domaine public. Le génocide culturel est le prix du « vivre ensemble » républicain.
La « laïcité » n’est donc pas une sécularisation de l’espace public ou une séparation du temporel et du spirituel. La laïcité est l’arraisonnement de l’espace public par une nouvelle foi (dans les valeurs de la République*), une nouvelle religion (républicaine), de nouvelles valeurs (universelles), qui entendent face à l’Eglise au XIXe siècle, puis face aux identités au XXIe siècle, régenter la société. La laïcité est aujourd’hui une méthode pour construire la société mondialisée. On ne peut donc combattre l’immigration au nom de la laïcité : l’immigration dépend de la réussite de la laïcité.
Système
Combinaison d’éléments qui concourent à la formation d’une société* planétaire placée sous une gouvernance mondiale.
Ce que nous appelons « Système » prend naissance en France le 28 juillet 1885 lorsque Ferry propose l’union sacrée des capitaux et des idéaux dans la conquête coloniale. Il s’agit d’un accord gagnant-gagnant : la Banque et la grande industrie exporteront leurs produits, la République* exportera ses idées (la « mission civilisatrice »). Cette union sera tellement profitable à chacun des partenaires qu’elle ne se démentira jamais. La pénétration des idées sera désormais indissociable de la pénétration des produits, et la pénétration des produits sera inséparable de la pénétration des idées. Les multinationales, les banques et les oligarques d’aujourd’hui s’associent directement à la promotion des idéaux contenus dans le républicanisme à la française (droits de l’homme, démocratie, égalité -antiracisme, féminisme…) et, inversement, les Etats ouvrent leur marché dès lors qu’ils deviennent « démocratiques ».
Les multinationales possèdent la presse, la télévision, la publicité… L’Etat* « démocratique* » possède les institutions, l’Ecole, la « Justice », la Police… L’ensemble de ces éléments (Télévision, Ecole, etc.) concourent donc à faire système pour imposer d’une seule voix une société de consommation qui soit démocratique, égalitaire* et extensible au monde entier. C’est pourquoi l’Etat « démocratique » préfèrera toujours le CAC 40 à la PME, la grande distribution au petit commerce, la finance internationale au petit porteur, la Grande Banque à l’épargnant.
Le Système est donc un monstre à deux têtes : capital et idéal. Chacun des éléments qui le compose (banque, grandes entreprises, médias, institutions…) fonctionne selon un logiciel commun élaboré à travers le républicanisme. C’est pourquoi le Système peut fonctionner de manière autorégulée, sans commandement central. Face à une même question (exemple : les rôles sociaux masculins et féminins), chacun des éléments apportera la même réponse sans concertation préalable (en l’occurrence : hommes et femmes doivent avoir les mêmes rôles sociaux). Pour casser le Système, il faut donc commencer par détruire son logiciel.
Antonin Campana