[La République a élaboré un système d’avilissement des Autochtones européens, dont le racisme serait la tare spécifique et héréditaire. Cet avilissement institutionnalisé fait reposer sur un bouc émissaire tous les échecs du projet républicain de société mondialisée. Il innocente celui-ci et préserve sa légitimité. L’antiracisme républicain est une forme indépassable de racisme].
Le racisme antiblanc n’est pas une peur irrationnelle de l’altérité. Ou tout au moins, s’il est aussi cela (parfois), c’est à la marge, comme une sorte de dégât collatéral d’un phénomène plus pervers et plus profond. Le racisme des banlieues et des zones de non droit est une cause de souffrance pour de nombreux Autochtones* mais ce serait une erreur de réduire le racisme* antiblanc aux manifestations violentes de ce qui apparaît somme toute comme une pulsion assez animale et primaire. Je ne veux pas minimiser ce racisme au quotidien qui génère chez les Autochtones des stratégies d’évitement de plus en plus élaborées (du quartier qu’on ne traverse plus à la carte scolaire que l’on contourne) et cause un véritable choc à ceux qui le subissent. Néanmoins, ce racisme primaire quasi « instinctif » est moins dangereux à long terme que ce racisme idéologique qui détruit notre peuple à petit feu, neutralisant ses capacités à se défendre et générant un ethnomasochisme mortifère. J’appelle « antijaphétisme* » ce racisme idéologique (vous trouverez dans mon Glossaire, une définition des mots avec un astérisque).
Une observation attentive des faits nous montre que l’Etat* républicain est le compositeur et chef d’orchestre du requiem antijaphite. Quel est le mobile de ce véritable crime d’Etat ?
Le mobile tient tout entier dans la volonté de protéger le modèle de société « occidentale » que nous connaissons. Ce modèle prétendument basé sur des principes universels, identitairement neutres (« laïques ») et acceptables par tous les hommes est sensé pouvoir faire vivre ensemble, de manière pacifique et harmonieuse, des êtres humains venus de toute la terre. Ce modèle de société* démocratique, libre et ouverte pourrait/devrait s’étendre à la terre entière pour former une société planétaire démocratique et heureuse sous une gouvernance mondiale (mondialisme). Depuis le début des années 1980, il apparaît clairement que ce modèle ne fonctionne pas. Le « moteur de l’intégration est en panne », des sociétés parallèles se forment, aujourd’hui des soldats armés patrouillent dans nos rues pour maintenir la paix civile. Le fractionnement de la société engendrée par la République* signifie que les « valeurs universelles » et les « principes fondamentaux » autour desquels elle prétend organiser cette société sont incapables de maintenir sa cohésion. En bref, cela prouve que le projet républicain fondé sur le principe d’universalité est une utopie dangereuse qui ne fonctionne pas et qu’une société hétérogène ne peut se bâtir sur un socle de valeurs communes, car ce socle de valeurs communes n’existe pas. Au nom de l’universel, les républicains ont eu l’outrecuidance de penser qu’ils pourraient mélanger des populations différentes, la réalité vient leur montrer qu’il ne fallait pas transgresser les principes élémentaires de « chimie ethnique ».
Les signes d’éclatement de cette société artificielle auraient dû logiquement entraîner une remise en cause des principes fondamentaux du régime politique qui l’avait construite. Ils auraient dû au moins susciter une réflexion sur le bienfondé des principes d’universalité à partir desquels celui-ci avait justifié et organisé cette construction politique instable. Il restera dans les annales qu’aucun apparatchik de ce régime n’a eu le courage d’une telle démarche. Pour protéger ce régime et la mythologie qui le légitimait, sans doute aussi pour conserver leurs privilèges, ces apparatchiks ont préféré désigner un bouc émissaire qui endosserait la responsabilité de la dislocation d’une nation Frankenstein qu’ils avaient fabriquée à partir de morceaux de peuples différents aussi bien par leur culture que par leur religion. Ce bouc émissaire sera le peuple autochtone d’Europe.
Le début des années 1970 marque les premières difficultés de la société multiculturelle naissante (Alain Griotteray situe à 1972 le début des « tensions » -Les Immigrés le Choc, Plon, 1984). Déjà, certaines voix proposent « l’adaptation » plutôt que l’assimilation (La Croix, 22 mai 1973, cité par Alain Griotteray). Dès cette époque, les plus lucides constatent que le « creuset républicain » ne parvient pas à fusionner les Européens et les Nord-africains. L’alchimie ne prend pas, celui-ci ne serait-il qu’un mythe idéologique ? Très vite des contrefeux sont allumés pour que la validité des « valeurs » qui le fondent ne soit pas suspectée. L’axe principal de l’enfumage va consister à accuser les Français (de souche*). Ceux-ci seraient coupables d’une identité aux relents nauséabonds qui les ferait refuser « l’Autre » et se replier frileusement sur eux-mêmes. Si le « creuset républicain » ne jouait plus son rôle intégrateur, c’était à cause des Français (de souche) qui étaient xénophobes et racistes et non, tout simplement, en raison de l’absurdité de l’idée de « creuset ». Le film Dupont Lajoie (Yves Boisset, 1974) est symptomatique des prémisses de cette offensive idéologique (il met en scène des campeurs, des gendarmes, des élus, des fonctionnaires, tous « bons Français » (de souche) aussi racistes que bêtes, pratiquant ratonnade, viol, meurtre et s’en prenant injustement à des ouvriers algériens innocents, jusqu’à la révolte légitime de l’un d’entre eux). Dupont Lajoie résume un système d’avilissement de l’Autochtone aussi simpliste qu’efficace : le Français est raciste ce qui empêche l’étranger de s’intégrer et explique tous les problèmes d’intégration.
Pour renforcer cette peinture abjecte, l’histoire de France* (et des peuples blancs en général) va être revisité pour imputer à l’identité française et à la culture* européenne et chrétienne le racisme* et la xénophobie dont les Français de souche sont suspectés et accusés (L’idéologie française de Bernard-Henri Levy date de 1981). Les sources de cette altérophobie qui imprègnerait tout le tissu social français (de souche), serait repérable depuis les Croisades jusqu’aux camps de la mort, en passant par les ghettos, la traite négrière, l’exploitation coloniale et Vichy. Dupont Lajoie ne serait, ceci expliquant cela, que l’héritier d’une longue lignée de ségrégationnistes, d’esclavagistes et de colonialistes.
Dès le début des années 70, l’Etat républicain va faire de ces quelques idées simples un véritable système d’avilissement institutionnel au service de la République. L’antijaphétisme va devenir un racisme d’Etat. Celui-ci aura un impact déterminant sur la sphère publique et bouleversera en profondeur l’existence des Français.
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Ce racisme d’Etat va notamment agir sur l’Education Nationale en forçant l’enseignement d’une narrative mettant l’accent sur le côté « sombre » de l’histoire européenne et française (la traite, la colonisation, l’affaire Dreyfus, Vichy…). Il s’agira de conforter l’idée d’une sorte de tare raciste qui marquerait l’hérédité des Français de souche (hérédité qui se manifesterait aujourd’hui dans le vote vichyste pour le Front National antirépublicain).
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Pour rendre incontestable cette narrative humiliante, l’Etat va promulguer un ensemble de lois mémorielles qui empêcheront toute contestation du système d’avilissement (loi Fabius-Gayssot, 1990 ; loi Taubira sur l’esclavage, 2001 ; loi sur la contestation des génocides reconnus par la loi, 2012).
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L’Etat va susciter et grassement subventionner un ensemble de ligues et d’associations dites « antiracistes » dont l’unique travail consistera à monter en épingle des situations anecdotiques « prouvant » le racisme des seuls autochtones*.
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Les médias et le cinéma subventionnés par l’Etat assureront à la télévision, dans la presse, dans les films et séries… un système de représentation du racisme, toujours associé à l’Autochtone européen.
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Sous prétexte d’endiguer cette propension au racisme, l’Etat fera voter des lois qui sanctionneront les seuls Autochtones et accentueront l’idée que cette tare inscrite dans une sorte de patrimoine ethnoculturel doit être éradiqué par la force.
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Les juges seront les relais efficaces de cette idéologie et ne manqueront jamais de suspecter la motivation raciste dès lors qu’un Blanc commettra un crime ou un délit à l’égard d’un étranger (l’inverse étant quant à lui rarissime).
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Pour éviter une éventuelle « action de groupe » des Autochtones, la « Justice », comme les politiciens d’Etat ou les « historiens » de cour, expliquent que l’expression « Français blancs dits de souche ne recouvre aucune réalité légale, historique, biologique ou sociologique ». Ainsi, contrairement à leur racisme congénital, les « Dupont Lajoie » n’existent tout simplement pas, de même que les franchouillards xénophobes ou les « jambon-beurre-beaujolais » dont parle le Maire de Saint Etienne. Ce déni d’existence relève de la double pensée orwelienne (on nie l’existence d’un groupe dont on décrit par ailleurs une caractéristique particulière : le racisme). Ce déni est une clé de voûte du racisme d’Etat : un peuple qui n’existe pas n’a aucun droit, même pas celui de se défendre.
Ainsi, on le voit, tout est organisé pour « stigmatiser » l’autochtone blanc qui n’existe juridiquement, sociologiquement, historiquement, qu’à travers le racisme auquel on le réduit. Tout ce qui est lié ou dépend de l’Etat participe de ce système d’avilissement : l’Ecole, la Loi, les Tribunaux, la télévision, les commémorations, les grandes messes antiracistes, la presse, l’industrie cinématographique, les partis politiques, les associations antiracistes, l’Université… Il s’agit d’inculquer un système de représentation qui au prix d’une description dégradante d’une partie de la population « explique » le naufrage du régime politique et l’effondrement de son modèle de société mondialisé (j’ouvre une parenthèse pour signaler que, depuis les attentats, « l’islamisme » semble rejoindre le pseudo racisme autochtone dans la catégorie des boucs émissaires responsables du fractionnement du « vivre ensemble »). L’Etat républicain produit le système d’avilissement afin d’innocenter les « valeurs » et les « principes fondamentaux » absurdes et potentiellement conflictuels sur lesquels il repose. Il s’agit donc bien d’un racisme d’Etat, un racisme méthodiquement installé dans l’Enseignement, le Droit, l’Information, la Justice, le Politique… Un racisme planifié, conscient et voulu par les plus hautes instances républicaines. Taubira qui explique par exemple qu'il faut éviter d’évoquer la traite négrière arabo-musulmane pour que les «jeunes Arabes» «ne portent pas sur leur dos tout le poids de l'héritage des méfaits des Arabes», montre bien que le système d’avilissement des Autochtones européens relève d’une volonté consciente. Chirac qui annonce l’abrogation d’une disposition légale qui reconnaissait le « rôle positif de la présence française outre mer, notamment en Afrique du Nord » (loi du 23 février 2005), signifie qu’il n’est pas question pour la République de revenir sur les grands mythes justifiant le système d’avilissement des Autochtones.
Cette propagande raciste engendre la conviction que les Blancs auraient une sorte de dette raciale héréditaire envers ceux qui ne le sont pas. Chez certains Allochtones, cette conviction justifie les violences physiques et verbales contre les Blancs et provoque une « concurrence victimaire » afin d’obtenir de leur part indemnisations financières, voire avantages sociaux significatifs (discrimination « positive »). Chez de nombreux Autochtones, l’idée d’une dette morale envers les étrangers induit un fort complexe d’infériorité, voire une haine de soi et un dégoût pour leur appartenance (ethnomasochisme). Les Allochtones semblent donc tirer un énorme avantage du racisme d’Etat et ne manquent jamais d’en reprendre les grands thèmes à leur profit. Néanmoins, ils n’ont pas compris que la raison première de ce racisme était de préserver le projet républicain, de l’innocenter par la désignation d’un bouc émissaire sommé d’endosser la responsabilité des échecs, à seule fin de poursuive la création de la société planétaire. Les Allochtones devraient donc être plus circonspects lorsqu’ils utilisent le racisme d’Etat contre les Autochtones. Ce racisme pourrait bien se retourner contre eux si l’intérêt de la République le commandait. L’antijaphétisme républicain a succédé à l’antisémitisme* républicain. Il pourrait bien précéder un antichamisme républicain.
Antonin Campana