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Terre Autochtone

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Le blog des aborigènes d'Europe, par Antonin Campana


Le racisme, un élément constitutif de la République.

Publié par Antonin Campana sur 12 Novembre 2015, 17:47pm

Catégories : #Antijaphétisme, #Les joies de la nation Frankenstein

Le racisme, un élément constitutif de la République.

[Pour justifier ses échecs, la République a mis bas une idéologie avilissant et déshumanisant certains groupes humains. Elle a inventé le racisme moderne. Par un retournement pervers, elle fait aujourd’hui du racisme une marque distinctive des Autochtones européens (antijaphétisme), ce qui lui permet d’expliquer l’échec du « vivre ensemble » sans avoir à remettre en cause son modèle absurde de société.]

[NB  Les mots avec un astérisque font l'objet d'une définition dans notre Glossaire]

 

Le modèle républicain se structure autour de deux principes fondamentaux :

  • Rien ne doit s’interposer entre l’Etat républicain* et l’individu-citoyen* : ni « corps intermédiaires », ni ordres, ni communautés, ni nations…. C’est ce principe qui fait dire à Clermont-Tonnerre (décembre 1789) : « Il faut tout refuser aux Juifs comme nation et tout accorder aux Juifs comme individus. Il faut qu’ils ne fassent dans l’Etat ni un corps politique ni un ordre. Il faut qu’ils soient individuellement citoyens ».

  • Les valeurs de la République* sont des valeurs universelles acceptables par tous les hommes. C’est pourquoi des hommes venus de toute la terre peuvent « vivre ensemble » en République et être solidaires du « corps d’associés » qu’ils forment alors (« corps d’associés » abusivement dénommé « peuple français »).

Historiquement, le racisme apparaît comme une réponse aux échecs de ce modèle (devenu, par la violence, le cœur nucléaire du système politique occidental).

Nous avons déjà montré (ici et ) que l’antisémitisme moderne était apparu au sein même de la République, parmi les républicains les plus radicaux. Dès 1875 – 1880, ces derniers constatent que les Juifs, loin d’avoir dilué leur nation dans l’Etat, ce qui était leur part du contrat en échange des avantages de la citoyenneté individuelle qui leur était généreusement accordée, constituaient toujours un « petit peuple égoïste et dur » pour reprendre l’expression de Benoît Malon (la Revue Socialiste, Juin 1886), un groupe solidaire et discriminant (Jaurès), distinct du reste de la nation française. Ce constat, preuve que le modèle républicain ne fonctionnait pas, aurait dû amener les républicains à réviser les principes fondamentaux qui charpentaient celui-ci, ou, à tout le moins, à reconsidérer leur capacité à convenir à tous les hommes. Malheureusement, sans doute animés d’un ressentiment profond à l’égard des Juifs qui avaient en quelque sorte trahi la confiance de la République (de leur point de vue), les républicains n’allaient pas remettre en question l’universalité de leurs valeurs mais l’humanité des Juifs. Ainsi, si les Juifs refusaient une loi prétendument universelle et convenant donc à tous les hommes, ce n’était pas parce que cette loi était en fait particulière, c’était parce qu’eux-mêmes, les Juifs, se situaient à la limite de l’humanité, qu’ils n’étaient pas vraiment hommes. Pour Jaurès, les Juifs forment ainsi une « classe d’hommes », voire une « race » à part exerçant une action « redoutable ». Clémenceau parlera d’une « race distincte », d’autres, plus précis, de « juiverie », de « sémites » ou de « race juive ». Cette « classe d’hommes » se distingue donc des autres hommes. Elle se situe à la limite de l’humanité, en atteste cet instinct de « rapine » que les politiciens républicains ne se privent pas de pourfendre mais aussi ces caractères physiques (les « nez typiques » dont parle Zola dans l’Argent, les doigts crochus…) qui bestialisent les Juifs et que l’on retrouve amplement dans les caricatures florissant sous la IIIe République. Au prix d’un système d’avilissement, les républicains « sauvent » les valeurs universelles de la République et protègent un modèle retoqué par les réalités. 

L’antisémitisme républicain connaîtra un coup d’arrêt brutal avec l’affaire Dreyfus qui fut une contre offensive montée par les milieux juifs pour contrer le système d’avilissement. Les républicains neutralisés par les retombées de l’Affaire mettront leur antisémitisme en sommeil jusqu’à la seconde guerre mondiale. Avec la reconnaissance de l’Etat d’Israël, la République ira à Canossa en reconnaissant  l’existence d'un peuple juif, constitué des Juifs du monde entier, y compris donc de France.

Vers 1970-1980, la « question juive » paraît donc réglée. Cependant le modèle républicain est de nouveau confronté à des réalités qui l’infirment : l’immigration extra-européenne. De nouveau, les principes républicains sont démentis par les faits. Il apparaît que l’assimilation puis l’intégration, bientôt l’insertion ou l’inclusion sont, selon l’expression consacrée, en « panne ». Le « vivre ensemble »  ne fonctionne pas, des sociétés parallèles se constituent,  bref le modèle républicain est en échec flagrant. Les républicains vont-ils enfin admettre qu’ils se sont trompés ou vont-ils de nouveau stigmatiser une « classe d’hommes » rendue responsables de leurs revers ?

Très vite un nouveau système d’avilissement va se mettre en place. La « classe d’hommes » rendue responsables des échecs du modèle de « vivre ensemble », la « classe d’hommes » rejetée à la limite de l’humanité, stigmatisable à souhait, sera celle des « Blancs », des Autochtones* européens. Le discours républicain dénonçait chez les Juifs leur solidarité discriminante et leur puissance économique, il va dénoncer chez l’Autochtone son « racisme ». C’est ce racisme (blanc) qui va expliquer les échecs du « vivre ensemble », c’est lui qui va expliquer  les pannes de l’intégration, les révoltes (légitimes) des immigrés, la communautarisation…. Par leur manque d’ouverture à l’Autre, les Autochtones refusent le modèle républicain, rejettent ses principes universels et se replient frileusement autour de valeurs identitaires. Comme les Juifs des années 1880, le Blanc des années 1980 sombre dans l’inhumanité : seuls des hommes en limite d’humanité peuvent refuser des valeurs qui conviennent par définition à tous les hommes. Un système d’avilissement que nous nommons antijaphétisme va alors se mettre en place. Celui-ci va falsifier l’Histoire pour mettre en avant la permanence des comportements racistes chez le Blanc, imposant une historiographie stigmatisante adossée à des lois mémorielles qui empêchent de la contester. Le racisme, signe de l’inhumain et du bestial, composante permanente et donc quasi génétique de l’histoire des blancs, devient une marque distinctive du Blanc, de sa bêtise et de son ignorance congénitale. Pour échapper à cet avilissement le « bon Blanc » doit, comme le « bon Juif », se dissocier de son appartenance, marquer sa honte et sa réprobation ostensible du comportement passé et présent de ses semblables (ethnomasochisme).

L’antisémitisme et l’antijaphétisme ont donc la même fonction en République : déshumaniser  une « classe d’hommes » pour expliquer leur refus des valeurs universelles de la République et ainsi faire reposer sur ce groupe bouc émissaire l’échec du modèle républicain de « vivre ensemble ». L’objectif étant de protéger le régime et de préserver son projet de société.

Ainsi dès que le « vivre ensemble », c’est-à-dire le projet de société mondialisée, est en difficulté, la République stigmatise des hommes et des groupes :

  • Ce fut vrai avec l’antisémitisme

  • Ce fut vrai avec l’anticléricalisme (et la bestialisation des catholiques : qu’on se reporte aux caricatures et au discours républicain des années 1880-1900)

  • Ce fut vrai avec le colonialisme et l’émergence du concept de « race inférieure » (Ferry), c’est-à-dire « pas vraiment » humaine (ce qui expliquait la résistance des colonisés aux valeurs universelles de la République)

  • C’est vrai aujourd’hui avec l’antijaphétisme

  • C’est vrai aujourd’hui encore avec la dénonciation de l’islamisme, manière à la fois de se cacher la réalité de l’Islam, religion politique inassimilable, et de stigmatiser les musulmans qui veulent vivre intégralement les préceptes de leur religion.

  • C’est vrai avec le concept de « racisme »

Le racisme est un mythe républicain. Il n’existe pas si ce n’est dans l’imaginaire républicain ou de manière très anecdotique et marginale.

Le seul racisme véritable, idéologique et structuré, est celui du régime républicain. Il impose un système de représentation avilissant une « classe d’hommes » à seule fin d’expliquer ses échecs et de garantir le bien fondé de sa mythologie universaliste.  C’est ce racisme construit, institutionnel, légal, dont les justifications sont puisées dans une historiographie falsifiée et une actualité déformée, qui  manipule les consciences (et leur fait parfois commettre l’inacceptable). Plus la société artificielle engendrée par la République se fractionne, plus l’argument raciste est développé, plus les problèmes sont racialisés, plus les Autochtones sont stigmatisés : l’antijaphétisme est aujourd’hui la condition de la survie du régime. Il a pris la place de l’antisémitisme : il a la même fonction politique, il aura les mêmes conséquences sociales et historiques.

Le discours antiraciste des républicains n’est donc pas légitime : il participe de l’antjaphétisme, c’est-à-dire d’une forme de racisme très proche de l’antisémitisme par son caractère structuré et systématique. Ce type de discours ne vise en fait qu’à faire durer le régime en place. Pour échapper au racisme, l’antiracisme militant ne peut se fonder que sur une dénonciation de la République.

Antonin Campana

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