Ce qu’il y a de bien avec l’oligarchie, c’est qu’avec ses gros sabots on l’entend arriver de loin.
Il suffit de regarder les bons et les mauvais points qu’elle distribue par médias interposés, de s’intéresser à la narrative qu’elle développe à travers ses relais journalistiques, de décoder le système de représentation qu’elle impose dans les esprits par les mêmes canaux pour entrapercevoir ses volontés cachées.
Tout cela nous apprend, par exemple, qu’il n’est pas impossible que Christine Lagarde ait déjà été choisie pour présider le régime politique républicain. Les jeux ne sont pas faits, bien sûr, puisque l’oligarchie a toujours eu l’intelligence de laisser au petit peuple un choix relatif entre plusieurs de ses poulains (généralement deux). Mais pourquoi plutôt Christine Lagarde que Sarkozy, Hollande ou Jupé, des vassaux serviles qui n’ont pas démérités auprès de l’oligarchie ? Parce que l’âne a déjà trop marché derrière ces carottes rances. Comparée à eux, Christine Lagarde est resplendissante de fraîcheur, n’a presque pas servi, peut encore faire rêver des Français bêtes à manger du foin. « Faire rêver », c’est d’ailleurs un titre de Paris Match : « Christine Lagarde, la Présidente rêvée des Français ». Lagarde, future Présidente ? : tous les journaux en parlent depuis plusieurs semaines, de la Tribune au Figaro en passant par Le Point ou l’Express. On ne compte plus les articles élogieux. Et ça marche ! Il y a quelques jours, un sondage Harris nous apprenait ainsi que 50% des Français considérait que la directrice du FMI ferait un « bon président de la République » (24 % pour Marine Le Pen !) et même que, pour 16% d’entre eux (des connaisseurs), elle ferait un « très bon » président.
Lagarde chouchou de l’oligarchie ? Il faut dire qu’elle a fait ses preuves : dès 1995, elle fait partie du Center for Strategic and International Studies (CSIS) basé à Washington DC (où elle aura un rôle important, présidant, et coprésidant avec Zbigniew Brzezinski -le véritable patron de l’officine- au moins deux commissions). Le CSIS est un laboratoire d’influence très belliciste au service des Etats-Unis. Cette officine très écoutée travaille à défendre les intérêts économiques, pétroliers et stratégiques Etats-uniens (au besoin contre l’Europe et la France) mais aussi à l’extension de l’OTAN aux portes de la Russie ou au partenariat transatlantique (et transpacifique)... En 2012, le CSIS n’a pas hésité à remettre au Pentagone un rapport proposant une escalade militaire contre la Chine. Ces derniers mois son lobbying s’exerce en faveur des armes nucléaires « utilisables ». En résumé, le CSIS ne défend pas, on l’aura compris, les intérêts de notre pays. Que deux présidents de la République « française » (Chirac et Sarkozy) aient fait d’une militante des intérêts américains une ministre de la République en dit long sur la probité des gens qui nous gouvernent.
Il faut noter encore que madame Lagarde participe activement au groupe de Bilderberg depuis au moins 2011 et que, ceci expliquant peut-être cela, cette avocate d’affaire ayant raté l’ENA est devenue directrice du FMI, instance oligarchique s’il en est (une avocate d’affaire pour diriger le FMI !!). A son actif nous pouvons ajouter que madame Lagarde a reçu du très oligarchique Canadian International Council le titre envié de « Mondialiste de l’année 2012 » (Globalist of the Year ). Elle succédait ainsi à Georges Soros et Pascal Lamy, deux amis des peuples. En France, madame Lagarde a reçu le « prix de la Carpette anglaise 2007 » pour avoir communiqué en langue anglaise avec ses services. Bref, au regard de tout cela, on comprend mieux que les Français soient 50 % à considérer qu’elle ferait une « bonne présidente » de la République, et même une « très bonne » pour 16% d’entre eux : les médias font toujours la promotion des envoyés de l’oligarchie.
Il y a cependant une légère ombre au tableau, mais si peu pour ces gens d’influence : l’affaire de l’arbitrage Tapie-Crédit lyonnais. On se souvient qu’en 2008, 3 « juges arbitres » octroient à Bernard Tapie une indemnisation de l’Etat de 403 millions d’Euros, dont 45 millions pour « préjudice moral ! ». Lagarde, ministre de l’Economie, valide sans faire appel ! (à titre de comparaison : Patrick Dills, acquitté après 14 ans de prison dans des conditions effroyables, a reçu 700 000 Euros d’indemnisation pour lui, ses proches et ses frais d’avocat !). En 2011 une enquête est diligentée sur Christine Lagarde pour complicité de faux et détournement de biens publics. En 2013, cependant, elle est placée sous le statut de « témoins assisté » et en 2014, la Bilderberg est mise en examen pour… « négligence » seulement ! Aux dernières nouvelles on s’acheminerait vers un non-lieu, qui sera prononcé n’en doutons pas. Une conclusion s’impose donc : le Système fait une nouvelle virginité à Christine Lagarde. Pourquoi selon vous ?
C’est donc une blanche colombe sans gamelles, sans bilan, sans passif, qui se présentera aux présidentielles de 2017. Ni Marine le Pen ni personne n’aura de prise sur une Lagarde de renommée mondiale : que pourrait-on lui reprocher ? Bilderberg ? La défense des intérêts américains ? La soumission à l’oligarchie ? Les Français n’y comprendraient rien ! Lagarde sera la vierge immaculée des prochaines élections, plus pure que Marine, et elle sera élue. C’est ainsi, probablement, mais consolons-nous : elle ne présidera que le régime en place, ne sera qu’une sorte de procurateur de l’Empire. Rien à voir avec le peuple autochtone en dormition qui confusément rêve au retour de son Roi… ou de sa Reine.
Antonin Campana