Pas une journée ne passe sans que les médias, presse et télévision, suggèrent avec plus ou moins d’insistance que le « cash » ne possède plus son utilité, que ce mode de paiement archaïque est appelé à être remplacé par les nouvelles technologies, voire qu’il serait un handicap pour l’économie. Le Financial Times, fin août, affirmait que l’argent liquide est une « relique barbare » qui limite la capacité des banques à relancer l’économie, qui finance le terrorisme, l’évasion fiscale, le travail au noir, l’économie informelle… en qu’en conséquence il fallait le rendre illégal. Ce discours rôdé, est asséné avec une belle unanimité par l’ensemble des médias depuis plusieurs mois, si bien que le site de BFMTV, reprenant le titre d’un quotidien économique allemand, pouvait affirmer en mai dernier que « la guerre contre le cash est déclarée ».
Parallèlement à cette offensive médiatique contre la « relique barbare », nous observons que les distributeurs automatiques de billets sont aujourd’hui sur la sellette. Ceux-ci sont souvent en panne ou hors service en raison d’un manque de liquidité (notre expérience personnelle nous le montre, une petite recherche sur internet nous le confirme). Divers articles de journaux nous apprennent que les banques commencent à supprimer leurs distributeurs, parce que le « besoin de cash diminue », parce que les « retraits de billets dans les automates ne progressent plus » (le Crédit Agricole aurait observé une baisse de 0.2% (sic) du nombre de retrait en 2014 ! 0.2 % ! Quelle chute avec des DAB la moitié du temps en panne !), parce que le paiement « sans-contact » s’impose et que les DAB, au final, ne sont plus « rentables ».
A cette offensive médiatique et bancaire contre l’argent liquide, se greffe aussi une offensive politique. Comment pourrait-il en être autrement puisque l’oligarchie qui possède la finance, la banque, les médias… mandate aussi les « élus » qui nous gouvernent ? En 2010, le pouvoir républicain a interdit les paiements en espèces supérieurs à 3000€. Ce n’était qu’un début. Le principe de la limitation de l’usage de l’argent liquide étant acquis, ce qui est un déni de droit, il suffit ensuite de descendre progressivement le curseur. Depuis le 01 septembre, les paiements en argent liquide sont illégaux au-dessus de 1000€ ! En Europe, 21 pays luttant soi-disant contre le terrorisme, la fraude et le blanchiment mafieux de l’argent sale, ont limité les paiements en liquide. En Grèce, où les paiements liquide sont limités à 500€, la Troïka voudrait qu’ils n’excèdent pas 70€ ! Pour « augmenter la productivité des entreprises » (sic !), le gouvernement danois propose même (mai 2015) de lever l’obligation d’accepter les paiements en espèces dans les commerces. Une loi dans ce sens devrait être applicable dès le 01 janvier 2016.
Se drapant dans des principes vertueux (lutter contre le financement du terrorisme : qui peut être contre ?), le Système restreint encore nos libertés et prépare un contrôle absolu de la population. Car lorsqu’il ne sera plus possible de payer en espèces, ce qui arrivera dans les dix ans, nous serons sous le plein pouvoir des banques. Ce sont les banques contrôlées par l’oligarchie qui tiendront les cordons de notre bourse, qui auront, plus encore qu’aujourd’hui, la disposition de tout notre argent, fruit de notre travail, nous le dispensant à leur gré, ou pas, comme à des mineurs sous tutelle. Le moindre achat laissera une trace, sera recoupé avec d’autres, alimentera notre profil. L’oligarchie pourra nous obliger à dépenser, il suffira de faire baisser les taux, voire même de les rendre négatif (comme l’envisage d’ailleurs Yanet Yellen, directrice de la FED). Les Autorités pourront même nous interdire certains achats, en bloquant simplement les paiements vers certains comptes. Plus besoin d’interdire les spectacles de Dieudonné, terminés les dons à Fdesouche, adieu la rentabilité des sites qui hébergent des blogs politiquement incorrects. Impossible de soutenir certaines causes ou de lire certains ouvrages sulfureux sans obligatoirement se signaler : dans les faits il faudra une permission du Système pour acheter et nous pourrons acheter seulement ce que le Système tolère. En Union Soviétique, les ouvrages dissidents se vendaient sous le manteau en toute confidentialité… et en liquide. En France, dans « notre » démocratie républicaine, les échanges « confidentiels » ne seront plus possibles, ou s’ils le sont encore, si le système bancaire valide les transactions, celles-ci vous dénonceront aussi sûrement qu’une fiche de police. Le meilleur des mondes, non ?
Mais il y a pire, si pire il peut y avoir. La dette mondiale s’élève à 200 000 milliards de Dollars, 286% du PIB mondial. Elle ne sera jamais remboursée : le pic pétrolier et la fin de la croissance nous le disent avec certitude. L’oligarchie y laissera-t-elle des plumes ? Sans doute que non car ce sont les « sans dents » qui paieront l’addition. Comment ? Mais c’est très simple. Le FMI propose ainsi une super taxe sur l’épargne privée (sur nous) qui réglerait une fois pour toutes le problème de la dette. Il va de soi que dès l’annonce de ce vol organisé, les gens iront retirer leur argent des banques, ce qui précipitera l’effondrement financier. A moins que… A moins qu’ils ne puissent le faire… Pour cela il suffit de rendre illégal la « relique barbare » et d’enfermer tout l’argent du peuple dans une prison électronique !
En conclusion, la disparition de l’argent liquide est probablement programmée par le Système. Si celui-ci parvient à l’imposer, alors nous serons pleinement sous tutelle oligarchique. Il ne restera que le troc pour échapper à son contrôle : mais celui-ci sera-t-il encore permis ? Rien n’est moins sûr.
Antonin Campana