Par ce titre qui peut paraître polémique nous ne faisons pas allusion aux origines espagnoles du premier ministre. Ceux qui nous lisent régulièrement doivent savoir maintenant que nous ne définissons pas l’appartenance à la manière républicaine mais à la manière « juive ». Autrement dit, pour nous, l’appartenance véritable à un peuple n’est pas affaire de fonctionnaires mais de « prêtres » garants de l’identité.
Pour le judaïsme, le « peuple juif» est le produit d’une lignée (celle des « fils d’Israël »), d’une religion (le judaïsme) et d’une identité (la judaïté). On appartient au peuple juif par filiation charnelle ou par conversion spirituelle, c’est-à-dire par l’adhésion totale et intime, vérifiée par les prêtres, à cette lignée, à cette religion et à cette identité. Une procédure administrative de « naturalisation » peut faire un « Israélien » mais pas un Juif. Ce qui est de bon sens pour le peuple juif (qui apparaît véritablement, au regard de sa persistance dans l’Histoire, comme un « peuple modèle »), l’est également pour tous les peuples, y compris donc le peuple français.
De cela, il découle qu’il est impossible de devenir « Français », au sens où s’entend le mot « Juif », si l’on ne fait pas totalement siennes la lignée européenne, l’identité européenne dans sa déclinaison française, ainsi que la religion chrétienne qui structure cette identité. C’est cette adhésion intime et totale, et non des papiers tamponnés par des fonctionnaires, simples agents de bureau d’une sorte de club ouvert à tous, qui détermine l’appartenance véritable, la seule qui compte au regard de l’Histoire.
Alors : Valls, est-il Français ?
A l’évidence non, et pour une raison bien simple : Valls est républicain !
Le républicain a répudié le singulier qui circonscrit l’appartenance pour l’universel qui ignore celle-ci.
En bonne logique, le républicain cohérent ne se réfère pas à une lignée européenne, ni à aucune autre lignée d’ailleurs. Il ne voit pas des Français de souche, des Juifs de souche, des Maghrébins de souche… : il ne voit que des citoyens égaux et, derrière le citoyen calibré, ne reconnaît que l’Homme. L’humanité est la seule lignée du républicain. Il ne discrimine pas dans celle-ci, ne privilégie aucun de ses rameaux et affirme même que ces rameaux n’existent pas. Il court-circuite ses propres racines pour atteindre le fondamental et le commun : l’Homme qui est en chaque homme. Le républicain aspire au métissage car le métissage détruit les lignées au profit exclusif de celle qu’il a fait sienne : la lignée universelle.
Cette obsession de l’universel donne au républicain une religion sans Dieu. Paraphrasant Paul (épître aux Galates 3,28) le républicain dit « il n’y a plus ni Juifs, ni Français, ni Arabes, ni Africains, ni hommes, ni femmes… mais un seul corps en la République ». Le républicain fonde une nouvelle Eglise universelle et une nouvelle foi. Il croit vraiment que la République peut faire vivre ensemble des hommes des toutes les origines, il croit vraiment que la République libère de la tyrannie, il croit vraiment que la République est synonyme de justice, d’égalité, de démocratie, de fraternité et de paix, il croit vraiment, et plus que tout, que la République universelle installera une sorte de paradis sur terre. Aussi le sectaire républicain, comme tous les sectaires ayant accédés au Pouvoir, refuse-t-il qu’une autre religion que la sienne occupe l’espace public : il appelle cela la « laïcité ».
Le républicain cohérent a donc une lignée particulière (celle de l’Homme. C’est pourquoi tous les hommes sont ses frères : la « fraternité » républicaine est universelle), une religion particulière (une mièvrerie souvent dénommée « religion des droits de l’Homme »). Il a aussi une identité qui le distingue entre tous : « L’identité républicaine ». Cette identité permet au républicain de s’émanciper du singulier, du particulier, du spécifique, de voir plus grand pour accéder à l’universel. L’identité du républicain se structure autour des « valeurs » et des « principes » de la République, notamment la religion des droits de l’Homme. Il est dans l’identité du républicain de privilégier le « vivre ensemble », l’ouverture à « l’autre », la justice sociale, la préservation d’un espace commun de débat, la liberté d’expression bien sûr… L’identité du républicain est « acquise à tout ce qui rassemble, hostile à tout ce qui divise ». Elle s’incarne dans un humanisme destructeur de la diversité humaine… au nom de la « diversité ».
En choisissant l’universel plutôt que le spécifique, l’Homme plutôt que la lignée, une foi artificielle plutôt qu’une religion millénaire, une identité bricolée plutôt qu’une culture enracinée, le républicain renie son peuple et s’en extrait volontairement au nom d’une idéologie qui prétend s’adresser à tous les hommes. Il devient « citoyen du monde », rejoint une sorte de peuple universel apatride, sans véritable enracinement, un peuple hors sol, supranational, international, antinational. Le républicain « conscient », parce qu’il a choisi l’universel plutôt que le particulier, ne peut donc se vouloir « Français ».
Ainsi, Valls n’est pas « Français », non plus que Sarkozy… ou même peut-être Marine Le Pen. Un républicain ne peut, en tant que tel, revendiquer sans se contredire une appartenance (autre que de papier) à un peuple particulier. Son identité républicaine le définit en lien avec l’universel et non avec le spécifique. Un identitaire ne peut être républicain et un républicain ne peut être identitaire. Un Manuel Valls qui souligne le caractère antirépublicain des mouvements identitaires a raison. Inversement, ces mouvements sont fondés à contester la légitimité des politiciens républicains à parler au nom de la France.
Ni Valls, ni Sarkozy, et pour cause, ne défendront les valeurs spécifiques de la France et de l’Europe face aux valeurs universelles qui prétendent régenter nos sociétés. Ni Valls, ni Sarkozy ne donneront à notre lignée ancestrale la prééminence de droit qui lui revient sur la terre de nos pères. Ni Valls, ni Sarkozy ne proposeront le reflux de la « laïcité » au profit de nos traditions séculaires. En cela, ils sont fidèles à leurs principes et à leur appartenance à la République… et pas à la France.
Antonin Campana