Le mythe du petit Blanc fourbe
Tout Blanc est l’héritier d’une lignée haïssable qui a commis des crimes racistes abominables (voir le mythe du vilain petit canard). Il est admis par ailleurs que de nos jours encore, si l’on y prend garde, le Blanc fait preuve de comportements racistes et discriminants ainsi que d’une solide inimitié envers les autres. Tout cela confirme que le « ventre est encore fécond », bref que notre racisme est congénital, si ce n’est inscrit dans nos gênes.
Un soupçon légitime accable donc celui dont la peau est trop pâle : ne fait-il pas preuve de xénophobie ? Que sous entend-il ? N’y aurait-il pas quelques « relents » ? Aurait-il une arrière-pensée nauséabonde qu’il n’oserait exprimer ouvertement ? N’y aurait-il pas une motivation inavouable qui explique ses actes ou ses propos ? Bref : ne serait-il pas raciste comme l’étaient ses ancêtres, ne manifesterait-il pas ainsi sa tare originelle ? L’idée selon laquelle le petit Blanc dissimulerait par fourberie un racisme instinctif, latent, refoulé, nié mais néanmoins agissant, alimente la suspicion qui pèse sur le Blanc (et uniquement le Blanc) et explique d’une part sa mise sous tutelle par les ligues « antiracistes » ainsi que d’autre part, un ensemble de « règles » non écrites qu’il est nécessaire pour un Blanc de connaître parfaitement :
Règle numéro 1 : un Blanc ne peut émettre un avis défavorable sur les non Blancs sans être suspecté de racisme. Il ne pourra parler des autres que positivement, mais les autres pourront parler de lui négativement (déni de réciprocité).
Règle numéro 2 : un Blanc qui refuse d’accéder à la requête d’un représentant d’un autre groupe ethnique s’expose à être accusé de racisme (c’est le chantage racial (1) : « c’est parce que je suis Noir que tu…. »). Le petit patron qui décline une offre d’emploi, le propriétaire qui refuse un logement, l’établissement qui refuse son entrée, une dame qui repousse des avances… s’exposent au chantage racial. La discrimination « positive » ou le projet de CV anonyme montrent que l’Etat a déjà cédé au chantage racial. Le Blanc, de son côté, peut de moins en moins occuper des fonctions trop exposées au chantage racial : vigile dans les grands magasins, policier dans les zones sensibles, « videur », contrôleur sur certaines lignes SNCF, chauffeur de bus sur certains parcours, éducateur...
Règle numéro 3 : dès lors que ses rapports avec le non Blanc risquent d’être potentiellement conflictuels, le Blanc doit toujours argumenter pour justifier rationnellement ses points de vue ou ses choix, l’objectif étant de repousser préventivement la terrible accusation. Dès son plus jeune âge, le Blanc sait instinctivement qu’il doit agir et parler avec précaution sans s’attendre à la réciproque et, dans tous les cas, ne jamais s’écarter d’un discours politiquement correct bien appris.
Règle numéro 4 : pour se laver définitivement du terrible soupçon le Blanc renié peut toujours se distinguer en accablant avec virulence les autres Blancs (ethnomasochisme). Cette pratique aide particulièrement dans les carrières médiatiques, politiques ou universitaires.
En résumé, le Blanc, toujours soupçonné de fourberie raciste, jamais innocenté, doit souvent s’incliner, se taire ou se justifier. S’il n’est pas fautif, il le deviendra. Si ce n’est lui, c’est donc son frère, ou alors son père. Comme l’agneau dans la fable, la raison du plus fort voudrait qu’il se laisse manger, ou se fasse tondre. Le racisme accable le Blanc et l’enferme moralement dans une sorte de sous-humanité barbare.
Qu’attend-il pour en sortir ?
Antonin Campana
(1) Voir l’ouvrage de Bruno GHEERBRANT : Le racisme antiblanc , 2000 (téléchargeable sur Internet ?)